Chercheuse au CNRS, spécialiste de l'histoire religieuse de la France moderne, Catherine Maire avait publié en 1998 un ouvrage fondamental sur le jansénisme (De la cause de Dieu à la cause de la Nation, Gallimard). Elle a depuis élargi sa recherche dans un nouveau livre qui fait l'objet de cette rencontre sur la politique et la religion dans la France des Lumières.
À travers les grandes querelles sur le jansénisme, sur les biens ecclésiastiques, sur le statut des protestants et sur le rôle des jésuites, comment les relations entre l'Eglise et l'Etat se sont-elles nouées à la fin du "siècle de Louis XIV" et pendant le règne de Louis XV ? La politique religieuse de la monarchie, prise dans les tensions internes au gallicanisme, permet de saisir la genèse de la pensée des Lumières dans sa très riche complexité.
Hiver 1711-1712. Le monastère de Port-Royal doit être rasé, détruit jusqu'aux fondations. Trois mille corps qui y étaient ensevelis sont exhumés, jetés pêle-mêle dans des chariots, conduits dans des fosses communes. De l'abbaye qui avait irradié la vie spirituelle, intellectuelle et artistique du pays, le Roi-Soleil voulait qu'il ne demeurât rien.
C'est un siècle plus tôt que ce couvent sans éclat de la vallée de Chevreuse avait entrepris, sous la conduite de la mère Angélique Arnauld, de se réformer, devenant un flambeau de la France chrétienne. Marqué par l'influence de l'abbé de Saint-Cyran, pétri d'augustinisme, Port-Royal posa les droits inaliénables de la conscience face à toute autorité, au nom de la grandeur imprescriptible d'une créature déchue, mais conçue à l'image de Dieu. Il contrariait le règne de la vanité, le primat de la raison d'État et les fondements de l'absolutisme.
L'abbaye martyre a survécu par l'esprit. Religieuses, grandes dames, solitaires, écrivains liés au monastère comme Pascal ou Racine nous ont légué un ensemble d'oeuvres où resplendit l'alliance de l'intelligence et du coeur.
Une histoire tragique qui dévoile la face cachée du Grand Siècle.
Emission "Le monde de la philosophie".
L'historien nous conte d'abord l'enfance de Blaise Pascal: élève brillant et précoce, il est l'auteur à seize ans d'un Essai sur les coniques qui le fait remarquer. On remarque aussi l'influence janséniste qui marque le jeune homme.
L'on est ensuite amené à faire la part entre le génie de l'écrivain et les intuitions de l'homme de science qui sera notamment à la base du calcul des probabilités.
C'est surtout l'engagement de Blaise Pascal aux côtés des jansénistes qu'éclaire Henri Guillemin dans la fin de son exposé.