Les métamorphoses du politique en Occident : le temps de "l'État-entreprise". Avec Pierre Musso pour l'Institut d'Etudes Avancées de Nantes.


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24.03.2022

L'Occident (euro-américain) a construit dans sa modernité une "religion industrielle" (Pierre Legendre) accompagnée d'une dogmatique faite de textes, d'images et d'emblèmes célébrant l'efficacité, la technoscience-économie et ses "progrès". Cette religion de l'Occident a une prétention universelle. Sa dogmatique managériale est portée par les entreprises et les institutions internationales, mais aussi par des courants de pensée. Son corpus de textes est constitué des bréviaires et doctrines qui théâtralisent l'efficacité et la performance. Il prétend définir des comportements, des règles du croire et du vivre et contribue au dressage des corps et des esprits.
La généalogie du politique que Pierre Musso élabore ne se limite pas aux textes classiques, mais en fait une archéologie mettant à jour les rôles antipolitiques des figures pionnières de l'État-Entreprise que sont Berlusconi, Trump et Macron.
Un travail qui met en perspective, sur la longue durée, la mutation profonde du politique en Occident et donne à voir ce qui se joue à l'arrière-plan, entre l'État (institution de la religion du politique) et l'Entreprise (institution de la religion industrielle) : un lent processus de neutralisation de l'État qui s'accélère depuis la fin du XXe siècle et semble tendre à son démantèlement, au profit de l'Entreprise… À tout le moins assistons-nous à un transfert d'hégémonie.
Le temps de l'État-Entreprise advient, temps de la mutation du pouvoir et du rapport de force entre les deux institutions désormais hybridées.

Le temps de l'Etat-Entreprise (Berlusconi, Trump, Macron). Avec Pierre Musso à la Librairie Ombres Blanches.


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06.11.2019

Personnages ayant surgi comme par effraction à la présidence de leur pays, perçus comme des "politiques" improbables, Berlusconi, Trump et Macron ont été bien rapidement étiquetés "populistes", "élitistes", "néo-libéraux". Si ces trois figures, pourtant en phase avec l'époque, restent incompréhensibles, c’est qu'ils méritent que l'on formule d'autres hypothèses d'interprétation du phénomène qu'ils représentent.
Berlusconi, Trump et Macron, antipolitiques en politique, sont des figures pionnières de l'État-Entreprise. Cette institution double se manifeste et apparaît aujourd'hui, tandis que l'État est plus affaibli que jamais, et à sa suite la politique et le système de la représentation. L'Entreprise, en premier lieu la grande Entreprise (big corporation), triomphe. Elle est à l’apogée de sa puissance.
Le travail de Pierre Musso met en perspective, sur la longue durée, la mutation profonde du politique en Occident et donne à voir ce qui se joue à l'arrière-plan, entre l'État (institution de la religion du politique) et l'Entreprise (institution de la religion industrielle) : un lent processus de neutralisation de l'État qui s'accélère depuis la fin du XXe siècle et semble tendre à son démantèlement, au profit de l'Entreprise… À tout le moins assistons-nous à un transfert d'hégémonie.
Le temps de l'État-Entreprise advient, temps de la mutation du pouvoir et du rapport de force entre les deux institutions désormais hybridées.

L'Etat-Entreprise. Avec Pierre Musso à l'Institut d'Etudes Avancées de Nantes.


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19.09.2019

La forme contemporaine de l'Etat en Occident tend à s'hybrider avec l'Entreprise par un transfert d'hégémonie culturelle et politique entre ces deux institutions : l'Etat en crise et la très grande Entreprise en expansion. Ce transfert prend deux formes principales : l'intégration de la finalité managériale de l'efficacité - expression de "l'amour de l'entreprise" (relais de "l'amour de la patrie" analysée par E. Kantorowicz) -  et des normes managériales au nom de l'action efficace.
L'Etat-Entreprise, figure inversée et désymbolisée de l'Etat-Eglise du Moyen-Age,  est l'aboutissement de la "phobie d'Etat" (M. Foucault) inaugurée par les libéraux au milieu du XVIIIe siècle, contre l'Etat souverain et absolutiste, poursuivie et amplifiée par les industrialistes et les socialistes au siècle suivant, et qui atteint son apogée au XXe siècle après la seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin.

L'industrialisation est d'abord une révolution mentale. Avec Pierre Musso sur France Culture.


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01.06.2018

Qu'est ce qui constitue la matière première de l'innovation et de la création technologique ? A cette question, Pierre Musso répond sans hésiter : l'imaginaire. Celui de l'homme occidental est bâtie sur le mythe prométhéen de domination de la nature. Mais il a fallu pour l'épanouir rompre avec la vision contemplative de la nature développée par l'Antiquité.
L'imaginaire de l'industrialisation sur lequel nous vivons encore aujourd'hui s'est alors peu à peu imposé comme une nouvelle religion. Et comme toute religion, l'industrie a ses cérémonies, ses expositions, ses rassemblements. Mais à la différence des religions monothéistes centrées sur la figure du père, l'industrie est centrée sur une figure maternelle. Ou plutôt une double figure : d'un côté une mère généreuse qui prodigue ses largesses aux humains, de l'autre une marâtre cruelle qui malmène ses enfants.

Émission "Matières à penser", animée par Serge Tisseron.

L'hégémonie de l'Entreprise, de l'industrialisme aux GAFAM. Avec Pierre Musso pour les Amis de la Liberté à Nice.


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16.05.2019

La grande entreprise est devenue avec l'industrialisation une puissance économique et technique, mais aussi une institution politique et culturelle. Cela résulte d'une longue histoire en Occident au cours de laquelle l'Etat a combattu contre le pouvoir théologique pour la sécularisation, alors qu'en coulisses, l'Entreprise a formé une hégémonie culturelle (au sens gramscien), une véritable "religion industrielle".
Cette religion s'impose sous la forme d'utopies technologiques censées révolutionner le monde (slogan de Google) et d'industries de l'imaginaire : hier, l'audiovisuel et le cinéma dont Hollywood est le temple et aujourd’hui, la Silicon Valley et les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). La très grande entreprise tend même à contester le rôle des Etats, ou à s'hybrider avec eux, dans une nouvelle institution, "l'Etat-Entreprise".
C'est Pierre Musso, philosophe et professeur des Universités, qui aborde ces thématiques dans une conférence reprenant les thèses de ses deux derniers ouvrages La religion industrielle : monastère, manufacture, usine. Une généalogie de l'entreprise (Fayard, 2017) et L'ère de l'Etat-Entreprise. Berlusconi, Trump, Macron (Fayard, 2019).

Vous avez dit : saint-simonisme ? Avec Pierre Musso sur France Inter.


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26.03.2018

En 1825, un homme meurt à Paris. Il avait été comte de Saint-Simon et avait congédié ses titres ; la richesse l'avait quitté, seuls quelques amis l'avaient accompagné dans ses dernières années. Mais il laissait une œuvre scientifique et politique d'une dimension inouïe, semée d'intuitions de génie.
Peu après, en tirant parti du microclimat de liberté né de la révolution de 1830, ses disciples, les saint-simoniens, vont labourer le chaos de ses livres, créer une école de pensée et même une église et faire se lever d'imprévisibles moissons.
Si à nos yeux, il y a une idée-force qui émerge de leur groupe, passablement disparate, c'est la conviction que le monde nouveau sera traversé par la circulation. Les solides compteront moins que les fluides. Le monde sera maillé de réseaux, matériels et immatériels. Michel Chevalier, penseur de premier plan de l'école saint-simonienne, a ainsi conçu dès 1832 un "Système de la Méditerranée" : "Mare nostrum", bordée de golfes féconds est appelée au laboratoire de l'association Orient-Occident. Dès 1834, le Père Enfantin, qui, dans l'église saint-simonienne, fait figure de messie, s'installe pour sa part en Egypte : le projet de canal de Suez lui doit beaucoup.
En matière politique, les saint-simoniens ne croient plus aux pyramides hiérarchiques anciennes. La politique aura dorénavant pour fonction de rendre possibles tous les genres de production car c'est autour de la production que la société se restructurera.
On voit combien ce langage de la circulation et de la production est actuel. Le saint-simonisme, souvent rangé au magasin des bizarreries utopiques attendait à bas bruit le moment "disruptif" où nous sommes pour être enfin réinterprété.
On a entendu récemment Gérard Collomb dire qu'à Lyon, il n'a pas été socialiste mais saint-simonien et Emmanuel Macron candidat à l'Elysée reconnaître une filiation. Mais quand Saint-Simon voulait faire basculer le pouvoir vers la classe industrielle, il plaçait au cœur de celle-ci les travailleurs qui, faisant tout, n'avaient pourtant rien et en venaient à penser que leur travail était inutile. Le saint-simonisme était bien davantage qu'un technocratisme à destination des entrepreneurs...

Émission "La Marche de l'histoire", animée par Jean Lebrun.

Les utopies du réseau. Avec Pierre Musso sur France Culture.


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03.12.2014

Est-ce que le couple utopie/réseau, dont l'exemple parfait serait l'Internet, nous décharge de l'utopie des transformations sociales ? Que s'opèrerait dans la fascination pour les nouvelles technologies de l’hyperconnexion ? Le transfert du socio-politique vers la technique, en postulant que l'utopie technique est bien plus réalisable, est-il acté ?
Le philosophe et professeur en sciences de l'information et de la communication Pierre Musso nous explique ce que la naissance d'Internet a voulu dire, retrospectivement, en termes d'imaginaires utopiques, jusqu'à l'idéologie triomphante du réseau aujourd'hui.

Émission "Les Nouvelles vagues", animée par Marie Richeux.

La religion industrielle : de la matrice monacale à l'empire du management. Avec Pierre Musso à la Bourse du Travail de Paris.


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27.01.2018

Faire de l’entreprise le cœur des sociétés : ce projet, claironné par M. Emmanuel Macron, est d’ordinaire identifié au néolibéralisme contemporain. Il marque en réalité l’aboutissement d’une longue histoire. Celle de la rationalisation du travail et du temps, qui commence dans les monastères au XIIIe siècle. Celle aussi de l’édification d’une croyance commune dans le salut par le progrès industriel.
Et c'est ce que nous raconte Pierre Musso, professeur à l'Université de Rennes et auteur du récent La Religion industrielle.

Une conférence prononcée dans le cadre de la journée "Tout le monde déteste le Travail".