Françoise Dolto, psychanalyste, et Philippe Ariès, historien des mentalités, s'entretiennent de l'évolution de l'éducation et de la famille, des conséquences sur le développement de l'enfant et de sa sexualité, depuis les sociétés pré-industrielles jusqu'à nos jours.
Un échange qui permet de mesurer les permanences et ruptures de ces questions essentielles pour comprendre le fonctionnement de notre société.
Historien d'avant-garde, longtemps solitaire, brusquement célèbre, Philippe Ariès (1914-1984) a pressé notre passé de quelques questions aussi nouvelles que fondamentales : quelles étaient les attitudes de nos ancêtres devant la naissance, l'enfance, la famille, la sexualité, la mort ?
Avec lui, la vieille histoire historisante, la chronique des grands, les événements politiques, les guerres entre les peuples ont pris figure d'anecdotes : le tuf de notre passé est ailleurs, en deçà de nos consciences et au-delà de nos manuels.
Personnalité peu commune en qui de nombreuses contradictions coexistaient joyeusement, Philippe Ariès se riait des étiquettes sous lesquelles on voulait consigner les individus et contenir les passions. S'il aimait une chose entre toutes, c'était la liberté de l'esprit, comme en témoignent les différents intervenants qui l'ont bien connu de son vivant.
Émission "Nuits magnétiques", animée par Roger Chartier.
Spécialiste de l'histoire des mentalités, originaire d'un milieu maurrassien, Philippe Ariès -qui se qualifiait lui-même d'historien du dimanche- s'impose désormais dans le milieu universitaire comme une référence pour ses travaux sur la mort et l'enfance.
Guillaume Gros, spécialiste de son oeuvre, a récemment sélectionné une série de ses principaux articles parue aux Editions du Cerf. Cette édition inédite se divise en deux parties. La première, "Rajeunir l'histoire", rassemble des textes de Philippe Ariès à propos des civilisations, où il évoque les religions depuis l'Antiquité jusqu'à la Révolution, la Méditerranée, Byzance, l'Afrique du Nord, l'histoire des Parisiens au XIXe siècle ou encore le syndicalisme français. L'occasion pour l'historien de dessiner des portraits savoureux de Charlemagne, Charles Quint, Machiavel, Louis XIII et même Marc Bloch. La seconde partie, "Cheminements", permet de comprendre les origines de ses théories en redécouvrant trois thèmes essentiels de ses travaux : l'égo-histoire, où il revient sur sa vocation, la place de l'enfant dans la famille, et enfin le rapport de nos sociétés à la mort.
L'occasion de revenir, en la compagnie de Guillaume Gros, sur la vie et l'oeuvre de cet historien original qui aura marqué son époque.
Émission "Pourquoi tant d'Histoire" animée par Christophe Dickès.
Comme nul n'est prophète en son pays, la parution en 1960 de l'ouvrage de Philippe Ariès, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime passa presque inaperçu. Il fallut sa traduction anglaise et son succès aux États-Unis pour que son auteur trouve dans l'espace francophone une reconnaissance et une notoriété soudaine.
S'il a suscité nombres de critiques, ce livre, novateur par son sujet et l'approche qu'il en avait, demeure un ouvrage de référence qui a influencé plusieurs générations de chercheurs.
Il revient ici sur l'évolution, au fil des siècles, de la cellule de base de la société qu'est la famille.
Émission "Les chemins de la connaissance", animée par Gilles Lapouge.