Sommes-nous déjà des transhumains ? Avec Pascal Nouvel à l'Université de Tours.


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17.11.2017

Le transhumanisme se présente comme une entreprise de dépassement des normes humaines. Il spécule sur le fait que l'homme pourrait, dans un avenir proche, devenir très différent de ce qu'il est actuellement : durée de vie sensiblement augmentée (voire, selon certains, suppression de la mort), augmentation de toutes les "performances" caractéristiques des humains actuels (endurance, mémoire, capacité de calcul, capacité d'intégration de données, etc.).
Ce faisant, le transhumanisme suscite déjà un certain nombre de projets politiques qui ont souvent un caractère libéral prononcé : si, en effet, l'homme de demain n'est plus tributaire des limites biologiques que semblait lui assigner sa nature biologique, ne se délivrera-t-il pas, du même coup, des obligations de solidarité qui avaient caractérisé son ancienne (actuelle) condition ?
De plus, s'agit-il, avec ces récits qu'élaborent les philosophes dits transhumanistes (et dits philosophes), d'autre chose que d'une manifestation de la nature narrative de l'humain, avec cette seule différence que la recherche d'identité narrative est ici tournée vers le futur tandis qu'elle était auparavant tournée principalement vers le passé ?

Comment l'origine se raconte-t-elle ? Avec Pascal Nouvel sur France Culture.


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29.08.2020

La notion d'origine mêle des considérations temporelles à des ambitions explicatives, trimbalant son ambiguïté entre deux idées par ailleurs limpides : d'une part, celle de commencement, qui répond à la question "quand ?" ; d'autre part, celle de cause, qui répond à la question "pourquoi ?".
Prenons l'origine du monde, qui est sans doute -et de loin- la plus délicate à saisir de toutes les origines. Elle demeure assurément un mystère, une question sans réponse connaissable, car sans point d'ancrage ferme. Pourtant, dès qu'un discours prétend nous éclairer sur elle, nous tendons l'oreille, avides d'entendre l'écho du tout premier signal. Car nous autres, les humains, nous sommes des "animaux métaphysiques", comme disait Schopenhauer, les seuls qui s'interrogent sur l'être en tant qu'être, les seuls pour qui l'être fasse question.
D'ailleurs, aussi loin qu'on puisse remonter dans le passé, on constate que les interrogations sur l'origine ont préoccupé les êtres humains, aimanté leur esprit et leur âme. Toutes les sociétés, grandes ou petites, puissantes ou faibles, perdues sur un îlot rocheux ou dans un désert inhospitalier, ont proposé une "histoire du monde", "leur" histoire du monde et de son origine.
Les philosophes, les psychanalystes, les psychologues, les théologiens n'ont pas manqué de s'intéresser au pourquoi de ce questionnement : l'origine serait -au choix- une quête sans fin prévisible, le moteur même de notre questionnement, un manque qui nous habite, une carence qui nous définit, une illusion qui nous sauve, ou encore, plus prosaïquement, un faux problème qui nous turlupine bigrement.
Mais en amont de ces analyses, il reste un fait brut : la variété et la richesse des récits sur l'origine que les anthropologues ont rapportés des quatre coins de la planète sont impressionnantes. Dès lors, la question qui se pose est celle-ci : est-il possible de classer ces discours en un petit nombre de familles ? Si oui, combien ? Et lesquelles ?

Émission "La Conversation scientifique", animée par Etienne Klein.