Gouvernementalité algorithmique et image(s) de la pensée. Avec Antoinette Rouvroy pour PointCulture à Bruxelles.


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16.02.2016

La détection algorithmique des relations subtiles, évolutives en "temps réel" entre des données numériques disparates disponibles en quantité massive produit un tout nouveau type de modélisation, exploitable dans une multitude de domaines comme le marketing, la prévention des délits et des crimes, l'optimisation du déploiement des forces de l'ordre ou la détection anticipative des foyers épidémiques.
Ces nouvelles pratiques de détection, de classification et d'évaluation anticipative constituent de nouveaux modes de production du "savoir", de nouvelles modalités d'exercice du "pouvoir", et de nouveaux modes de "subjectivation", bref, une nouvelle gouvernementalité algorithmique, succédant, en quelque sorte, sans pour autant les remplacer complètement, aux régimes de pouvoir - souveraineté (droit de laisser vivre et de faire mourir), régime disciplinaire (réforme des psychismes individuels par intériorisation des normes, que les individus disciplines  "incarnent"  d'eux-même) et biopouvoir (droit de faire vivre ou de laisser mourir) - mis en lumière par Michel Foucault.

L'Aplatissement du monde : la crise de la culture et l'empire des normes. Avec Olivier Roy au Geneva Graduate Institute.


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18.11.2022

Identités contre universalisme, genre contre sexe, république contre communautarisme, racisme, féminisme, immigration… Le point commun de ces débats, qui polarisent la vie intellectuelle avec de fortes implications politiques, est de mettre en jeu la culture, dans tous les sens du terme. Mais la thèse de la "guerre culturelle" ou du conflit de valeurs ne résiste pas à l'examen. Ce qui est en crise, c’est la notion même de culture, désormais réduite à un système de codes explicites, décontextualisés et souvent mondialisés, qui envahissent les universités comme nos cuisines, les combats identitaires et les religions comme nos pratiques sexuelles, et jusqu'à nos émotions dûment répertoriées en émojis.
Il s'agit bien d'une déculturation mondiale. À partir des quatre grandes mutations contemporaines, se donnent à voir les mécanismes et les effets paradoxaux : où les dominants se vivent aussi menacés et souffrants que les dominés ; où le globish et le manga deviennent des simulacres qui annihilent la richesse de la langue anglaise ou de la culture japonaise ; où les "process" de communication fabriquent un "devenir autiste".
À contre-courant de la dénonciation antimoderne de l'individualisme, il faut s'inquiéter au contraire de la facilité avec laquelle nous acquiesçons à l'extension du domaine de la norme.

Il faut défendre la société. Avec Michel Foucault au Collège de France.


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1976

Durant ce séminaire prononcé entre la sortie de Surveiller et Punir et celle de La Volonté de savoir, Michel Foucault s'interroge sur la pertinence du modèle de la guerre pour analyser les relations de pouvoir, qu'il définit en deux formes : le pouvoir disciplinaire, qui s'applique sur le corps par le moyen des techniques de surveillance et des institutions punitives, et ce qu'il appellera désormais le "bio-pouvoir", qui s'exerce sur la population, la vie et les vivants.
Analysant les discours sur la guerre des races et les récits de conquête (notamment chez Boulainvilliers), Michel Foucault dresse la généalogie du bio-pouvoir et des racismes d'État. La logique des rapports entre pouvoir et résistance n'est pas celle du droit mais celle de la lutte : elle n'est pas de l'ordre de la loi mais de celui de la stratégie.
La question est dès lors de savoir s'il convient de renverser l'aphorisme de Clausewitz et de poser que la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens.

Le paradoxe de Kelsen. Avec Jean-François Kervegan à l'Université de Belgrade.


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2012

C'est au cours d'un exposé extrêmement dense que Jean-François Kervégan explore et critique les idées fondamentales de la "Théorie pure du droit" de Kelsen.
Il propose une approche insitutionnaliste du droit pour résoudre le paradoxe typique du positivisme juridique déterminé par la séparation abstraite entre Sein et Sollen, soit entre être et devoir-être.

 - 00'00 : La théorie pure du droit de Kelsen
 - 01'58 : La différence entre "Sein" et "Sollen" ne peut pas être expliquée. Conséquences sur la nature de la Science du droit
 - 05'30 : La théorie de la validité normative
 - 08'07 : Le paradoxe de Kelsen. Le rapport entre la validité normative et l'efficacité
 - 09'54 : Quelle "corrélation" entre validité et efficacité ? Ambiguité et revendication du Positivisme
 - 14'45 : La voie moyenne du positivisme de Kelsen
 - 14'58 : La généralité plus étendue de la validité par rapport à l'efficacité. L'exemple de l'automobiliste
 - 15'54 : Inclusion de l'efficacité dans la Grundnorm
 - 18'33 : Contre-factualité de la norme fondamentale au niveau épistémologique
 - 11'54 : La fonction stratégique de la Grundnorm (principe syntaxique de base)
 - 23'27 : Critique des deux arguments employés par Kelsen pour résoudre la circularité vicieuse entre validité et efficacité
 - 23'46 : Distinction des conditiones "sine qua non" et "per quam"
 - 25'33 : Il faut distinguer entre "norme originaire" et "norme fondamentale", c'est la deuxième qui donne lieu à la première
 - 29'24 : Retour sur les deux "positions extrêmes" : la position réaliste et la position idéaliste
 - 37'50 : Résumé de la critique
 - 38'53 : La troisième voie : une approche institutionnel du droit


Le numérique menace-t-il nos démocraties ? Avec Antoinette Rouvroy et Hugues Bersini pour PointCulture à Bruxelles.


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11.12.2019

La promesse qui accompagne les big data, c’est que la collecte massive de données permettra de prévoir la plupart des phénomènes, comportements humains compris. Pour le pire et le meilleur.
Demain, la virtualisation de toute information rendra possible la prise en charge automatisée des biens et services. Les transports en commun deviendront impossibles à frauder et optimiseront le trafic pour un coût écologique minimum. Des senseurs intelligents s’assureront d’une consommation énergétique sobre. Les contrats, financiers et autres, ne souffriront d'aucune défection possible et des algorithmes prédictifs préviendront toute activité criminelle.
L'interdit le deviendra vraiment et la privation remplacera la punition. Un gouvernement algorithmique ne se laissera plus provoquer par la liberté humaine.
Mais cette provocation constante n'est-elle pas précisément ce qui suscite le débat, renvoyant au projet collectif ? Souhaitons-nous vraiment être gouvernés par Big Brother ?
Cette conversation entre la juriste Antoinette Rouvroy et l'informaticien spécialiste en IA Hugues Bersini, oppose deux visions radicalement opposées : l'une résolument technophile, l'autre beaucoup plus circonspecte, et c'est un euphémisme...

Le colloque Lippmann et le renouveau du libéralisme. Avec Serge Audier sur la RTS.


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09.2019

Le colloque Lippmann sʹest tenu à Paris en 1938 autour de l'influent éditorialiste américain Walter Lippmann et du livre qu'il venait de publier, La Cité libre. C'est au cours de ce colloque que le terme "néo-libéralisme" fut en quelque sorte intronisé.
Cette série d'émissions en compagnie du philosophe Serge Audier permet de revenir sur ce colloque et sur les principaux penseurs néolibéraux et notamment à lʹun des plus célèbres dʹentre eux : Friedrich Hayek.

Émission "Histoire vivante", animée par Jean Leclerc.

Philosophie des sciences humaines. Avec Sylvain Auroux à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon.


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06.2007

L'histoire et la géographie, la sociologie et l'anthropologie, l'économie et la linguistique, la psychologie et la psychanalyse font toutes partie des sciences humaines. Ces disciplines trouvent-elles leur unité dans l'usage de certains concepts, dans un objet commun aux contours définis ou en raison d'un certain leg historique lié aux entreprises de savoir ?
Le philosophe et linguiste Sylvain Auroux, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur l'histoire des sciences du langage, la philosophie et l'épistémologie des sciences humaines, se propose d'étudier les sciences humaines dans ses problématiques philosophiques afin d'en mesurer la cohérence et la pertinence sur le plan scientifique.
Une étude aussi vaste que passionnante.

Violence et Religion. Avec Fabrice Hadjadj pour PhilOrient à Fribourg.


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13.06.2017

Loin des raccourcis habituels, le philosophe et théologien Fabrice Hadjadj nous montre que les rapports entre la violence et religion sont loins d'être aussi évidents que ce que notre époque a choisi d'en retenir.
Ce sujet mérite au contraire une réflexion profonde : violence fondamentaliste, violence évangélique, réversibilité des souffrances, violence du pardon, nature agonique de la foi... Toutes les religions doivent-elles être mises dans le même panier ? Et la violence s'y réduit-elle ?
C'est le goût pour l'incarnation de Fabrice Hadjadj qui l'empêche d'aborder cette thématique uniquement comme une controverse d'idées et de concepts : il revient toujours à l'histoire et à l'expérience concrètement vécue pour y voir plus clair.