Philosophe et sociologue, Jean-Pierre Le Goff est l'auteur de nombreux ouvrages, et récemment d'une évocation de La France d'hier, Récit d'un monde adolescent, des années 1950 à Mai 68 (Stock, 2018).
Son nouveau livre est à la fois une autobiographie - celle d'un jeune révolté - et la poursuite d'une enquête sur l'esprit d'une époque. Mes années folles, Révolte et nihilisme du peuple adolescent après Mai 1968 (Laffont, 2023) permet de saisir ce que furent les idées, les passions et les engagements militants d'une jeunesse qui a cru reprendre le fil rouge des révolutions passées et qui a engendré une révolution tout à fait différente, dans l'éducation et dans les moeurs. Cette révolution marque encore profondément notre pays.
Le monde n’est pas le même selon l'endroit d'où on le regarde ni selon la manière de chausser ses lunettes. Emmanuel Todd, au cours de bientôt cinquante années de recherche et d'écriture, nous a livré des analyses qui se sont distinguées des modèles économiques et sociologiques dominants tendant à tout placer sous le prisme d'un développement mesuré par un PIB à prétention universelle.
Ainsi, en publiant en 1976 La chute finale, des signaux comme le taux de mortalité infantile, les taux de suicide ou d'alcoolisme l'ont conduit à prévoir l'effondrement de l'URSS à contre-courant de l'opinion générale. Son travail intègre aussi les types familiaux, les religions et ses substituts ainsi que la problèmatique de l'accès massif à l'éducation supérieure dans la structuration des classes sociales. Grâce à une cartographie des divers phénomènes sociétaux, économiques et anthropologiques, par "empilement", Emmanuel Todd parvient à établir des relations scientifiques, des corrélations entre des événements.
Aujourd'hui, en ayant détecté en d'autres lieux l'état "zéro" du protestantisme, l'élévation de la mortalité infantile et des taux de suicide, conforté par la désindustrialisation persistante, l'utilisation du reste du monde pour les productions essentielles et quelques dérives sociétales, il pense qu'un basculement se produit sous nos pieds. Vers un nihilisme, sans relève.
La question du déclin de l'Occident appartient au débat de type scientifique et, à ce titre, mérite d'être interrogée avec rigueur et méthode.
Nous sommes nombreux à relever les absurdités du progressisme contemporain et, parrallèlement, à constater le flux d'immigrants qui, sans tarir, se déverse dans nos pays européens.
Est-ce à dire que notre civilisation est en phase de déperrissement ? Si oui, le problème est-il une espèce d'épuisement interne ou avons-nous affaire à un assaut qui viendrait de l'extérieur et auquel nous ne sommes pas préparés ? Un sursaut civilisationnel est-il envisageable et quelles armes sont encore disponibles pour mener le combat ?
Diplomé en philosophie et fondateur du journal conservateur Le Peuple, Raphaël Pomey se revendique chrétien et anarchiste de droite et nous propose quelques éléments de réponses.
C'est à l'occasion de la sortie de La défaite de l'Occident (Gallimard, 2024) qu'Emmanuel Todd, anthropologue, démographe et historien, nous alèrte sur le nouveau stade critique que nous avons atteint : après la religion zombie, la religion zéro règne partout, et plonge l'Occident devenu consommateur et parasitaire dans un nihilisme total, qui le pousse à poursuivre des actions absurdes et autodestructrices.
Dans quelle dynamique sommes-nous embarqués et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Comment doit-on comprendre les agissements des autres pôles de puissance sur la planète ?
L'implosion de l'URSS a remis l'histoire en mouvement. Elle avait plongé la Russie dans une crise violente. Elle avait surtout créé un vide planétaire qui a aspiré l'Amérique, pourtant elle-même en crise dès 1980. Un mouvement paradoxal s'est alors déclenché : l'expansion conquérante d'un Occident qui dépérissait en son coeur.
La disparition du protestantisme a mené l'Amérique, par étapes, du néo-libéralisme au nihilisme ; et la Grande-Bretagne, de la financiarisation à la perte du sens de l'humour. L'état zéro de la religion a conduit l'Union européenne au suicide mais l'Allemagne devrait ressusciter.
Entre 2016 et 2022, le nihilisme occidental a fusionné avec celui de l'Ukraine, né lui de la décomposition de la sphère soviétique. Ensemble, OTAN et Ukraine sont venus buter sur une Russie stabilisée, redevenue une grande puissance, désormais conservatrice, rassurante pour ce Reste du monde qui ne veut pas suivre l'Occident dans son aventure. Les dirigeants russes ont décidé une bataille d'arrêt : ils ont défié l'OTAN et envahi l'Ukraine.
Mobilisant les ressources de l'économie critique, de la sociologie religieuse et de l'anthropologie des profondeurs, Emmanuel Todd nous propose un tour du monde réel, de la Russie à l'Ukraine, des anciennes démocraties populaires à l'Allemagne, de la Grande-Bretagne à la Scandinavie et aux États-Unis, sans oublier ce Reste du monde dont le choix a décidé de l'issue de la guerre.
Alors que certains Occidentaux considèrent le bouddhisme comme une doctrine nihiliste, la "réalisation" de la vacuité (sunyata en sanskrit) à travers les pratiques bouddhiques pourrait bien au contraire permettre d'entrevoir le dépassement du "nihilisme européen" diagnostiqué par Nietzsche à la fin du XIXe siècle, et dont l'ombre continue à s'étendre sur le monde.
Philosophe et essayiste, Françoise Bonardel est soucieuse de faire dialoguer Orient et Occident et s'intéresse en particulier aux relations de la pensée bouddhique et de la philosophie occidentale, et à la dimension psychologique de l'enseignement du Bouddha.
Philosophe et essayiste, Françoise Bonardel analyse depuis de nombreuses années la crise générale de culture en Occident.
Quel est le sens de la vie et de la civilisation européenne aujourd'hui ? Quelles sont les relations de l'individu avec le collectif ?
Des questions fondamentales auxquelles elle apporte ses propres éléments de réponse.
Le combat pour la beauté, contre la laideur, nous emmène à démasquer le mal comme principe... et ses serviteurs !
Un pouvoir dont la devise est "en même temps" instaure forcément une métaphysique de la confusion. Le critique littéraire Juan Asensio, féru de démonologie, nous aide à discerner les abstractions qui président aux transformations actuelles.
Émission "Éloquence du Vulgaire", animée par Lounès Darbois.