La démocratie est née d'une pratique plutôt rare, consistant pour les membres d'une société donnée, à former des "assemblées de parole", pour s'accorder sur les règles qui s'imposeront à tous.
Cette construction est sapée par l'analyse économique du droit, qui assimile la démocratie à un "marché des idées". Dès lors, la sphère du marché absorbe celle du politique (marché électoral) et celle du sacré (marché des religions), et la figure du citoyen s'estompe au profit de celle du consommateur...
Contrairement à ce qu'on peut lire dans les manuels de relations internationales, la démocratie n'est pas par elle-même porteuse de paix, sinon les colonisations française et britannique n’auraient jamais eu lieu, les Américains ne seraient pas en Irak et les Israéliens ne coloniseraient pas les Territoires occupés. À l'inverse, toute dictature n'est pas belliciste.
Qui fabrique l'ennemi ? Fabriquer de l'ennemi suppose diverses étapes : une idéologie stratégique donnée, un discours, des faiseurs d'opinion que nous appellerons des "marqueurs" et enfin des mécanismes de montée à la violence. Les "marqueurs d'ennemi", ce que les Américains appellent les strategists qu'il faudrait ajouter à la catégorie des marqueurs identitaires des sociologues, sont multiples et différents selon les types de conflits.
Si donc l’ennemi est une construction, il doit être possible d'en dresser une typologie : l'ennemi proche, le rival planétaire, l'ennemi intime, l'ennemi caché, la guerre du Bien contre le Mal, l'ennemi conceptuel et enfin, l'ennemi médiatique.
Et si l'ennemi est une construction, il doit être possible de le déconstruire.