Trois décennies après la fin de la Guerre froide, la popularité du concept de totalitarisme n’a pas faibli. Au cœur des programmes scolaires, et fréquemment employée dans le débat public, la notion est pourtant ignorée voire rejetée par une grande partie des historiens actuels. Ils reprochent au "totalitarisme" d'être une abstraction ne décrivant que superficiellement le nazisme, le stalinisme ou la Révolution française – dont une historiographie très diffusée en a fait la matrice du totalitarisme.
Comment alors comprendre l'omniprésence d'un concept faisant ombre à des clés de compréhension historique plus pertinentes ? L'histoire du terme de totalitarisme nous apprend qu'il est une catégorie plus polémique que scientifique. S'il s'agissait pendant la Guerre froide d'assimiler l'adversaire soviétique au nazisme, c'est-à-dire au dernier degré du mal, le "totalitarisme" sert désormais à disqualifier tout projet ambitieux d'émancipation collective. En expliquant avant tout les crimes des régimes totalitaires par la volonté de transformer le monde d'après un idéal, le concept de totalitarisme insuffle dans la société l'idée insidieuse qu' "il n'y a pas d'alternative" puisque toute alternative à notre monde au nom de l'égalité contiendrait la potentialité d'un crime de masse.
Pour discuter de ces enjeux, Le Vent Se Lève recevait à la Sorbonne le 26 avril dernier, deux spécialistes de la question : Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme ayant mis en évidence certains traits contre-intuitifs du IIIe Reich : sa « normalité » dans l’Occident du début du XXe siècle, sa « rationalité », ainsi que son caractère anti-étatiste. Ce dernier trait infirme la vision d’un nazisme « totalitaire », compris comme voulant instaurer la suprématie d’un État tout-puissant sur tous les aspects de la vie.
Sophie Wahnich, historienne de la Révolution française. À rebours des analyses faisant de l’épisode de la Terreur la « matrice des totalitarismes », Sophie Wahnich s’intéresse à la violence politique révolutionnaire, non pour la vilipender mais pour l’analyser et la comprendre. Elle souligne la dimension rituelle – destinée à satisfaire un besoin de vengeance populaire par le spectacle – , sacrificielle et paradoxalement émancipatrice – la liberté se fondant sur le sang des aristocrates – de la violence révolutionnaire, elle aussi, irréductible à un quelconque « projet totalitaire ».
"Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante", déclarait Robespierre.
Ce sont trois historiens qui débattent ici de ce que le conventionnel Tallien nommait le "système de terreur", de sa réalité effective, de sa fonction idéologique et de sa légende noire.
L'anthropologue et Professeur au Collège de France Philippe Descola, titulaire de la chaire "Anthropologie de la Nature", est notamment connu pour ses travaux sur la non-universalité du distinguo nature/culture. Il est donc tout indiqué pour nous parler de ce qui pourrait être une nouvelle ontologie, une nouvelle philosophie de notre rapport à la nature, conciliable avec la préservation de l'environnement.
Car la transition écologique est chaque jour plus urgente, et que chacun détient une partie de la solution, une partie des armes de la transition.
Après les élections européennes du 26 mai 2019, une analyse lucide des forces de gauche en France et en Europe doit être menée. Il ne s'agit pas tant de discuter des pratiques et des orientations militantes des uns et des autres mais d'interroger l'offre politique dans le "moment populiste" qui est le nôtre.
Car si nous prenons au sérieux ce qu'écrivent les théoriciens du populisme qui se réclament de la gauche -Enersto Laclau, Chantal Mouffe ou Íñigo Errejón-, il est d'une actualité pressante de faire le point sur les fondements, les évolutions et les problèmes de ce qui se présente comme une nouvelle stratégie pour la gauche.
Un débat modéré par Lenny Benbara et qui se tient durant l'université d'été de Le Vent Se Lève, intitulée "L'Histoire recommence".