L'histoire des rapports entre Léon Bloy et Louis Veuillot paraît simple à traiter : un bouillant novice vient frapper, en 1874, à la porte du patron de la presse ultramontaine qui, après lui avoir fait miroiter une chronique régulière, l'emploie au fil de quelques numéros puis l'éconduit.
Si les faits sont là, secs, leur analyse est autrement riche : Bloy héritier de la polémique littéraire entre Barbey d'Aurevilly et Veuillot, conception du journalisme, vision de la place et de l'action du catholique de plume, entre autres choses.
L'occasion enfin de revenir sur Veuillot que Bloy décrivait, dans ses Propos d'un entrepreneur de démolitions, comme un "catholique terrifiant qui donna de si longues inquiétudes aux boutiquiers austères de la Libre Pensée et de l'Antichristianisme."
Une intervention dans le cadre du colloque "Léon Bloy cent ans après (1917-2017)", organisé par Pierre Glaudes et Jean-Baptiste Amadieu.
Ce qu'est Bernanos, Georges Bernanos ? Un poing refermé sur un cheveu d’enfant ; un poing lourd, serré ; un cheveu blond, presque blanc, apporté par le vent des plaines. L'alliance de la grâce, donc, qui ne va pas sans la colère qui en est une forme combattante.
Mais où donc Bernanos a-t-il puisé cette inspiration ? C'est d'abord et avant tout dans ce qu'on labellise depuis un siècle comme le "renouveau catholique en littérature" qu'il faut chercher : Huysmans, Barbey d'Aurevilly, Bloy et Hello.
François Angelier, auteur d'une récente biographie de Bernanos, revient sur ces belluaires de la fureur catholique pour en faire ressortir la puissance du verbe, toute entière au service de l'Absolu.
Bernanos. Un monarchiste qui jamais ne s'inclina devant la loi du nombre. Un catholique gallican en rupture avec les accommodements du clergé. Un anticapitaliste de droite, porté par des exigences de courage, d'honneur, de partage et de justice. Enfin, un homme qui ne s'est jamais renié, n'a jamais changé de nature, accomplissant avec ferveur une existence et une œuvre éclatantes, ensemble portées par la passion de la liberté.
Dans cette émission, le critique littéraire Juan Asensio et le professeur Henri Quantin entendent restituer à Bernanos sa vérité profonde.
Émission du "Libre Journal du soir", animée par Charles de Meyer.
"Le grand artiste [Léon Bloy] vient nous montrer ce qui se cache depuis la perte du Paradis terrestre dans les abîmes du cœur des hommes ; ces trésors séculiers résident aussi bien chez tous que chez lui, mais il a, pour les faire remonter à la surface, une mirifique poulie et les autres n'en disposent pas. Un Shakespeare, un Baudelaire, un Dostoïevski, un Wagner ou un Bloy, qui découvrent des étoiles imprévues dans le ciel renversé des âmes, n'ont pas plus de constellations en eux, sans doute, que ce vulgaire piéton qui traverse la rue. Mais ils ont, pour les décrocher, des baguettes infinies."
Une série de cinq émissions, coordonnées par Stanislas Fumet, pour commémorer les cinquante ans de la disparition du "mendiant ingrat".
"Ma trompette, à moi, est jumelle et pourvue de deux embouchures, déclarait Bloy, l'une pour le haro, l'autre pour l'hosanna", une double vocalité qu'explore Mauvais Genres, en prêtant l'oreille aux méditations mystiques et aux nostalgies paradisiaques de Bloy et en mesurant la violence incantatoire et dévastatrice de son écriture.
Un siècle après sa mort, l'onde de choc est plus que jamais sensible d'une œuvre vouée à l'adoration et à l'exécration, celle d'un "pèlerin de l'absolu", d'un "mendiant ingrat" et surtout d'un écrivain qui fascina tout autant Jünger que Borges.
Comment aborder un monument littéraire et biographique comme celui de Léon Bloy (1846-1917) ?
Cette légende de l'écrivain prophète, annonçant l'espérance à coups de marteau, Bloy l'a lui-même patiemment construite. Elle vise à réveiller la tiédeur des modernes en leur rappelant qu'il n'y a qu'une vraie tristesse, c'est de n'être pas des saints.
C'est une légende qui redonne à l'invisible toute la place qui lui revient. On y entend un gai savoir : les puissants sont mis à nu et la souveraineté des misérables est célébrée sans niaiserie.
Rien à faire, Léon Bloy reste un des auteurs les plus méconnus de la langue française. Il est bien sûr, cette qualité allant presque automatiquement de pair avec le silence qui entoure son œuvre, l’un de nos plus grands écrivains,
Juan Asensio, critique littéraire également habitué des mises à l'écart, nous montre en quoi cet écrivain nous reste indispensable.
Émission du "Libre journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Observateur des plus grandes catastrophes, Léon Bloy s'est intéressé à son temps pour chercher inlassablement à y déceler les signes de l'Apocalypse qu'il attendait.
De même, sur le plan littéraire, ce "pèlerin de l'absolu" qui prétendait porter sur sa figure ses propres livres, s'est placé résolument à l'écart des courants contemporains : il n'écrivait que pour Dieu.
En dépit de ses revendications d'anachronisme, Léon Bloy reste cependant un écrivain représentatif de son temps. Une spiritualité intransigeante et inquiète, une profonde intelligence du symbole, un imaginaire violent et tourmenté habitent cet auteur longtemps rangé sous la rubrique des pamphlétaires et qu'il faut aujourd'hui redécouvrir.
Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Jean Daive.