La vie de Jean-Jacques Rousseau aura été marquée par des désaccords, des querelles et des incompréhensions. En effet, sa pensée marque à la fois un aboutissement et une rupture avec l’idéal des Lumières.
Si avec Voltaire un monde finit, avec Rousseau, un monde commence (Goethe). Commence l’irruption du peuple dans la politique, la recherche de la liberté et de l’égalité. Commence alors notre modernité.
Contre l'idée d'un Rousseau naturaliste, Dominique Pagani s'attache à présenter l’itinéraire et les idées d’un philosophe atypique du siècle des Lumières.
La présente réflexion s'arrête sur l'une des questions les plus délicates et les plus controversées de la pensée de Rousseau : la relation entre religion et politique.
La guerre, l’apostasie, l’athéisme et surtout la "religion civile" sont étudiés, avec la volonté de ne pas présenter une interprétation univoque ou consensuelle de cet élément clé de la théologie politique de Rousseau. Il s’agit plutôt de montrer à quel point cette construction conceptuelle originale et singulière suscite des discussions et des compréhensions contradictoires.
"Pour construire l'économie [...] comme pour faire la guerre [...] la direction du Parti doit exercer son rôle directeur en employant une violence tranchante [...]." (Pol Pot, juin 1976.)
D'une famille cambodgienne aisée, il profita de divers enseignements dans la capitale du pays, Phnom Penh. Parti compléter sa formation en France, il y découvre les Lumières avec Rousseau, la Révolution avec Robespierre, le marxisme avec Staline. Il néglige son école technique, et il doit retourner au pays sans diplôme. Il décide alors de devenir révolutionnaire professionnel.
Stoïque, il fait ses classes grâce aux communistes vietnamiens, qu'il hait, dans son for intérieur, comme ennemis héréditaires des Khmers. Devenu l'organisateur du Parti communiste à Phnom Penh, la chance le sert : le chef du PC est tué, et il prend sa place.
Le voici acteur d'une guerre tout à la fois civile et internationale. Avec des enfants-soldats vêtus de noir, ses troupes, les Khmers rouges, se multiplieront grâce aux erreurs de la puissante Amérique, aux divisions entre républicains et royalistes, au soutien de Hanoï. Le 17 avril 1975, Pol Pot atteint son but.
Trois ans, huit mois, vingt jours, le peuple khmer subira une expérience démente, à vif, qu'aucun utopiste social n'avait osée avant lui. Elle lui coûtera 1'700'000 morts (estimation basse).
Puis, Pol Pot fut vaincu dans une guerre éclair par le Vietnam. Il survécut deux décennies à sa défaite, divisant le monde à son propos, avant de mourir, esseulé.
Principal inspirateur de Hegel et de Marx, Rousseau "le rêveur solitaire" fut bien la source théorique dialectique et politique qui permit dès la révolution française de dépasser concrètement les contradictions que les libéraux convoquent dans le rapport de l'individu et du collectif, de la liberté et de l'égalité, du particulier et de l'universel, bref d'assumer et donner un sens (de progrès) à "ce long passage de l'état de nature à l'état civil".
Ce sont tout d'abord les rapports entre l'universel et le particulier chez Rousseau que Barbara De Negroni expose (Rousseau politique). Yves Vargas montre ensuite la pertinence du Rousseau économique qui, en s'attaquant à la définition de l'homme que donnait Bernard de Mandeville, entrapercevait déjè les ravages en devenir de l'anthropologie libérale. Enfin, Dominique Pagani nous fait découvrir un Rousseau plus littéraire, où la forme rejoint le fond présenté au cours des deux premières interventions.
Depuis l'Antiquité, les philosophes s'affrontent sur la question du meilleur gouvernement possible. Et ils le font avec d'autant plus d'opiniâtreté que cette question est loin d'être purement théorique et que les réponses qui lui ont été données sont à l'origine de tous les grands changements historiques.
La formation des Etats modernes, telle qu'elle s'ébauche au Moyen Âge et à la Renaissance, prend directement sa source dans les traités politiques d'Aristote et de saint Thomas d'Aquin. La Révolution française s'explique largement par les écrits de Voltaire, de Rousseau et des Encyclopédistes, et l'on ne peut comprendre l'expansion du capitalisme sans se référer à Adam Smith et aux autres philosophes anglo-saxons du XVIIIe siècle. Quant à Karl Marx, il reste à bien des égards le père du XXe siècle dans la mesure où son oeuvre a inspiré la plupart des révolutions et des totalitarismes que ce siècle a connus.
Ce sont bien les idées qui mènent le monde, et telle est l'ambition d'Eric Branca, que d'en raconter l'histoire. Une histoire indispensable à la compréhension des grands enjeux politiques de notre temps.
L'occasion pour Eric Branca de dresse un tableau vivant de ces idées politiques où celles-ci sont clairement exposées et replacées dans leur contexte historique souvent tumultueux et parfois même tragique, mais aussi dans leur dimension humaine.