Les relations entre l'Europe et le monde musulman sont au cœur de l'actualité. La diplomatie européenne avec l'Iran et dans le cadre du conflit israélo-palestinien, l'immigration musulmane, la place des compagnies pétrolières européennes dans les économies arabes, les accords économiques entre l'Union européenne et le Maghreb, les négociations pour l'entrée de la Turquie dans l'Union : tous ces sujets resteront des enjeux essentiels pendant le XXIe siècle et au-delà.
C'est l'histoire de ces relations riches et complexes que relate l'historien Henry Laurens. Elles ont débuté dans les années 630 lorsque les armées de Constantinople et de Médine se disputaient la Syrie-Palestine. Guerres, conquêtes, reconquêtes, diplomatie, alliances, commerce, mariages, traite d'esclaves, traductions, transferts de technologie, imitations artistiques et culturelles : ces contacts ont marqué l'histoire des peuples européens et musulmans.
Loin de reprendre à son compte l'idée d'un affrontement simpliste entre deux blocs homogènes, le grand spécialiste du monde arabe Henry Laurens propose une synthèse des relations entre tous les individus et groupes qui ont fait ce que nous appelons l'Europe et le monde musulman.
Qu'est-ce que "cancel culture" ou "culture de l'annulation" en français ? Ce phénomène est-il une mode ou consiste-t-il une réelle menace pour nos sociétés ?
L'historien du monde arabe contemporain Henry Laurens, qui vient d'écrire Le passé imposé (Fayard) et Pierre Vesperini, historien spécialiste de l'Antiquité grecque et latine, auteur de Que faire du passé ? (Fayard), nous aident à répondre à ces questions.
Émission "Idées", animée par Pierre-Edouard Deldique.
L'orientalisme et l'occidentalisme, c'est-à-dire les savoirs sur la société de l'autre se sont développés en parallèle, permettant de créer des comparaisons qui, dans certains cas, deviennent des actions.
Pris dans la temporalité longue de la grande divergence du XVIIIe siècle où l'Europe se sépare des autres sociétés à la grande convergence actuelle, différentes attitudes contradictoires se succèdent pour aboutir à un conflit des identités à un moment où en réalité le narcissisme de la petite différence dissimule une très probable dissolution de l'exogène.
Contre la violence de certains à l'égard des travaux des historiens, Henry Laurens interroge les enjeux de notre rapport au passé, source régulière de polémiques.
Il part d'un rappel des grands traits du savoir historique, essentiel pour aborder de façon critique un certain nombre de discours actuels, notamment autour des questions mémorielles. Suit une brève histoire de l'occidentalisme et de l'orientalisme qui montre comment les deux mouvements se sont développés parallèlement, sans nécessairement s'opposer. En ouvrant, pour finir, une réflexion sur les violences des XXe et XXIe siècles et les temporalités dans lesquelles elles s'inscrivent, substitution du héros à la victime et du présent au futur, il affronte les débats d'aujourd’hui autour du mouvement postcolonial, promoteur d'un passé imposé.
Une réflexion stimulante, qui redonne sa valeur à l'indispensable travail de l'historien.
Une rencontre modérée par Jean-Paul Chagnollaud.
En septembre 1978, le président américain Jimmy Carter invite Anouar el-Sadate, le président égyptien, et le Premier ministre israélien Menahem Begin à se rendre à Camp David.
Le 17 septembre, les accords de Camp David sont signés. Ils seront suivis, en 1979, de la signature du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, juste après la réception du prix Nobel de la paix par Menahem Begin et Anouar el-Sadate.
Retour sur un épisode qui aura donné à beaucoup l'espoir d'une résolution pacifique du conflit israélo-arabe.
Une rencontre du "Temps des archives", animée par Emmanuel Laurentin.
Le terrorisme, une "technique" de combat parmi d'autres ? Comment définir cette forme de violence dont l'apologie constitue un délit ? "Terroriste", Robespierre ? Et les nihilistes russes ? Et les combattants du Hezbollah, les poseurs de bombe du Hamas, les djihadistes d'Al-Qaïda ? Quelle est la vraie nature du terrorisme ? Et quel est son avenir ?
Autant de questions fondamentales traitées de façon synthétique par Henry Laurens, réussissant le tour de force de délivrer un tour d'horizon complet du terrorisme tel qu'il fut et tel qu'il est devenu, enfant de l'âge des extrêmes, arme du faible contre le fort, violence accoucheuse d'histoire et de chaos.
Comment définir un phénomène aussi insaisissable que le terrorisme ? Quelle est sa nature, son histoire et son avenir ? Défini comme un crime, il n'en demeure pas moins un concept flou dont les définitions sont extrêmement variables selon les époques, les histoires nationales et le droit.
Cette entretien, en établissant une typologie des terrorismes, fait le point sur les connaissances des violences polymorphes qui sont rassemblées sous ce vocable.
Les diverses modalités de la transmission du passé posent à l'historien la question de comment aborder les violences du XXe siècle, à un moment où les témoins et acteurs disparaissent pour laisser la place aux ayants droit des victimes.
Ces violences ont été le fait d'une culture de guerre identifiée au modèle du combattant et orientée vers un monde futur. La culture de paix d'aujourd’hui fondée sur la primauté des victimes vit au présent un passé qui ne passe plus.
Les historiens doivent donc faire face non à une exigence d'explication, mais une de reviviscence qui les met d'autant plus mal à l'aise que c'est aussi leur devoir de respecter les souffrances et les groupes qui les portent.