Et si, contrairement à ceux qui pensent que la technique a déshumanisé l'homme, c'était plutôt l'homme, justement, qui a déshumanisé la technique ?
Cette série de quatre émissions nous fait le portrait de Gilbert Simondon et aborde les différents aspect de la pensée de ce grand penseur de la technique. Car certains termes emblématiques de son écriture, qu'il s'agisse d'individuation, d'ontogenèse, ou de transindividualité, restent assez difficiles à comprendre pour celui qui n'est pas déjà un initié.
La dernier volet de cette série est consacré à l'aspect futurologique de la pensée de Simondon. Afin que ce qu'il nous a légué puisse continuer à nous servir pour saisir les enjeux de notre temps...
C'est à l'initiative de Bernard Stiegler que l'association Ars Industrialis a été créée le 18 juin 2005 en se présentant alors comme une "Association internationale pour une politique industrielle de l’esprit".
Car à notre époque, la vie de l'esprit, selon les mots d'Hannah Arendt, a été entièrement soumise aux impératifs économiques, et aux impératifs des industries culturelles, et des industries de l’informatique et des télécommunications. Ce secteur peut être défini comme celui des technologies de l’esprit.
À la critique du dévoiement de ces technologies comme instruments de contrôle des comportements, c'est à dire des désirs et des existences, Ars Industrialis associe la proposition centrale de former une écologie industrielle de l'esprit.
Retour sur la trajectoire et la dynamique Ars industrialis en compagnie de Bernard Stiegler et des nombreuses personnes qui se sont agrégées au projet.
Dans toute leur diversité, les techniques ne peuvent être considérées sur le modèle de l’ustensile, c’est-à-dire comme de simples moyens d’action qui seraient asservis à la réalisation de fins humaines.
Elles doivent au contraire être reconnues dans leur valeur "anthropologiquement constitutive et constituante", dans la mesure où elles médiatisent d’emblée les relations que l’humain entretient au monde naturel et social.
Telle est la thèse qui est défendue et approfondue à l’occasion du séminaire annuel PHITECO (Philosophie, Technologie, Cognition).
Eric Boëda entend porter une attention particulière aux concepts de la technique, c’est-à-dire aux concepts qui ont permis, permettent ou pourraient permettre de penser le fait et le faire technique en revenant notamment sur les apports de Simondon et Leroi-Gourhan.
Cet entretien est un remarquable témoignage sur la pensée et la personnalité de Simondon, père du concept d'individuation et penseur de la technique.
Entrevue menée à Mazeaux-par-Tance (Haute-Loire) et conduite par Jean Le Moyne, réalisée par Jacques Parent, et produite par l'Office National du Film du Canada.
La philosophie de Gilbert Simondon problématise la pensée de l’émancipation politique en mettant au premier plan les conditions techniques de l’action humaine. Il faut, pour que l’homme soit vraiment libre, que le travail asservissant se mue en activité technique.
Ce déplacement de la question de l’aliénation depuis les rapports sociaux du travail vers la technique, conçue comme accès possible à la transindividualité, s’opère à travers une démarcation vis-à-vis de la perspective marxiste (ou repérée comme telle).
L’aliénation technique apparait alors plus profonde et plus objective que l’aliénation strictement économique.
Toutefois, ce geste théorique ne conduit pas tant à une dépolitisation qu’à une nouvelle problématique où il est pris conscience que les machines elles-mêmes sont soumises à une aliénation sociale et où l’invention technique devient une composante indispensable d’un projet conséquent d’émancipation sociale.
Dans ces conditions, il n’est pas inutile d’en revenir à une confrontation constructive de la philosophie des techniques de Gilbert Simondon avec la philosophie économique et politique de Karl Marx.
Faut-il penser la technique ou en faire l'histoire ? La technique est-ce le même objet pour les philosophes et les historiens ? Y a-t-il un monde commun entre le monde philosophique et historique ?
La pensée de Gilbert Simondon peut-elle servir d'interface entre philosophe et historiens ?
Les interventions sont les suivantes :
Bernard Delaunay - Continuité et discontinuité dans l'histoire des techniques, le cas de l'émergence de la pensée technique au debut du XVIIIe siècle.
Jacques Roux - En quoi la pensée simondonnienne de la technique peut-elle être utile à une approche profane des savoirs et des savoirs faires.
Hughes Barthétémy - Simondon et la question des âges de la techniques.
Jean-Yves Château - L'Histoire de "Mode d'existence des objets techniques", philosophie ou histoire ?
Meghann Cassidy - Gilbert Simondon, Ignace Meyerson et l'historien des techniques.
Ronan Le Roux - La psycho-sociologie de la technicité de Gilbert Simondon, quel interêt pour l'histoire des techniques ?