Ingénieure géologue minier, Aurore Stéphant a choisi de se spécialiser dans l'évaluation des risques environnementaux et sanitaires associés aux filières de son secteur d’activité.
Elle nous force à regarder en face les implications de la fameuse "transition énergétique" et autres propositions du type "Green New Deal". Est-ce réalisable d'un point de vue technique ? Soutenable du point de vue écologique ? Ou simplement souhaitable du point de vue des conséquences sociales envisageables ? Quelles seraient des alternatives crédibles ?
Quiconque possède un brin d'esprit philosophique (et scientifique) et n'est pas trop aveuglé par les problèmes quotidiens et le dogme politico-économique de la croissance, ne peut qu'être frappé par cette lancinante rumeur qui semble à la fois tomber du ciel et remonter des entrailles de la Terre : une espèce zoologique singulière, Homo sapiens faber (V.Vernadskv), est devenue une nouvelle force géologique. L'humanité "civilisée", depuis la révolution thermo-industrielle, est désormais capable d'accélérer et de prendre la direction de l'évolution de toute la Biosphère. Mais n'est-ce pas jouer aux apprentis sorciers ?
La biologie moderne, en faisant triompher une conception moléculaire du vivant, a fait de l'ombre à l'essor, tout aussi fondamental, de la biologie environnementale et de l'écologie globale, la science de la Biosphère, ignorée par les sciences économiques et sociales. Malgré les illusions du Développement, l'expansion de la civilisation scientifico-militaro-industrielle heurte de plus en plus les limites de la Biosphère dont les sociétés humaines dépendent tout autant que n'importe quelles autres formes de vie.
- 0'00'30 : Qui êtes-vous ?
- 0'01'40 : Où sommes-nous ?
- 0'02'40 : Vernadsky
- 0'25'15 : De la biosphère à Gaïa
- 0'35'10 : La biosphère de l'anthropocène
- 0'45'00 : Nicholas Georgescu-Roegen
- 1'04'25 : Comment voyez-vous l'avenir ?
Idée reçue : la crise environnementale actuelle serait le fruit d'une longue inconscience. On ignorait, en gros, le mal que l'on faisait. Idée fausse, selon le chercheur Jean-Baptiste Fressoz : il s'agit là d'une illusion d'optique ou d'une amnésie.
Historien des techniques et de l'environnement, Jean-Baptiste Fressoz nous restitue l'histoire politique de la crise écologique en reconstituant le jeu des forces sociales qui ont fait basculer notre planète dans une nouvelle ère géologique, l'anthropocène, terme désignant une nouvelle époque géologique marquée par l'impact massif des activités humaines sur la planète.
Les énergies renouvelables vont-elles nous plonger dans une nouvelle dépendance aux métaux rares ? Causer des dégâts environnementaux plus graves que les énergies fossiles ? C'est en tout cas ce que prétend Guillaume Pitron dans son ouvrage La guerre des métaux rares. Dans ce livre coup de poing, l'auteur nous montre comment l'essor des énergies renouvelables et du véhicule électrique nous mène à des désordres écologiques plus graves que ceux entrainés par l'exploitation du pétrole, du gaz et du charbon.
Il est alors nécessaire de prendre le temps d'étudier ce problème de près et d'en comprendre les implications écologiques, techniques et géopolitiques.
Les métaux rares se nichent dans toutes les technologies vertes et numériques indispensables à la transition énergétique. Or, l'extraction et la commercialisation de ces ressources révèlent des défis.
Guillaume Pitron, dans cette conférence, analyse l' "angle mort" de la transition énergétique, celui des ressources indispensables à sa réalisation.
Les scientifiques nous l'annoncent, la Terre est entrée dans une nouvelle époque. Bien plus qu'une crise environnementale, l'Anthropocène signale une bifurcation de la trajectoire géologique de la Terre. Une bifurcation causée non pas par l' "Homme" en général, mais par le modèle de développement qui s'est affirmé puis globalisé depuis la "révolution" industrielle.
Historien des sciences, Christophe Bonneuil questionne ce concept et les enjeux pour la planète et pour la condition humaine.
Car si l'Anthropocène est le signe de notre puissance, il est aussi et surtout celui de notre impuissance. Habiter de façon plus sobre, plus équitable et moins barbare la Terre est l'enjeu de demain. Au-delà des fausses solutions marchandes et high-tech prétendant "sauver la planète", des pistes citoyennes sont à inventer et à mettre en pratique.
Historien et philosophe du développement des sciences et techniques, Jacques Grinevald nous présente ici la théorie de la biosphère Gaïa.
Pour se faire, il nous introduit à la pensée de James Lovelock, père de l'écologisme, et évoque ses prédécesseurs, notamment le savant russe Vladimir Vernadsky.
Enfin, il décrit les différents courants écologistes qui ont oeuvré au développement d'une vision globale de l'écologie.
En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.
Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que raconte Guillaume Pitron – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.