L'Antiracisme trahi. Avec Florian Gulli pour Le Temps des Ruptures.


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14.09.2022

La lutte contre le racisme est essentielle et d'autant plus difficile que le racisme se déplace et se transforme. Longtemps, il a semblé que cet engagement n'affrontait pas de problèmes théo­riques particuliers : il suffisait de dire non au racisme. Mais, depuis une vingtaine d'années, les choses ont, semble-t-il, changé.
Difficile en effet d'échapper à la floraison conceptuelle liée à la question du racisme. "Privilège blanc", "blanchité", "racisme systémique", "non-mixité", "minorité" : être antiraciste aujourd'hui, ce serait reprendre à son compte ces termes pour s'engager dans ce que l'on convoque comme l'antiracisme politique, seul antiracisme valable, abondamment relayé désormais au-delà des milieux militants. La perplexité suscitée par ces concepts ne serait rien d'autre qu'une crainte devant la radicalité antiraciste et ne conduirait qu'à endosser des discours consensuels, moralisateurs et sans effets palpables, quand elle ne dissimulerait pas un refus voilé du combat antiraciste…
Cette présentation de la question est trompeuse, tout d'abord parce que cet antiracisme politique fait bon ménage avec le néolibéralisme et l'antiracisme libéral qu'il prétend combattre, mais surtout parce qu'il occulte une tradition antiraciste souvent marxiste et républicaine, à visée émancipatrice et universelle. Très loin des caricatures qu'on en a fait, elle permet de pointer les impasses de l'antiracisme libéral tout autant que celles de l'antiracisme politique.