Si le conflit israélo-palestinien est l'otage d'une pléiade de facteurs alliant histoire et géopolitique, d'autres pressions d'ordre socioéconomique et idéologique exercent une influence déterminante. C'est notamment le cas du puissant lobby sioniste chrétien aux États-Unis. S'ils puisent leur discours dans une théologie à fortes implications politiques, les sionistes chrétiens ne se reconnaissent pas dans un seul courant évangélique mais garantissent tous un soutien quasi inconditionnel et des plus efficaces à l'Etat israélien de la part de Washington.
C'est le théologien et philosophe franco-libanais Antoine Fleyfel qui revient sur les origines, la structuration et les enjeux de ce courant hétéroclite qui voit dans la création de l'Etat d’Israël une réalisation des prophéties bibliques et qui compte aux Etats-Unis plus de 100'000 pasteurs pour 40 millions d'adeptes.
La question du rapport à Israël fait l'objet de nombreux débats dans le monde chrétien. Ce thème n'est pas seulement un sujet de controverse : il est aussi porteur d'inquiétudes et d'espérances.
Henri Blocher nous propose de faire le point, en parcourant les données bibliques pour nous guider dans une réflexion sur les rapports entre Israël et l'Église.
L'Apocalypse est un livre très obscur pour nous aujourd'hui, comme il l'était déjà devenu pour Denys, évêque d'Alexandrie vers la fin du IIIe siècle, selon lequel "plusieurs qui vivaient avant lui ont rejeté l'Apocalypse parce qu'ils estimaient que le livre est incompréhensible, qu'il n'est pas une révélation et qu'il est recouvert d'un voile épais qui en rend le contenu inintelligible ".
Claude Tresmontant a travaillé pendant plus de vingt ans sur les correspondances entre l'hébreu de la Bible hébraïque et le grec de la Septante. Il a démontré ainsi l'origine hébraïque des Evangiles et de l'Apocalypse et la date, très proche des événements, de leur composition. Il en a donné une traduction entièrement renouvelée.
Pour lui, si l'Apocalypse est un texte obscur, c'est parce qu'il a été écrit dans un langage chiffré, en pleine terreur, au cours des années 50, quand la petite communauté chrétienne naissante était persécutée à mort par la dynastie des Hérode et par les hautes autorités sacerdotales de Jérusalem.
L'auteur de l'Apocalypse, qui s'appelait lohannan, fait allusion constamment à des événements - aujourd'hui complètement oubliés - mais bien connus des frères et soeurs des communautés judéennes auxquelles il s'adresse. Il connaît les Saintes Ecritures hébraïques par coeur et procède par allusions dans un langage parfaitement clair pour ses destinataires. La destruction, en 70, de Jérusalem, berceau du christianisme, explique que, très vite, ce texte soit devenu incompréhensible.
Pour nous permettre de retrouver le sens de ces oracles de l'Apocalypse, Claude Tresmontant met sous nos yeux les textes d'un historien contemporain des événements, Josèphe, surnommé Flavius, et de Philon d'Alexandrie. Il traduit les textes de la Sainte Ecriture qui permettent de comprendre le langage de lohannan et il dégage les allusions aux faits et aux événements contemporains ou récents.
lohannan, l'auteur de l'Apocalypse, était lui-même kohen, prêtre du Temple de Jérusalem. Il a été kohen gadôl, grand prêtre, en 36-37. C'est le même lohannan qui a fourni le dossier de notes, dont nous avons la traduction en langue grecque : l'Evangile de Jean. Il annonce, dans les années 50, c'est-à-dire quelque vingt ans à l'avance, la prise et la destruction de Jérusalem, qui aura bien lieu en 70, et demande aux frères et aux soeurs de la petite communauté chrétienne de Jérusalem de se sauver avant qu'il ne soit trop tard. Ce qu'elle fit avant l'année 66, commencement de la grande guerre entre les Judéens et les Romains. Jean-lohannan annonce la naissance de la nouvelle Jérusalem, qui est la Communauté (l'Eglise) elle-même, l'Epousée, la Chérie, non pas faite de pierres, mais avec des êtres vivants. Il fait appel à une interprétation ésotérique du Cantique des Cantiques et du rouleau d'Esther, familiers à cette époque-là.
Philosophie de l'histoire qui annonce l'inéluctable destruction des empires, philosophie politique qui traite des rapports entre l'Eglise et l'Etat, l'Apocalypse est une prophétie déjà réalisée qui porte aussi sur l'avenir de la création.
Émission des "Mardis de la mémoire", animée par Pierre Chaunu.
Par un paradoxe cruel, l'époque la plus pacifique de l'histoire de l'humanité -la nôtre- vit sous le signe de la violence terroriste.
Le philosophe Régis Debray, figure intellectuelle française et autrefois acteur engagé en Amérique latine aux côtés de Che Guevara, nous livre une réflexion sur cette forme de guerre très particulière en revenant notamment sur les motivations qui poussent certains à accomplir des actes terroristes tout en les légitimant.
Robespierre qui fait le sacrifice de sa vie et tue les autres d'un même mouvement… Les vieux bolcheviks pourchassés par Staline et qui s'offrent en victimes consentantes, se félicitant que le drapeau rouge qui triomphera des ennemis de classe contienne aussi une goutte de leur sang… Sans doute ces martyrs du temps de la Nation et de la Révolution seraient-ils étonnés d'être rapprochés des croisés, des fanatiques de l'Apocalypse du Moyen-Âge et des ligueurs des guerres de religion.
Mais le pari que fait Philippe Buc est d'interroger les origines de ces formes de violence qui ne disparaissent jamais en Occident : régulièrement, elles ressurgissent des profondeurs, leur force de destruction restée intacte, quel que soit le renouvellement du terrain de surface. Le nom de Dieu a pu disparaître en apparence ou être remplacé par ses frères jumeaux - l'État, la Nation, la Révolution -, mais n'y a-t-il pas une matrice commune ? Et comme il convient de prendre le religieux au sérieux, ne faut-il pas la chercher dans le christianisme ?
On va se récrier. Le Christ a dit "Remets ton glaive au fourreau" et le christianisme a pu amener à la pacification voire au pacifisme, en passant par les droits de l’homme. Bien sûr. Mais il a été dit aussi "Qui n’est pas avec moi est contre moi". Et le dernier livre du Nouveau Testament s’appelle… l'Apocalypse : le temps dernier est bi-partite, il amène la paix mais on baigne dans le sang jusqu'aux chevilles.
L'hypothèse développée ici est de se tenir du côté obscur de la Force : "Je ne suis pas allé venu apporter la paix mais le glaive"...
Émission "La marche de l'histoire", animée par Jean Lebrun.
La crise actuelle a-t-elle une signification ? S’agit-il d’une simple étape de l’Histoire ou d’un combat métaphysique ultime ? Qui croire, les chantres de l’utopie ou les prophètes de malheur ? A quel rendez-vous nous convie l’idée d’apocalypse ?
Pour explorer ces questions, Erik Audouard se sert d’une boussole susceptible d’orienter notre regard dans la confusion et le chaos qui nous cernent d’assez près aujourd’hui : cette boussole intellectuelle et spirituelle sera formée par les deux grands pôles que sont les travaux de René Girard et l’expérience vitale de Leonardo Castellani.
Constatant chaque jour un peu plus la dérive de notre société vers un totalitarisme orwellien, Jean-Michel Vernochet, Pierre Hillard, Youssef Hindi, et Hervé Ryssen nous dressent le portrait de ce que fut réellement la révolution bolchevique, afin de nous aider à réfléchir à la question cruciale : ce cauchemar est-il notre avenir ?
Comment aborder un monument littéraire et biographique comme celui de Léon Bloy (1846-1917) ?
Cette légende de l'écrivain prophète, annonçant l'espérance à coups de marteau, Bloy l'a lui-même patiemment construite. Elle vise à réveiller la tiédeur des modernes en leur rappelant qu'il n'y a qu'une vraie tristesse, c'est de n'être pas des saints.
C'est une légende qui redonne à l'invisible toute la place qui lui revient. On y entend un gai savoir : les puissants sont mis à nu et la souveraineté des misérables est célébrée sans niaiserie.