Les enjeux des technocritiques. Avec Daniel Cérézuelle pour le podcast Hérétiques.


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03.2023

Pour le sens commun, le progrès technique est indiscutable : ses bienfaits s'étendent à tous les domaines et ne font pas question. Pourtant, depuis au moins deux siècles, l'accélération, la sophistication et la généralisation des techniques se sont accompagnées de fortes critiques décrivant une dépossession croissante de l'existence par une innovation technologique que plus personne ne contrôle. Elle prétend régler les problèmes qu'elle a elle-même provoqués, nous entraînant dans un emballement qui semble sans limite et dont la face obscure et grandissante est déniée, accusant toute interrogation d'arriération et d'obscurantisme.
C'est en philosophe de la technique que Daniel Cérézuelle, dans la lignée des penseurs technocritiques comme Jaques Ellul ou Bernard Charbonneau, produit des travaux cherchant à cerner cette idéologie omniprésente qui voudrait faire croire que l'histoire des sociétés obéit à un "développement" sur lequel les humains n'auraient aucune prise.

Bernard Charbonneau, précurseur de l'écologie politique. Avec Daniel Cérézuelle pour l'Université Populaire de Bordeaux.


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14.02.2019

Bernard Charbonneau (1910-1996) a eu dès sa jeunesse la conviction que son siècle serait en même temps et pour les mêmes raisons celui du totalitarisme et du saccage de la nature. Pas de liberté sans puissance d'agir ; mais dans un monde fini le développement indéfini de la puissance matérielle et de l'organisation sociale risque d'anéantir la liberté de l’homme. A partir des années trente et jusqu'à sa mort, Charbonneau a réfléchi sur les dangers qui résultent, pour la nature et pour la liberté de ce qu'il appelait la Grande mue, c'est-à-dire de la montée en puissance de plus en plus rapide du progrès technique, scientifique et industriel. Mais on se fourvoierait en réduisant l'œuvre de Charbonneau à une réflexion sur l'écologie politique.
Il ne s'est pas intéressé seulement à la question écologique ; son œuvre nous propose une analyse plus vaste des coûts de la modernisation et des contradictions du monde moderne. Pendant longtemps cette préoccupation a fait de lui un marginal dans le monde intellectuel. Cependant, Charbonneau voyait juste lorsqu'il annonçait la crise écologique, l'aggravation de la bureaucratisation de l'existence et la technocratisation de la vie sociale. Plus le temps passe et plus son œuvre s'avère pertinente et actuelle.

La technique et la chair. Avec Daniel Cérézuelle à la Librairie Mollat.


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22.11.2021

Nous commençons à le voir aujourd'hui : le règne de la technique a dévasté la nature et enfermé l'être humain dans un processus autodestructeur. Mais il ne trouve pas seulement son expression dans des appareils, des usines, des écrans, des réseaux. Il est ancré au plus profond de nous-mêmes, dans notre fascination pour tout ce qui relève de l'efficacité, de la nouveauté, de la rapidité.
Mobilisant la notion de chair comme fil conducteur, les travaux récents de Daniel Cerezuelle explorent le rapport de l'homme moderne aux techniques, et montre comment il se fonde sur un imaginaire composé autant de mythes sensibles que d'idées abstraites. Cet imaginaire conduit ainsi nos contemporains à considérer comme un sacrifice le renoncement à la puissance que nous procurent les machines.
Pourtant, c'est aussi parce que nous sommes des êtres de chair que le déploiement foudroyant de la puissance technicienne a des effets désorganisateurs, voire déshumanisants. Il est donc vital d'imposer un rythme plus lent et de nouvelles orientations au changement technique. Tâche à laquelle nous sommes bien mal préparés, et dont une des premières conditions est que nous procédions à une démystification de notre imaginaire technique.

Jacques Ellul et l'autonomie de la technique. Avec Daniel Cérézuelle au séminaire PHITECO.


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19.01.2016

Jacques Ellul a laissé une œuvre qui a profondément marqué le débat sur le rôle social de la technique. De même que Marx pensait qu’à partir du XVIIIe siècle le Capital était devenu une force de transformation sociale qui impose sa loi à la société industrielle, Ellul soutient qu’à partir du XXe siècle, la Technique est devenu une force dominante qui échappe largement aux diverses tentatives de contrôle moral et politique.
Dans La technique ou l’enjeu du Siècle (1954), il cherche à montrer que dans la société contemporaine qui est désormais devenue "technicienne" elle tend à se développer de manière autonome. Dans Le système technicien (1977) il considère que cette autonomie est renforcée par la tendance à l’intégration systémique des diverses techniques qui finissent par constituer un milieu englobant sur lequel nous n’avons qu’une faible prise.
Toutefois seule une lecture superficielle de ses ouvrages conduit à ranger Ellul parmi les tenants d’un déterminisme technologique aveugle sur lequel l’homme ne pourrait rien. Pour Ellul l’autonomie de la technique est relative et le passage à une civilisation nouvelle dans laquelle la technique serait non plus déterminante mais dominée et réencastrée dans le social reste possible, mais difficile.