Entretien-fleuve avec le critique littéraire et essayiste Juan Asensio durant lequel il est question de l'état actuel de la littérature et de son pouvoir réel dans une époque qui a non seulement oublié mais aussi sali la puissance du verbe.
Un entretien à contre-courant, donc, nourri de nombreuses références et des prises de position intransigeantes d'un lettré dont l'exigence et la verve polémique ne sont plus à démontrer...
S'illustre ainsi pleinement, au fil de questions diverses interrogeant la place de la littérature aujourd'hui, en France et sur le plan international, le rôle du critique.
Critique littéraire, Juan Asensio est l'un des rares représentants de cette confrérie des lettres qui pratique encore cet exercice avec exigeance et intransigeance. Auteur de plusieurs ouvrages tels que La Littérature à contre-nuit (recueil de textes consacrés à l’étude du démoniaque dans la littérature) ou encore Le Temps des livres est passé (2019, éditions Ovadia), il tient également un blog "Stalker, Dissection du cadavre de la littérature" dont la première note date de 2004.
Un entretien mené par Elie Thomas et Sophie Di Malta.
Auprès de la question théorique ou historique traditionnelle : "Qu'est-ce que la littérature ?", se pose avec plus d'urgence aujourd'hui une question critique et politique : "Que peut la littérature ?". Quelle valeur la société et la culture contemporaines attribuent-elles à la littérature ? Quelle utilité ? Quel rôle ?
"Ma confiance en l'avenir de la littérature, déclarait Italo Calvino, repose sur la certitude qu'il y a des choses que seule la littérature peut nous donner." Ce credo sera-t-il encore le nôtre ?
Il ne travaille pour aucun journal, pour aucune maison d'édition. Il n'est professeur dans aucune université, n'est le chroniqueur d'aucune émission télévisée.
Depuis 2004, Juan Asensio publie en toute indépendance des critiques littéraires sur le blogue qu'il a fondé : "Stalker". Des centaines de notes de lecture dans lesquelles ce tonitruant pamphlétaire étrille les fausses gloires littéraires d'aujourd’hui. Ce sont cependant l'admiration et l'enthousiasme qui prévalent chez ce lecteur infatigable, dont l'éclectisme nous fait côtoyer tour à tour les livres de Bernanos, Conrad et Léon Bloy, des contemporains comme Roberto Bolaño, Cormac McCarty et Sebald, en passant par les grands classiques de la science-fiction. Inlassablement, Juan Asensio mène également un travail salutaire et salubre de réhabilitation des chefs-d'œuvre méconnus ou carrément oubliés de la littérature.
Un exemple revigorant de ce que fut la critique littéraire et de ce qu'elle n'est plus que trop rarement.
Si les grands écrivains sont tous morts, que dire des vivants ? Et que dire aussi de la tendance un peu faciel qui consiste à diagnostiquer une littérature en déclin ? Relève-t-elle de l'exigence anachronique ?
Car si écrire reste, pour les écrivains, un devoir moral d'exprimer une idée plus qu'un métier, il faut prendre garde de ne pas ériger les monstres sacrés du genre en absolus, en êtes désincarnés uniquement porteurs d'un projet esthétique original.
C'est l'histoire, seul arbitre impartial, qui a opéré et opérera une sélection, et nous sommes tributaires de cette erreur de perspective qui nous donne l'impression que les siècles précédents sont constellés d'écrivains de génie et que la médiocrité, voire le talent moyen, y étaient absents.
Le déclin ne sera jamais qu'une manière pessimiste, assez peu originale et plutôt bien partagée, d'envisager le destin de la littérature.
Émission "Contretemps", animée par Paul Ducay.
Il devient salutaire de quitter la pression des événements médiatiques pour scruter les cieux littéraires. Ne se privant pas d'une critique acerbe contre nos écrivains contemporains, ces auteurs qui "jouent au Lautréamont portant cache nez et pantoufles", cet entretien en compagnie du critique littéraire Juan Asensio, centré sur son dernier ouvrage Le temps des livres est passé, nous permet de déceler quelques bribes de son exigence littéraire.
Loin de s'inscrire dans des discussions byzantines à propos des grands auteurs, sa critique est d'un style unique, alliant flamboyance et érudition. Entre Paul Gadenne, Bernanos et László Krasznahorkai, nous assistons à une suite d'éloge des grands écrivains à lire et à relire.
Longue vie au Stalker et longue vie aux petites petites structures qui se battent pour faire revivre la grande littéraure et qui soutiennent et la préservent par là un certain esprit Français !
Pour les amoureux de la littérature, nous vivons très certainement aujourd'hui une ère de grand désenchantement. C'est justement ce dont le critique littéraire Juan Asensio fait la chronique depuis 2004 sur blog érudit et polémique Stalker - Dissection du cadavre de la littérature.
Et c'est en sa compagnie qu'est passée en revue la littérature contemporaine, affligeante, et les quelques rares auteurs nous permettant de ne point trop désespérer, eux qui produisent encore de la "littérature à l'estomac"...
Critique littéraire et écrivain, Bruno de Cessole a dirigé pendant 20 ans le service culturel de Valeurs Actuelles et, pendant cinq ans, La Revue des deux Mondes.
Il a publié plusieurs romans et des recueils de portraits d'écrivains comme Le Défilé des réfractaires (L’Éditeur, 2011).
C'est suite à la sortie de ce livre qu'il revient la langue dans la littérature, grande oubliée des productions contemporaines...
Émission "Français, mon beau souci", animée par Michel Mourlet.