André Gorz réalise, tout au long de son oeuvre, une synthèse entre Sartre, Marx et Illich. Ingénieur chimiste de formation, c'est en autodidacte qu'il étudie la philosophie, l'économie et la sociologie.
Il se considère comme un théoricien. Son rôle est de donner des clés de lecture pour guider afin qu’ensuite s’amplifient les mouvements. Ce n’est pas un homme d’action ni d’implication.
Il a été avec René Dumont et Edgar Morin le fondateur de l’écologie politique en France au début des années 70.
Gorz, critique du keynésianisme, se situe entre la social-démocratie et la gauche radicale dont il ne partage pas la croyance à la révolution au "grand soir".
Une conférence organisée à la librairie "Le comptoir des mots", Paris 20ème.
Seul l’imaginaire est peuplé d’êtres monstrueux, c’est-à-dire hors proportions. Car dans la nature, chaque organisme n’est viable qu’à son échelle adéquate : une araignée géante s’asphyxierait, une gazelle de la taille d’une girafe se casserait les pattes…
Idem pour les sociétés et les cultures, affirme Olivier Rey. Le philosophe et mathématicien met cette "question de taille" au centre de sa critique de la modernité technicienne et libérale en exhumant les thèses d'Ivan Illich ou de Leopold Kohr ("partout où quelque chose ne va pas, quelque chose est trop gros").
Les villes, les États, les sociétés, les démographies, les institutions, les techniques, les désirs… tout est trop grand, trop gros, trop nombreux ou trop rapide. Bref, sans limite. Dès lors, c’est la démocratie, la santé, l’éthique, l’écologie, l’éducation, la science… qui sont perverties.
Comment ne pas voir que toutes les "crises" économiques, environnementales et démocratiques, ainsi que les dérives identitaires –du terrorisme à l’extrême-droite–, ne sont que le résultat d’un seul et même processus : celui de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie, provoquant un désastre économique, social, culturel et verrouillant l’ordre international ?
Partout dans le monde, les luttes sociales se heurtent au libre-échange, au chantage aux délocalisations et à la fuite de capitaux. En l’absence de perspective de sortie "par la gauche" de cet engrenage, les nombreuses victimes de cette mondialisation se résignent ou choisissent la stratégie du pire.
Pour ne pas sombrer petit à petit dans le chaos et redonner de l’espoir, il faut démondialiser. Non pas pour défendre un capitalisme national, mais pour mettre en œuvre un projet politique de rupture qui repose sur trois piliers : la démondialisation pour rompre avec le capitalisme, la décroissance pour répondre aux crises environnementales et la coopération internationale pour renouer avec l’idée de justice sociale au sens le plus global.
Le travail d'Aurélien Bernier contribue à engager une nouvelle bataille des idées pour lutter contre l’extrême-droite et le terrorisme, mais aussi pour combattre le fatalisme qui conduit à la soumission, à l’abstention et au désengagement. Il vise également à dépasser le débat opposant à gauche nation et internationalisme.
Après l'intervention principale, les discutants David Cayla et Dany Lang, économistes et membres du collectif des Économistes atterrés, répondent aux thèses avancées.
Et si notre civilisation était au bord de l’effondrement ? Au regard de notre monde toujours plus inconséquent et complexe, cette interrogation n’est plus réservée aux scénaristes de science-fiction : elle est de plus en plus présente chez de nombreux chercheurs de tous horizons.
Les "crises" financière, économique, écologique, climatique, sociale, démocratique, identitaire, politique. ne sont-elles que des "crises", ou le mal est-il bien plus profond ? Assiste-t-on à la fin d’un modèle de société qui s’est étendu à l’ensemble du monde en quelques siècles seulement ? Face à cela, aucune politique prônée par les partis de gouvernement n’est capable d’enrayer ce processus.
Pour autant, que peut signifier ce concept d’effondrement ? Suivons-nous la trajectoire de l’empire romain ou de la civilisation maya ? Devons-nous voir l’explosion des inégalités et des tensions sociales comme des signes avant-coureurs de cet effondrement ? Ne dissimule-t-il pas un nouvel avatar destiné à masquer les rapports d’exploitation et de domination entre les classes, sous prétexte que l’ensemble de la société serait "dans le même bateau" ?
Face aux signaux alarmants de la crise globale -croissance en berne, tensions sur l'énergie et les matières premières, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, changement climatique et pollution généralisée-, on cherche à nous rassurer. Les technologies "vertes" seraient sur le point de sauver la planète et la croissance grâce à une quatrième révolution industrielle, celle des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, de l'économie circulaire, des nano-bio-technologies et des imprimantes 3D.
Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies tant vantées nous conduisent pourtant dans l'impasse.
Philippe Bihouix démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les "basses technologies". Il ne s'agit pas de revenir à la bougie, mais de conserver un niveau de confort et de civilisation agréables tout en évitant les chocs des pénuries à venir.
Si le conférencier met à bas nos dernières illusions, c'est pour mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.
Dans cette conférence, Dominique Méda est partie d'une remise en cause du PIB comme outil d'évaluation de la richesse produite. Elle critique ensuite l'assimilation de la richesse à la simple production de biens matériels.
D'autres indicateurs, déjà existants, fourniront une meilleure visibilité aux gouvernements pour piloter leurs politiques.
Jean-Pierre Dupuy et Bernard Marx réagissent ensuite à cet exposé et créer le débat autour des indicateurs de mesure de la richesse et de leurs usages sociaux.
Alain Garrigou met ici à nu les outils de manipulation sondagière de notre démocratie d'opinion.
Les sondages se révèlent en effet davantage des outils de fabrication de l'opinion qu'un rouage nécessaire au bon fonctionnement d'une démocratie. Ceux-ci sont -pour la plupart- commandités et payés par des appareils politiques (état, partis) ou des acteurs privés (entreprises), plutôt que par des organes de presse en quête d'informations véridiques.
Comment donc évaluer le phénomène des sondages et son évolution ? Pourrait-on envisager des lois encadrant leur exercice ?