Dès la fin du Moyen Âge, l'Occident a imposé sa puissance au reste de la planète. Comment cette aire géographique et culturelle s'y est-elle prise pour devenir si riche et puissante ?
- 0'00'00 : Problématique
- 0'05'00 : Qu'est-ce que l'Occident ?
- 0'07'46 : Que veut dire "supériorité" ?
- 0'09'46 : État des lieux avant le XVe siècle
- 0'13'49 : Le bond en avant de l'Occident
- 0'17'48 : Le relatif recul de l'Occident
- 0'25'20 : L'impérialisme n'est pas une cause
- 0'34'13 : Un ancienne supériorité à discuter
- 0'37'30 : L'énergie
- 0'42'26 : La concurrence
- 0'53'02 : L'ingéniosité
- 0'56'57 : La puissance martiale
- 1'02'42 : La propriété et la liberté
- 1'13'08 : La maîtrise rationnelle du monde
- 1'22'35 : Le savoir
- 1'30'31 : Le travail et l'abondance
- 1'37'29 : La culpabilisation de l'Occident
- 1'44'44 : Résumé des causes
- 1'47'21 : Les menaces sur l'Occident
Du Colloque Lippmann à la création de la Société du Mont Pèlerin, le concept de néolibéralisme est loin d'avoir connu un parcours unifié et homogène. Les penseurs qui en furent à l'origine ont interrogé la place à donner à l'Etat dans la régulation de l'économie, source de nombreux désaccords.
Compétitif, entrepreneur ou contrôlé ? La théorie néolibérale produit également un certain type d'individu. Celui-ci peut-il échapper aux logiques de cette nouvelle rationalité ?
Enfin, les grandes vagues de dérégulation des années 1980 et 1990 ont nourri, en Europe, l'idée d'un désengagement de l'Etat. Dans ce contexte, le modèle français d'Etat-providence, fruit d'une histoire et d'une tradition politique particulières, est-il menacé ?
Autant de questions auxquelles plusieurs spécialistes reconnus de la question tentent d'apporter des réponses convainquantes.
Émission "Entendez-vous l'éco ?", animée par Tiphaine de Rocquigny.
On sent qu'il aime ça, Grégoire Chamayou, rentrer dans la tête des puissants. Dans son précédent livre déjà, Théorie du drone, le philosophe plongeait dans les archives militaires américaines pour nous donner à entendre les voix de ceux qui pensent la guerre et tentent de promouvoir une nouvelle manière de la faire : sans courir le risque de mourir soi même.
Dans son dernier ouvrage en date, La Société ingouvernable, Une généalogie du libéralisme autoritaire (La Fabrique) le chercheur troque le complexe sécuritaire pour les boards des entreprises. Il nous emmène dans les tréfonds feutrés des hautes sphères du pouvoir économique, là où les intellectuels organiques des milieux d'affaire ont mis au point dans les années 1970 les théories, les concepts et les tactiques pour défendre un ordre capitaliste alors profondément remis en cause, aussi bien par des salariés "indisciplinés" que par des mouvements écologistes en demande de régulation gouvernementale.
Il faut les entendre échafauder leur riposte, inventer les "théories de la firme" à même de justifier le primat de la valeur actionnariale, tout en s'efforçant de déréaliser la violence de la hiérarchie et du rapport salarial… Il faut les entendre, car alors on perçoit leurs contradictions, leurs débats, leurs désaccords et leurs failles. Celles qu'il nous appartient d'exploiter si l'on veut à nouveau se rendre ingouvernables.
Émission "Aux Ressources", animée par Laura Raim.
Comment expliquer l'insolente victoire des forces pourtant responsables de la crise économique de 2008, l'une des pires depuis 1929 ? Comment expliquer que, en dépit du chaos qu'il a généré et des désastres qu'il continue de préparer, le néolibéralisme soit sorti renforcé de la crise ? Au moment de son déclenchement, nombre d'économistes parmi les plus célèbres avaient hâtivement annoncé sa "mort". Ils n'ont vu dans la poursuite des politiques néolibérales que le résultat d'un entêtement doctrinal.
Pour Pierre Dardot et Christian Laval, le néolibéralisme n'est pas qu'un simple dogme ou une théorie qui aurait "failli" : c'est un mode de gouvernement des sociétés, en train de réaliser la sortie de la démocratie. Soutenu par des oligarchies puissantes, il est un véritable système politico-institutionnel obéissant à une logique d'autorenforcement. Loin d'être une rupture, la crise est devenue un mode de gouvernement d'une redoutable efficacité.
En montrant comment ce système s'est cristallisé et solidifié, ils expliquent que le verrouillage néolibéral a réussi à entraver toute correction de trajectoire par la désactivation progressive de la démocratie. Accroissant le désarroi et la démobilisation, la gauche dite "gouvernementale" a contribué très activement au renforcement de la logique oligarchique. Ceci peut conduire à la sortie définitive de la démocratie au profit d'une gouvernance expertocratique soustraite à tout contrôle.
Pourtant, rien n'est encore joué. Le réveil de l'activité démocratique, que l'on voit se dessiner dans les mouvements et expérimentations politiques des dernières années, est le signe que l'affrontement politique avec le système néolibéral et le bloc oligarchique a déjà commencé.
Une conférence animée par Stanislas d'Ornano.
La "compétitivité" est devenue omniprésente dans le discours public. Ce slogan ne s'applique plus exclusivement à des entreprises : les territoires, notamment les États-nations, doivent dorénavant être compétitifs. Ainsi, cette notion, inspirée par le vocabulaire managérial, a été transposée dans le discours de nos élus. Cette injonction à la performance s'applique à tous les aspects de la société et influence l'aménagement du territoire et la politique économique.
La "compétitivité territoriale" constitue un nouveau champ d'étude pour les géographes. Il s'agit d'une grille de lecture pour observer la mondialisation et son organisation hiérarchique des espaces productifs. La mise en concurrence des territoires induit une compétition généralisée entre entreprises mais aussi entre les systèmes sociaux, les fiscalités, les infrastructures et les salariés.
En appliquant le dogme de la concurrence à des entités géographiques (telles des agglomérations, des région ou des nations), la compétitivité modifie le sens du mot territoire : traditionnellement défini comme un espace borné par une frontière et chargé de culture, d'histoire et de sentiments, le territoire compétitif semble devenu un simple objet de compétition jaugé en fonction de son efficacité productive. L'étude géographique de la compétitivité permet donc d'appréhender l'espace planétaire grâce à des indices et des outils renouvelés. Elle révèle une vision standardisée, marchande et élitiste du monde.
La formule vient de l'intellectuel indien Pankaj Mishra et beaucoup de nos contemporains partagent ses idées : nous serions au bord d'une "guerre civile mondiale " parce qu'on se rendrait compte que la modernité n'a pas tenu ses promesses.
Si elle partage le constat de Mishra sur le caractère pour le moins tendu de notre époque, le diagnostic de Peggy Sastre est aux antipodes : si nous sommes aujourd'hui aussi à cran, ce n'est pas parce que notre civilisation issue des Lumières n'a pas tenu ses promesses. Au contraire, c'est qu'elles se sont tellement bien réalisées que nous ne savons plus à quoi pourrait ressembler des épreuves proprement existentielles...
Pourquoi ? Parce que nos perceptions, comme souvent, nous trompent. Nous avons peut-être l'impression que les périls se suivent, se répètent et empirent, mais c'est surtout parce que nous ne cessons d'élargir la définition du périlleux et transformons en catastrophique ce qui était anodin voici encore peu.
En effet, pourquoi avons-nous le conflit si facile ? Pourquoi l'hostilité est-elle si séduisante et l'affrontement si confortable ? Pourquoi tant de gens semblent incapables d'exister s'ils ne s'imaginent pas avoir des ennemis à anéantir ?
Le programme de Peggy Sastre est celui d'un "pacifisme appliqué" : plonger au plus profond de notre nature conflictuelle grâce aux apports des sciences comportementales darwiniennes.
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
Lieu de tous les paradoxes, l'économie oppose à toute action ses effets contraires. Tout est à double tranchant dans la pratique du capitalisme. Marc Rameaux nous invite à une étude précise du phénomène, équipé qu'il est par 25 ans d'expérience au sein de grandes sociétés industrielles et de services.
D'inspiration libérale, il congédie cependant sévèrement la dérive dogmatique du libéralisme et montre comment l'Union européenne engendre un nivellement par le bas et pourquoi l'opposition entre libre-échange et protectionnisme est un faux débat.
Une voix indépendante qui est appelée à se faire entendre.
En France, comme ailleurs en Occident, le protectionnisme a eu longtemps mauvaise presse. Mis à l'index par une majorité de décideurs acquis au libre-échange, le protectionnisme est pourtant aujourd'hui dans tous les esprits, sinon dans les faits, comme en témoigne l'Amérique de Trump.
Le rejet du protectionnisme a fait oublier que pendant un siècle, de 1873 à 1973, la France a vécu sous un régime "d'économie protégée" et qu'elle ne s'en est pas si mal portée. Mieux même, elle a réussi, en dépit des handicaps concurrentiels dont elle souffrait, à faire face à ses rivaux et à maintenir ses positions économiques et commerciales, avant que ne commence le déclin de celles-ci dans le cycle de la mondialisation.
N'est-il pas temps de retracer et de méditer l'histoire de cette France protectionniste pour redéfinir une stratégie économique et industrielle cohérente et pérenne ?