La nation est une création vieille d'à peine deux siècles qu'il fallut, au sens propre, "inventer" et ensuite consolider autour de mythes fondateurs et, souvent, à coup d'épurations ethniques. Le regain récent des nationalismes en Europe en général et en France en particulier -avec la question de l'identité nationale- reflète avant tout le retard du politique et la difficulté à forger de nouvelles identités collectives associées à un vrai projet politique.
Pour évoquer ces questions, la directrice de recherche au CNRS Anne-Marie Thiesse, auteur de Faire les Français. Quelle identité nationale ?, est réunie avec l'historien Christophe Charle ayant récemment fait paraître Discordance des temps. Une brève histoire de la modernité.
Émission "Les Lundis de l'histoire", animée par Michelle Perrot.
En 1891, Anatole France s'interrogeait sur le pessimisme qu'il percevait chez ses contemporains : "Pourquoi sommes-nous tristes ?" demandait-il.
Plus d'un siècle après, l'historien Christophe Charle et le professeur de sciences politiques Laurent Jeanpierre remettent cette question à l'honneur dans la conclusion du grand ouvrage collectif qu'ils ont dirigé sur La vie intellectuelle en France (Seuil) : "il n'est pas besoin d'aller très loin, écrivent-ils, pour retrouver des interrogations similaires sur la dépression française."
Avec, comme invités, Christophe Charle -justement- et André Perrin qui, après avoir enseigné la philosophie a été inspecteur d'académie et qui publie Scènes de la vie intellectuelle en France : l'intimidation contre le débat (L'Artilleur), Alain Finkielkraut a voulu en avoir le coeur net.
Comment vont les intellectuels ? Sont-ils déprimés ? Sont-ils unis par ce commun état d'âme ? Est-ce la tristesse qui caractérise leurs réflexions et qui imprègne leurs échanges ?