Premier sur la liste des "principaux révolutionnaires de Paris" dressée en 1911 par les services de la Sûreté, Miguel Almereyda, né Eugène Bonaventure Vigo, a connu la prison dès ses 16 ans. Anarchiste puis blanquiste, on le retrouve au cœur de toutes les mobilisations politiques de la "Belle Époque". Maniant la titraille comme de la dynamite, il fait de La Guerre sociale le journal subversif le plus lu de son temps. À la tête de la Jeune Garde, il boute les Camelots du roi, milice de l'Action française, hors du Quartier latin où ils semaient la terreur. Puis, après bien des désillusions, il se convertit au réformisme et crée en 1913 Le Bonnet rouge, favorable au rapprochement entre socialistes et radicaux. Abandonné par ses anciens amis qui ne lui pardonnent ni son évolution politique, ni son élégance flamboyante, il n'échappe pas à la haine de ses vieux ennemis, les nationalistes antisémites de l'Action française. Arrêté le 6 août 1917, il meurt huit jours après à la prison de Fresnes dans des conditions mystérieuses. Il a 34 ans et laisse orphelin un fils de 12 ans, le futur cinéaste Jean Vigo.
Anne Steiner nous fait le récit, vivant et enlevé, de cette extraordinaire trajectoire. Un récit qui nous fait pénétrer dans des univers aussi infâmes que les prisons pour enfants ou aussi exaltants que ceux de la presse militante alors vigoureusement réprimée, et nous plonge dans les affrontements entre anarchistes, socialistes et syndicalistes révolutionnaires dont la Grande guerre sera le chant du cygne.
Christian Pataud, anarchiste et résistant, nous relate en cinq conférences l'histoire du mouvement ouvrier en France de 1830 à nos jours.
1. 1830-1871 : de l'avènement de Louis-Philippe jusqu'à la chute de Napoléon III, nous assistons aux premières grandes insurrections ouvrières avec -notamment- la révolte des Canuts de Lyon en 1831
2. 1871-1900 : c'est la lente mise en place de la République bourgeoise et, corrélativement, le développement du mouvement ouvrier dont il est question. Cette période est également celle du progrès technique, de la naissance de grands groupes industriels et de leurs conséquences sociales.
3. 1900-1922 : l'industrie continue de se développer et l'esprit revanchard contre l'Allemagne amène au réarmement puis à la guerre. La première Guerre Mondiale fut la grande défaite de l'internationalisme ouvrier et marqua les premières grandes divisions, sans oublier la Révolution russe (1917) et ses conséquences à l'international
4. 1922-1945 : l'entre-deux-guerre voit le mouvement ouvrier se polariser entre socialistes et communistes, la crise économique et la montée des fascismes en Europe
5. 1940-1968 : de la défaite et la collaboration à la résistance et à la reconstruction, c'est un mouvement ouvrier en pleine reconstruction qui succédera à la deuxième Guerre Mondiale
Anselm Jappe nous présente les thèses de la critique de la valeur, une approche du Capital de Marx radicalement distincte des approches tronquées classiques, du XIXe siècle à nos jours.
Celui-ci enseigne la philosophie en Italie et contribue à éclairer les liens entre la théorie du spectacle, la critique de la valeur et celle du fétichisme de la marchandise. Il est associé au courant de la Wertkritik, courant existant depuis 1986 et s'étant fait connaître par les écrits de son principal théoricien Robert Kurz et les revues allemandes Krisis et Exit.