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"Une louche allure de complot permanent contre le monde entier" : telle était la définition que Guy Debord avait donnée des éditions Champ libre qui le publiaient. Elle pourrait bien s'appliquer à toute la trajectoire publique de Debord lui-même. Devenu apparemment "acceptable" depuis sa mort en 1994, transformé même, selon certains, en icône et gloire nationale, le fondateur de l'Internationale situationniste n'est cependant pas devenu, malgré toutes les allégations en ce sens, un auteur comme les autres.
Anselm Jappe se propose donc de sauver la puissance de dérangement que constitue son œuvre : sont examinés entre autres la fin de l'art et la fin de la politique, sa lecture de Marx, sa contribution à la réflexion historique et les parallélismes possibles (ou pas) avec les écrits d'autre penseurs critiques. Sa curieuse récupération par le monde de l'art est également évoquée, ainsi que la question de son "actualité".
Et si les gens les plus différents se revendiquent de Debord et des situationnistes : il convient de leur rappeler que l'auteur de La Société du spectacle a toujours voulu s'opposer au monde entier, ou presque...
Une émission menée par David Dufresne.


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La crise socio-écologique du capitalisme produit de profonds effets sur la pensée contemporaine, qui semble prise d'un véritable vertige ontologique. Face aux catastrophes en cours, on voit se multiplier les travaux qui s'inquiètent de la réalité de la nature et de la manière dont s'y inscrivent les sociétés, tout se passant comme si la philosophie et les sciences sociales cherchaient à recomposer en pensée un monde que l'accumulation du capital tend à décomposer.Le travail de Frédéric Monferrand constitue une intervention marxiste dans ces controverses ontologiques. Il propose une interprétation nouvelle des Manuscrits de 1844, texte dans lequel, pour la première fois, Marx analyse la nature du capital : son essence ou sa définition et le type de rapport qu'on y entretient à la terre et à ses habitants, et y montre que l'appropriation matérielle de la nature, parce qu'elle est constitutive de toute vie sociale, représente à la fois le lieu stratégique d'une transformation radicale du monde où nous vivons et l'enjeu historique d'une libération du monde dont nous vivons.
Un entretien mené par Paul Guillibert.


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C'est à partir du problème que l'existence même de la bombe atomique pose à la pensée que Félix St-German nous introduit à la pensée de Günther Anders, saisie depuis son ouvrage majeur L'Obsolescence de l'homme dans lequel l'auteur une implacable "critique de l'ère de la technique".
L'occasion de comprendre sa méthode "occasionnaliste" ses concepts de décalage prométhéen et de honte prométhéenne, soit un monde non seulement configuré par ses objets techniques, mais où ceux-ci déterminent également les critères de valeurs pour s'ériger en idéal.


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Au sein du dispositif capitaliste, le fait majeur que nous devons penser est celui de la privation de monde (et de la privatisation du monde). Ce dispositif a fait de nous ce que les philosophes modernes ont pensé que nous étions : des sujets séparés de l'objectivité, des sujets sans monde, retirés du monde, spectateurs désinvoltes d'un monde qui n'est plus le leur.
La perte du monde et la séparation d'avec l'objectivité sont deux manières d'exprimer un même phénomène : celui de l'aliénation. Ce dispositif a produit l'illusion du sujet souverain et la réalité d'une masse d'individus dépossédés de leur puissance.
Au cœur de ce diagnostic, Franck Fischbach nous propose une relecture de Marx et une confrontation critique avec des penseurs contemporains et actuels comme M. Foucault, S. Zizek et A. Negri.
Une conférence qui s'intègre dans le séminaire "Psychologie politique : entre philosophie et passions".


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Voiture électrique, avion à hydrogène, capture du CO2 : pour beaucoup, le progrès technique nous sauvera du péril climatique. D'où cette question posée à François Jarrige, historien spécialiste de l'industrialisation : le progrès technique est-il une idéologie ?
- 0'00'39 : Introduction
- 0'02'06 : On entend souvent que la technique est neutre... est-ce que vous partagez cette idée ?
- 0'04'04 : Est-ce que vous avez un exemple d'une technique qui n'est pas neutre, qui impose une certaine vision du monde ?
- 0'06'30 : Aujourd'hui, les personnes qui critiquent la 5G, la voiture électrique ou certains types d'énergies, ce font vite traiter d'Amish, de vouloir revenir à la bougie... qu'est-ce que cela dit de notre société ? de son rapport à la technique ?
- 0'10'34 : L'innovation semble être un mot magique pour résoudre la crise écologique ou climatique, le progrès c'est une nouvelle religion, une nouvelle frontière du sacré ?
- 0'13'58 : Il y a une sorte d'amalgame entre la science et la technique ?
- 0'16'59 : A partir de quand peut-on dire que le progrès technique est une idée en soi, voire même une idéologie ?
- 0'20'28 : On a l'impression que le progrès technique n'a jamais été sérieusement remis en question, comment expliquer qu'il ait une image si lisse, alors que quand on vous lit, on voit qu'il a été fortement contesté par les ouvriers d'un côté... mais aussi par de très nombreux intellectuels ?
- 0'27'05 : On parle aujourd'hui du pic pétrolier, de la déforestation, de la pénurie de métaux... mais dès le XIXème siècle, on parle déjà de ces sujets-là ? Par la destruction de la nature, par l'épuisement des ressources ?
- 0'30'23 : C'est intéressant, dans Technocritiques, vous dites que les mots "écologie" et "pollution" sont inventés dans les années 1860... cela veut dire qu'il se passe quelque chose à cette époque... on change notre rapport à la nature ?
- 0'32'34 : Là, on arrive avec Stanley Jevons pour savoir si oui ou non les réserves de charbon vont s'épuiser ?
- 0'35'20 : Quand on voit ce que vous dites avec la peur de manquer de charbon dès le XIXe, on va passer progressivement du charbon au pétrole... est-ce qu'on ne vit pas une situation similaire aujourd'hui, où on cherche à passer du pétrole à l'électricité... dont les matériaux essentiels sont les métaux... est-ce qu'il y a un parallèle historique dans cette substitution ?
- 0'39'20 : On parle déjà au XIXème siècle du climat... on craint que l'acide carbonique puisse destabiliser le climat... on découvre l'effet de serre... Déjà au XIXème siècle, on a peur que l'Homme destabilise le climat ?
- 0'43'04 : Dans votre livre, vous montrez qu'il y a des autres très différents qui critiquent la technique... comme John Stuart Mill, Marx ou Gandhi... vous pouvez nous raconter les raisons qui poussent Gandhi de critiquer la technique ?
- 0'44'46 : Est-ce que les machine permettent de libérer l'Homme ou au contraire sont-elles en train de l'asservir ?
- 0'49'59 : Les années 1970, c'est une période assez féconde pour les penseurs technocritiques, avec Charbonneau, Illich - qui écrit la Convivialité - ou Jacques Ellul... est-ce qu'à ce moment-là, on s'aperçoit que la technique entraîne une forme de déshumanisation ?
- 0'57'21 : La modernité se caractérise par le dépassement des limites, aujourd'hui au contraire, on redécouvre les limites physiques de la Terre... est-ce que l'on change notre rapport à la technique aujourd'hui ?
- 1'00'48 : Quel message voudriez-vous délivrer aux gens qui nous écoutent ?


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C'est en compagnie de l'écrivain François Bégaudeau que sont abordés les rapports étroits et apparemment conflictuels entre l'émancipation et le déterminisme.
Se pose dans un premier temps la question de savoir si l'on peut s'émanciper de nos déterminismes alors que nous sommes précisément agis en permanence par ceux-là.
L'occasion de sillonner une pluralité de domaines en lien avec la thématique : l'école, la place de la spiritualité ou encore les mouvements politiques et autonomes actuels.
François Bégaudeau évoque enfin le conditionnement social vécu comme un poids étouffant et sclérosant non seulement par les classes populaires, mais aussi par la bourgeoisie.
Un échange organisé par l'association Droit Philosophie de l'Université Jean Moulin Lyon III.


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Engagé politique et soignant, Frantz Fanon est né aux Antilles françaises dans l'entre-deux guerres. Il est devenu l'emblème de la lutte anticoloniale à travers son engagement dans la guerre d'Algérie aux côtés du FLN et grâce à son travail psychiatrique sur l'aliénation coloniale dans ses principaux ouvrages : Peau noire, masques blancs et Les Damnés de la terre. Mort en 1961 à 36 ans, quelques mois à peine avant l'indépendance algérienne, il a marqué de son empreinte la fin des empires coloniaux et sa pensée révolutionnaire inspire de nombreux combats, des Black Panthers aux Palestiniens, en passant par les militants anti-apartheid d’Afrique du Sud.
Une série documentaire réalisée par Anaïs Kien.


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Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.