Napoléon se préoccupe peu de la situation des juifs en France lors de son accession au pouvoir. Ce n'est qu'à partir de 1806 que, face à la montée des hostilités à l'encontre de la communauté juive et à l'endettement croissant des propriétaires terriens en Alsace, l'Empereur prend ses premières décisions.
Alors que les cultes catholique et protestants (réformé et luthérien) ont vu leurs relations avec l'État être réorganisées au début du Consulat, avec la signature du Concordat (1801) et l'adoption des articles organiques (1802), aucune réflexion sur l'intégration des juifs n'avait été entreprise auparavant. L'Empire compte alors 170'000 juifs, dont un tiers en France, et aucune instance générale n'organise ou dirige les différentes communautés.
Davantage soucieux de l'ordre public que de religion, Napoléon Ier décide de remédier à cette situation en décidant, en mai 1806, la tenue d'une assemblée de notables juifs, puis en novembre la réunion d'une assemblée, le Grand Sanhédrin, chargée de rédiger les positions doctrinales pour les juifs de France.
Tout en réaffirmant l'importance de l'idéologie antisémite des nazis, Alain Michel retrace les pressions du Parti, le rôle de la bureaucratie d'Etat, le comportement des élites économiques, intelectuelles et religieuses, les réactions des gouvernements étrangers et l'attitude de la population allemande, laquelle n'était pas nécessairement à l'unisson de la politique officielle.
Dans un second temps, l'historien franco-israélien déroule l'effroyable scénario qui mène à la "solution finale" et à sa mise en œuvre dans l'Europe occupée. Complicité des autorités locales, soutien actif des forces de police, passivité des populations et notamment des élites, mais aussi promptitude des victimes à se soumettre aux ordres dans l'espoir d'améliorer leur sort ou, à terme, d'échapper à l'étau nazi : c'est cette histoire d'une extrême complexité, au comble de l'horreur, qui nous est ici relatée avec grand précision.
Aux premiers mois de l'Occupation, le gouvernement de Vichy édicte un statut des Juifs. La loi est publiée au Journal officiel le 18 octobre 1940 mais est datée du 3 octobre. Elle vise à dissuader les Allemands d'intervenir dans les affaires intérieures de la France, quelques jours après qu'ils aient publié une ordonnance pour le recensement des juifs en zone occupée.
Ce premier statut des Juifs exclut les Français identifiés comme juifs de la plupart des fonctions publiques et de nombreuses autres professions. En dépit de son aspect scandaleux, il passe à peu près inaperçu. Il est vrai que les Français se confrontent au même moment aux difficultés du quotidien et dans la presse, peu de journaux s'intéressent à la question juive, à l'exception notable du Matin, quotidien collaborationniste et proche des nazis...
L'historien juif Alain Michel revisite la période de l'occupation, alors que règne encore la doxa Paxton/Klarsfeld dans les milieux académique et journalistique.
En posant un regard nouveau sur ces temps troublés, il nous invite à sortir de la vision manichéenne qui empêche de comprendre les rapports subtils que l'Etat français à entretenus avec l'occupant nazi, ou la différence de traitement entre les juifs français et les juifs étrangers se trouvant sur son territoire.
Il était temps que cette séquence historique soit étudiée sans passion, avec le recul et l'honnêteté nécessaires à tout travail historique de valeur.
Emission du Libre Journal de Jacques Trémolet de Villers.
Alors que 100% des médias mentionnant le livre d'Eric Zemmour contestent les chiffres avancés par ce dernier concernant la responsabilité de Vichy dans le sauvetage des Français de confession juive sous l'occupation, Adrien Abauzit revient, au travers d'historiens reconnus pour leurs travaux, sur cette polémique où la rationnalité semble avoir perdu tout ancrage pour laisser place à l'idéologie et l'émotion.
95% des Français juifs ont-ils survécu à l'holocauste ? Si oui, qui est responsable de ce taux très élevé ?