1921 : aux États-Unis, deux militants anarchistes italiens sont accusés de meurtre et condamnés. Pendant sept ans, ils ne cesseront de clamer leur innocence. Ils ne réussiront jamais à obtenir la révision de leur procès, malgré l'insuffisance et la manipulation des preuves retenues contre eux et l'immense mouvement de solidarité internationale. En 1927, la peine de mort est confirmée et ils sont exécutés. Le monde entier en est bouleversé.
L'historien Ronald Creagh nous aide à reconstituer l'univers dans lequel vivaient Sacco et Vanzetti à l'ère des "terroristes au coeur pur". Il retrace leur itinéraire personnel et les rapports entre leur mouvement et les formations politiques européennes qui, à leur tour, allaient être profondément atteintes par l' "affaire . Ce qui n'était qu'un simple procès est ainsi devenu un enjeu qui détermina des alliances, des clivages, mais aussi un véritable mythe qui a influencé durablement les comportements de part et d'autre de l'Atlantique.
Ce combat héroïque de deux personnes contre une institution, en quête d'argent et de pouvoir, qui allait devenir le FBI, donne à cette histoire une pertinence qui vaut pour notre époque où le destin de la planète est décidé dans l'ombre par des organisations et des réseaux impitoyables.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
Professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe, Henry Laurens nous propose une mise à jour de notre approche du Moyen-Orient contemporain dont il nous présente les évolutions politiques.
Lui-même espace géopolitique, le Moyen-Orient a toujours constitué un champ de rivalités des grandes puissances. En effet, les implications européennes ont été nombreuses et constantes dans cette région depuis la découverte de la route maritime permettant d'atteindre les Indes Orientales.
Son analyse doit nous amener à renouveler notre approche d'une région du monde se trouvant au centre des enjeux liés aux relations internationales et stratégiques.
Une intervention qui s'inscrit dans le cycle de conférences "Perspectives Stratégiques".
Depuis quelques années, les organisations de droite qui manifestent dans la rue semblent souffrir d'une amnésie mémorielle les empêchant de mobiliser le souvenir d'épisodes antérieurs. Ceux-ci, pourtant, ont rythmé l'histoire des droites françaises et été d'une ampleur parfois exceptionnelle.
Olivier Dard et Danielle Tartakowsky s'attachent à montrer que les droites françaises sont plus souvent descendues dans la rue qu'on ne le croit d'ordinaire. Elles ont contribué à l'émergence de la manifestation de rue, en ont fait un usage précoce et durable, et se sont plusieurs fois essayées à peser sur la nature du régime républicain. Elles ont ainsi créé leur propre répertoire d'action, distinct de celui des gauches, et puissamment contribué à redéfinir la place de la manifestation dans le système politique actuel.
Émission "La Fabrique de l'Histoire", animée par Emmanuel Laurentin.
Sur le plan historiographique, l'usage est de résumer l'affrontement politique au XIXe siècle comme le combat engageant une Droite libérale et une Gauche radicale présumément socialiste. Les récits et les mémoires oublient bien souvent le mouvement légitimiste et le catholicisme social, incarnant tous deux une lutte acharnée contre la modernité et les impasses libérales et socialistes.
Retour sur deux mouvements protéiformes qui jouèrent un rôle important sur les scènes politique et sociale françaises au XIXe siècle et qui finiront par se diluer dans les dédales des compromissions.
Émission du "Libre Journal de la plus grande France", animée par Philippe Pichot-Bravard.
Durant l'été 1830, la France a connu une période de grande confusion où quatre rois se sont succédés sur le trône.
Des "Trois Glorieuses" à l'avènement de la monarchie de Juillet, le premier roman de Camille Pascal, haut fonctionnaire agrégé d'histoire, retrace avec brio cet épisode peu connu des Français, qui réunit pourtant un casting de choc : Hugo, Stendhal, Dumas, Chateaubriand... et a inspiré La Liberté guidant le peuple, le fameux tableau de Delacroix conservé au Louvre.
L'angoisse d'être libre… Il est tellement plus rassurant de ne pas l'être, et de ne pas avoir à faire de choix. Voilà un thème considérablement travaillé par la philosophes, mais qui intéresse aussi les historiens.
L'avènement de l'individu libre ou, du moins, délié des enracinements et conditionnements traditionnels, est un phénomène récent dans l'histoire de l'humanité. En Europe, il a marqué l'Allemagne de la fin du XIXe siècle : industrialisation rapide, urbanisation galopante, exode rural massif… Des millions d'hommes se retrouvent "libres" et la "communauté" traditionnelle cède le pas à une "société", étudiée par une discipline naissante, la "sociologie". Conscient du caractère traumatisant du phénomène, Bismarck crée une législation "sociale" pour donner corps et consistance à cette société naissante.
Mais l’avènement d'une "société ouverte" (Karl Popper) n'a pas que des amis : face au bouleversement de la modernité, la communauté fermée, celle de la race et du sol, apparaît comme une solution possible, voire désirable.
L’étude du cas allemand à la fin du XIXe siècle, avec ses mutations vertigineuses, ses innovations et ses replis, est d'une actualité sidérante pour aujourd'hui.
Charles Maurras. Un nom qui sent le soufre et dont l'évocation suscite des murmures désaprobateurs. Il faut dire que Maurras incarne parfaitement à travers ses écrits et la création de l'Action française (la ligue et le journal) la droite nationaliste, xénophobe et anti-républicaine. Monarchiste, il est aussi le fer de lance de l'antidreyfusisme et de la défense du maréchal Pétain.
Dans cette émission, les intervenants nous révèlent, au-delà de la figure de l'homme et de l'oeuvre, tous les réseaux et les influences qui, en France ou à l'étranger, se rattachent au "maître de Martigues". Ils montrent, de manière définitive, que Maurras est bien ce "contemporain capital" dont le parcours est essentiel pour comprendre le premier XXe siècle.
Émission du "Libre Journal de François-Georges Dreyfus".
Un siècle après l’immense boucherie de 1914-1918 dont est coresponsable l'État capitaliste français, 110 ans après une première tentative de grève générale en Mai 1906 et une Charte d'Amiens du syndicalisme révolutionnaire appelant à une abolition du salariat au moyen d'une grève générale, l'historien Guillaume Davranche nous propose une émission d'histoire du mouvement révolutionnaire, libertaire et anti-guerre de 1881 jusqu'à 1914.
Après une introduction critiquant du rôle de l'État français dans l'engrenage menant vers l'affrontement de 1914-1918, l'on suit l'évolution du mouvement révolutionnaire (plus particulièrement de ses franges libertaires/anarchistes) de 1881 jusqu'en 1909 (phase insurrectionnaliste 1880-1889, phase grève-généraliste 1889-1901, phase "héroïque" du syndicalisme révolutionnaire 1901-1909).
La seconde partie de l'émission est consacrée aux mutations du courant anarchiste-communiste ainsi qu'aux revirements politiques qui ont ponctué la guerre sociale d'avant-guerre.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.