Un fossé s'est creusé entre, d'une part, une pensée conceptuelle qui néglige les questions quantitatives, considérées comme au-dessous de sa dignité, d'autre part une pratique technoscientifique qui manie les quantités sans guère s'inquiéter, en général, des effets qualitatifs induits sur les existences humaines.
Or, la taille n'est pas un simple paramètre, qu'il serait loisible de faire varier à volonté, elle appartient à l'essence des choses.
Parce que le nœud entre qualité et quantité est impossible à défaire, il n'est pas de domaine où la question de la taille appropriée, de la bonne échelle, des justes proportions, ne soit d'une importance cruciale.
Méridien Zéro nous propose une émission consacrée aux territoires et à la problématique rural/urbain. L'urbaniste Pierre Le Vigan nous engage à identifier les maux de la ville moderne mais dans l'optique de les dépasser pour que la ville renaisse et redevienne ce lieu de civilisation européenne qu'elle fut par le passé.
Une émission animée par Jean-Louis Roumégace.
Dans cet entretien sont traitées les problématiques relatives aux différents échelons de la vie politique et communautaire que sont : la communauté, la cité, la nation et la civilisation.
Index chronologique :
- Les enjeux de l’urbanisation et de l’organisation du territoire
- Département l’échelon qui doit sauter ? Les départements bientôt supprimés entre métropole et hyper-région ?
- Dernières élections départementales : l’enjeu du redécoupage des départements et des régions
- Métropolisation des villes contre les cités historiques
- Assimilation ou communautarisme ?
- Les diasporas dans la globalisation
- Citoyenneté et nationalité
- Une citoyenneté européenne ?
- Vers une Europe alternative ?
La gentrification désigne un processus de conquête des quartiers populaires par les classes moyennes et supérieures, qui passe par la transformation du bâti, avec ou sans l’appui des pouvoirs publics. Les classes populaires qui vivaient dans ces quartiers s’en trouvent peu à peu évincées. À partir de l’exemple de Paris, je montrerai que ce processus de dépossession des classes populaires dans la ville se fait en plusieurs temps et à plusieurs échelles, de la recomposition internationale de la division du travail et de ses conséquences au centre des métropoles, à la spéculation immobilière dans ces mêmes espaces très convoités, en passant par les opérations de revalorisation symbolique d’un quartier menées tant par les gentrifieurs, les médias que les pouvoirs publics municipaux. À ces différents niveaux, la gentrification pose la question du droit à la ville et du rôle de la petite bourgeoisie intellectuelle dans la dépossession des classes populaires.
L'intervention se fait dans le cadre du colloque "Penser l'émancipation", réuni à l'Université de Lausanne.
L'urbanisme est un champ de réflexion trop négligé. Pourant, le cadre architectural dans lequel nous évoluons médiatise les relations que nous entretenons avec les personnes qui nous entourent, avec notre travail, etc.
Pierre Le Vigan nous invite à nous pencher sur l'évolution récente des villes, et plus particulièrement de nos banlieues.
Où quand l'architecture redevient un sujet politique...
La forte présence en France de ressortissants d'anciennes colonies est le principal paradoxe de ce que l'on appelle désormais la question post-coloniale. Dans le cas de l'Algérie en particulier, on aurait pu penser que les combattants d'une longue et douloureuse guerre d'indépendance ne voudraient plus avoir de liens avec l'ancienne métropole. Or de nombreux patriotes sont venus, après 1962, rejoindre de ce côté-ci de la Méditerranée des Algériens déjà installés pour des raisons économiques et qui n'entendaient pas rentrer chez eux. Les uns et les autres sont devenus majoritaires dans les "grands ensembles" qui avaient été bâtis pour des Français à la périphérie des villes au cours des années 1960 et 1970.
Depuis trente ans, ces "grands ensembles" ou ces "cités" sont le lieu d'émeutes déclenchées par des "jeunes" d'origine immigrée victimes de discriminations et du chômage. Souvent ces "jeunes" ne savent ni ne comprennent pourquoi ils sont nés en France et pourquoi leurs pères et leurs grands-pères se sont établis dans un pays qu'ils avaient âprement combattu. Leur sentiment de déracinement se double d'une fréquente ignorance des circonstances dans lesquelles leur patrie a autrefois été conquise et mise sous tutelle. Ils ne connaissent pas toujours non plus les débats et les conflits qui ont pu diviser les mouvements pour l'indépendance.
Afin d'éclairer la lanterne des ex-colonisés comme des ex-colonisateurs et de clarifier cette très complexe question post-coloniale, Yves Lacoste propose une analyse géopolitique et un récit historique. Analyse géopolitique pour décrire les rivalités de pouvoir qui ont facilité les entreprises européennes (notamment la traite des esclaves), récit historique pour comprendre le déroulement des conquêtes puis des luttes de libération.
Cette démarche se veut une contribution à l'apaisement des malentendus, des ressentiments, des rancœurs.