Numérique et anthropologie. Avec Bernard Stiegler au CNRS.


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18.11.2010

Bernard Stiegler intervient pour présenter une communication lui permet de brosser un panorama rapide de plusieurs de ses principales idées.
Le numérique est ainsi envisagé comme un cas particulier de support d’écriture et d’enregistrement, un hypomnémata. Si cette question fut réactivée par Jacques Derrida ou Michel Foucault, ce sont sur­tout Marcel Détienne et Jean-Pierre Vernant qui ont montré le rôle décisif joué par l’écriture dans l’émergence de la rationalité.
À propos de la place de la technique dans l’anthropologie, Bernard Stiegler défend le point de vue d’André Leroi-Gourhan pour qui l’anthropogenèse est une techno­genèse et la technique, une mémoire supplémentaire. Il s’agit, en effet, d’une troisième mémoire, qualifiée d’épiphylogénétique, après les mémoires génétiques et épigénétique.
Est ainsi introduite la problématique de la grammatisation, procédure consistant à discrétiser des flux, c’est‑à‑dire à les spatialiser et donc les rendre reproductibles : cela rend possible l’enregistrement des phénomènes et donc leur répétition. Si l’imprimerie fut une grammatisation qui permit la Réforme, la révolution industrielle a entrainé la grammati­sation des corps. Avec la photographie et le phonogramme, au xixe siècle, a débuté la grammatisation de la perception. Le numérique, au xxe siècle, a engendré la grammatisation du social (social enginering), social envisagé ici comme une transindividuation.
Ceci entrainant une prolétarisation accrue, il est possible d’aboutir à la conclusion paradoxale que l’hominisation est un processus de déshominisation. La grammatisation est donc à comprendre comme le développement de pharmakons.
Dès lors, pour qu’une société fonctionne, il lui faut construire les circuits très longs (intergénéra­tionnels) de l’anthropogenèse. L’idée d’anamnèse renvoie à ces circuits absolument longs, conditions de la confiance, de la fidélité, de l’investissement social, de la société.
En tant que pharmakon, le numérique commence par produire des courts‑circuits avant de produire des circuits longs. Pour le comprendre, il faut passer par une organologie générale afin de saisir les individuations psychiques, techniques et sociales possibles. Ainsi, si le virtuel produit des courts-circuits (effrayants) dans l’anthropogenèse, il présente aussi des possibilités d’expérimentations (passionnantes).
Pour l’anthropologie, il s’agirait de faire des usagers du virtuel, des anthropologues critiques, la spatialisation rendant les éléments sociaux analysables. Pourrait alors se profiler la création de nouveaux modes sociaux.

L'âge des low tech : pour mettre fin au mythe de la croissance verte. Avec Philippe Bihouix aux conférences Utopia.


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13.01.2015

Face aux signaux alarmants de la crise globale -croissance en berne, tensions sur l'énergie et les matières premières, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, changement climatique et pollution généralisée-, on cherche à nous rassurer. Les technologies "vertes" seraient sur le point de sauver la planète et la croissance grâce à une quatrième révolution industrielle, celle des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, de l'économie circulaire, des nano-bio-technologies et des imprimantes 3D.
Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies tant vantées nous conduisent pourtant dans l'impasse.
Philippe Bihouix démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les "basses technologies". Il ne s'agit pas de revenir à la bougie, mais de conserver un niveau de confort et de civilisation agréables tout en évitant les chocs des pénuries à venir.
Si le conférencier met à bas nos dernières illusions, c'est pour mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.

Que faire quand on n'est ni Lénine, ni Cohn-Bendit ? Avec Jean Bricmont chez les Amis du Monde diplomatique à Montpellier.


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08.04.2010

L’intellectuel belge, proche de Noam Chomsky, nous brosse un panorama idéologique de l’histoire de la gauche et du socialisme.
Il fustige en particulier la "gauche des valeurs" et évoque quelques rares pistes pour agir "quand on n’est ni Lénine ni Cohn-Bendit".
En deuxième partie, Jean Bricmont s'adonne au jeu des questions-réponses, ce qui permet d'aborder d'autres thématiques : le débat autour de la décroissance, de la démographie ou de la technologie, la question anarchiste, le Parti de Gauche, les différences entre la souveraineté et le nationalisme, la socialisation des moyens de production et le déclin intellectuel de l'occident.

L'identité harmonieuse. Avec Olivier Rey pour l'Avant-Garde.


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10.10.2015

C'est devenu une évidence : notre rapport à l'identité est aujourd'hui problématique.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Des solutions pour retrouver un rapport appaisé à notre identité existent-elles ?
Olivier Rey, en philosophe, s'interroge avec nous sur cette problématique de notre temps.

Jacques Ellul et l'autonomie de la technique. Avec Daniel Cérézuelle au séminaire PHITECO.


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19.01.2016

Jacques Ellul a laissé une œuvre qui a profondément marqué le débat sur le rôle social de la technique. De même que Marx pensait qu’à partir du XVIIIe siècle le Capital était devenu une force de transformation sociale qui impose sa loi à la société industrielle, Ellul soutient qu’à partir du XXe siècle, la Technique est devenu une force dominante qui échappe largement aux diverses tentatives de contrôle moral et politique.
Dans La technique ou l’enjeu du Siècle (1954), il cherche à montrer que dans la société contemporaine qui est désormais devenue "technicienne" elle tend à se développer de manière autonome. Dans Le système technicien (1977) il considère que cette autonomie est renforcée par la tendance à l’intégration systémique des diverses techniques qui finissent par constituer un milieu englobant sur lequel nous n’avons qu’une faible prise.
Toutefois seule une lecture superficielle de ses ouvrages conduit à ranger Ellul parmi les tenants d’un déterminisme technologique aveugle sur lequel l’homme ne pourrait rien. Pour Ellul l’autonomie de la technique est relative et le passage à une civilisation nouvelle dans laquelle la technique serait non plus déterminante mais dominée et réencastrée dans le social reste possible, mais difficile.

Être de la bonne taille. Avec Olivier Rey à l’École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée.


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10.03.2015

Un fossé s'est creusé entre, d'une part, une pensée conceptuelle qui néglige les questions quantitatives, considérées comme au-dessous de sa dignité, d'autre part une pratique technoscientifique qui manie les quantités sans guère s'inquiéter, en général, des effets qualitatifs induits sur les existences humaines.
Or, la taille n'est pas un simple paramètre, qu'il serait loisible de faire varier à volonté, elle appartient à l'essence des choses.
Parce que le nœud entre qualité et quantité est impossible à défaire, il n'est pas de domaine où la question de la taille appropriée, de la bonne échelle, des justes proportions, ne soit d'une importance cruciale. 

Comment ré-informer autrui ? Avec Lucien Cerise pour E&R à Dijon.


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25.04.2015

Aujourd'hui, le Pouvoir gouverne par le chaos et le pilotage de la guerre de tous contre tous. Autrement dit, le Pouvoir ne fait plus la guerre directement, mais il veut nous faire faire la guerre à sa place, c’est-à-dire qu’il cherche à nous entraîner au moyen d’appâts dans des conflits dont il sera le chef d’orchestre inapparent. Application systématique d’un "diviser pour régner" furtif, ni vu, ni connu.
Pour ne pas se laisser hameçonner et entraîner de manière subliminale dans des conflits triangulés, un travail de ré-information est nécessaire. La notion de ré-information, qui succède à l’information et à la désinformation, est bien connue, mais pourquoi parler de "ré-information active" ? Parce que, dans un premier temps, la ré-information est seulement "défensive". On se ré-informe en partageant des informations entre gens qui pensent la même chose. Or, ce n’est plus suffisant aujourd’hui et il faut passer à la vitesse supérieure : chacun doit devenir lui-même un agent actif de ré-information autour de lui, dans la famille, chez les amis, au travail, sur les réseaux sociaux.
Il faut devenir un agent d’influence, un spin doctor, en se formant aux méthodologies de retournement de l’opinion et d’ingénierie sociale appliquées dans les think tanks. Cela revient à fonctionner sur le mode du réseau de Renseignement, comme le font les lobbies et les sociétés de pensée, qui ont quelques longueurs d’avance sur le bon peuple, peu habitué à ce qui ressemble fort à une double vie et à des relations empreintes de faux-semblants. Mais nous n’avons pas le choix : reprendre le pouvoir se fera dans l’institution, en élaborant une vraie stratégie d’infiltration du Système et de contamination virale et capillaire.
Cet atelier a pour objectif de lancer une dynamique stimulante de passage à l’action, appuyée sur l’observation des bonnes pratiques de communication qui permettent de se réarmer mentalement, et surtout de réarmer notre entourage afin de gagner la guerre culturelle, au sens de Gramsci, qu’on appelle aussi guerre de l’information, guerre psychologique, guerre cognitive. Le but final est simple : imposer notre hégémonie culturelle pour endiguer celle du mondialisme et de ses diverses facettes morbides. Concrètement, localement, appliqué au cas français, cela signifie en finir totalement avec la pensée libérale-libertaire issue de Mai 68 et donc de "dé-soixante-huitariser" définitivement les esprits, au nom de la lutte contre le capitalisme et ses dérives transhumanistes.
N’attendez plus, ré-informez !

La fabrique de l'aliénation : l'école techno-libérale. Avec Charles Robin au Cercle de l'Esprit Rebelle à Toulouse.


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21.11.2015

Charles Robin, enseignant de formation philosophique, donne ici une conférence en partenariat avec la revue Éléments.
Il applique sa grille critique du libéralisme au monde de l’éducation et s'attache à comprendre l'évolution de l'école et l'incidence de la disparition de la "valeur esprit" (Paul Valéry) dans la formation des jeunes générations.