Dans cet exposé, le philosophe Mark Hunyadi nous parle de la tyrannie des modes de vie et du paradoxe moral qu'ils engendrent. Mais ce paradoxe : quel est-il ?
La prolifération des comités d’éthique en tout genre laisse impensée l'imposition de fait d'une série d'options (tehcnologiques et marchande) qui conditionnent nos modes de vie. La pluralité des "styles de vie" se développe sur la toile de fond de "modes de vie" qui s'imposent de facto.
Le modèle du libéralisme politique montre, à cet égard ses limites : notre éthique ne sert plus à critiquer le système ni les modes de vie, mais à les accompagner dans leur marche triomphale.
Une conférence organisée par le "Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur la Crise Ecologique".
Si l'affrontement des peuples riches et des peuples pauvres, comme celui de Caïn et d'Abel, remonte à la nuit des temps, il prend de nos jours un caractère plus destructeur avec la création du village global par la technologie. Le progrès stupéfiant des moyens de communication dans les trente dernières années permet la formation de réseaux multiples, nouvelle arme des plus démunis, qui portent leur combat dans la cybersphère et acquièrent ainsi une puissance formidable. A leurs attaques, les pays nantis ne fournissent qu'une riposte militaire, dans le dépérissement universel de la pensée politique et l'obsolescence grandissante des structures de sécurité collective.
Trois menaces pèsent sur le XXIe siècle : les conflits armés, dans la perspective inévitable d'un recours aux armes de destruction massive, l'expansion d'épidémies, favorisée par la mondialisation, et l'épuisement des ressources naturelles, consécutif à la surpopulation et au pillage de la Terre.
Tout ne conspire-t-il pas pour produire une déflagration comme le monde n'en a jamais connu ?
Thibault Le Texier, chercheur en sciences humaines, déconstruit quelques poncifs contemporains liés au management : l'efficacité, le contrôle et l'organisation ne sont pas directement liés à la logique marchande, mais constituent le soubassement de la rationalité managériale, pivots du contrôle des hommes ou des femmes, de l'entreprise à la cuisine !
Et dire qu'à l'origine le verbe "manager" voulait dire "prendre soin, s'occuper de", s'agissant d'un enfant, d'un malade ou d'un animal de ferme. Mais Monsieur Taylor est passé par là avec son regard d'ingénieur. L'histoire en a été changée.
Alors que le rythme d’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère dépasse celui du scénario le plus pessimiste du GIEC, l’humanité se confronte en plus du dérèglement climatique à de nombreux autres défis de gestion des ressources critiques recouvrant des risques de défaut systémique. Sommes-nous à l’aube d’un basculement, suivant le titre français de World On The Edge, best-seller de Lester R. Brown paru en 2011 ? Cette série de trois conférences expose les connaissances pratiques et théoriques sur l’effondrement des sociétés, sujet passionnant et potentiellement anxiogène sur lequel de nombreux chercheurs d’horizons variés se sont penchés.
1. Emmanuel Prados - Les limites de la croissance à la lumière de la situation environnementale et géopolitique
C'est tout d’abord le mécanisme d’effondrement biophysique mis en lumière par les travaux du Club de Rome et du groupe de Denis Meadows dans les années 70 qui est revisité, en mettant en exergue les limites de la croissance dans un monde fini. Il est ensuite proposé d’analyser comment la dynamique actuelle vérifie ou non les principaux facteurs du mécanisme précédemment exposé. Cette discussion s’appuie aussi sur les analyses de Lester Brown qui décrivent un système naturel sous contrainte et les conséquences sur les plans agricoles, socio-économiques et géopolitiques.
2. Grégoire Chambaz - Les mécanismes d’effondrement des sociétés complexes : introduction aux travaux de Joseph Tainter
Comment les sociétés s’effondrent-elles ? En 1988, Joseph Tainter publiait L’effondrement des sociétés complexes, un essai d’analyse des causes systémiques de déclin des sociétés. L’analyse développée par Tainter compte aujourd’hui parmi les approches majeures du phénomène d’effondrement. À contrepoint d’une analyse moraliste, monofactorielle ou écocentrée, Tainter considère l’effondrement comme un processus structurel résultant de rendements décroissants – puis négatifs – de la complexité d’une société donnée, notamment par rapport à sa capture d’énergie. Depuis 1988, Tainter a complété son analyse avec une vingtaine de publications. Dans cette optique, cette intervention propose d’une part de faire la synthèse critique des travaux de Tainter, et d’autre part, d’explorer les phénomènes de rendements décroissants contemporains. À l’auditeur ensuite d’évaluer le risque d’effondrement des sociétés modernes.
3. Pierre-Yves Longaretti - Effondrement, géopolitique et économie : points forts et points faibles de la pensée de Lester Brown
L’agro-économiste américain Lester Brown a produit de nombreux ouvrages sur la façon de répondre aux enjeux globaux et aux menaces d’effondrement associées par l’intermédiaire d’un plan d’ensemble visant la restauration des écosystèmes, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique. Ce plan repose également sur des mesures économiques et fiscales, pour un coût global somme toute très faible (mois de 200 milliards de dollars annuels sur une vingtaine d’années). Néanmoins, sur tous ces fronts, les actions mises en place à différents niveaux nationaux et internationaux ne sont pas à la hauteur des enjeux, du fait de l’existence de verrouillages socio-politiques et économiques. Après une présentation de ce "Plan B", l’exposé discute les points aveugles de cette analyse, notamment sur le plan économique et financier. Est montré également comment ces points de blocage contribuent aux analyses d’effondrement de Joseph Tainter et du rapport Meadows sur les limites de la croissance.
Les réseaux envahissent notre monde, notre vie, jusqu'à notre langage. Ne parle-t-on pas désormais de "faire jouer ses réseaux", là où l'on parlait de "faire jouer ses amis" ou "ses relations" ? Le vocable ne traduit-il pas une profonde mutation anthropologique, sociale et stratégique des existences individuelles et collectives ?
Telle est l'ambition de cette conférence : saisir et montrer à travers sa genèse philosophique et sociale pourquoi le réseau, de nécessité subalterne est devenu la norme dominante de l'Occident ultra-moderne.
Méthode de la puissance matérielle et de la sûreté générale, le réseau est fondamentalement stratégique. Il impose ses paramètres d'efficacité aux luttes informationnelles, économiques et militaires. Processus de domination instrumentale, il recouvre l'ancienne Terre et ses lieux, pendant qu'il produit à l'infini ses connexions de puissance, configurant ainsi de nouvelles conditions pratiques, sociales et culturelles de l'agir stratégique. Tactiques et opérations militaires en sont, par exemple, profondément modifiées.
Une réflexion sur l'humanité planétaire qui se profile, livrée au jeu terminal de la Matière déchaînée.
L'histoire du nationalisme-révolutionnaire doit permettre de comprendre la nécessité et l'urgence de la mise en oeuvre du programme de combat suivant, tel qu'exposé par Gabriele Adinolfi :
1. Donner de la profondeur aux identités claniques
2. Construire autour de soi des autonomies économiques-sociales, locales et répandues
3. Porter l'assaut corporatif, concret et direct, à la machine capitaliste en Europe
4. Affirmer l'idée nationaliste-révolutionnaire européenne, allant à la conquête des élites, au cours du processus de constitution de l'Europe favorisé par les frictions avec les USA
Une vision d'avenir pour un continent qui a encore son mot à dire...
Le dernier ouvrage de Norbert Wiener (1894-1964), le fondateur de la cybernétique dans les années 1940-1960, s’intitule God & Golem. La figure du Golem est déterminante pour comprendre l’imaginaire cybernétique. C’est une double figure : il représente à la fois la machine dans son rapport à l’humain et l’humain lui-même comme machine possible, comme devenir-Cyborg. C’est également une figure double : celle du bien et du mal que peuvent nous faire la science et la technique.
Wiener a un rapport trouble au Golem, comme au Cyborg. Il convoque ces figures pour situer l’humain entre nature et technique, entre Dieu et Bête, mais les rejette aussitôt pour leur caractère monstrueux, anormal.
Sara Touiza-Ambroggiani propose d’explorer le mouvement intellectuel paradoxal par lequel la pensée du mathématicien, tout en permettant l’avènement d’une altérité radicale, un posthumain, refuse ce qui lui apparaît comme une vertigineuse et monstrueuse perte d’identité.
Une conférence qui s'inscrit dans le séminaire de Jean-François Chassay, "Imaginaire du monstre : de la tératologie au clonage".
C'est à l'initiative de Bernard Stiegler que l'association Ars Industrialis a été créée le 18 juin 2005 en se présentant alors comme une "Association internationale pour une politique industrielle de l’esprit".
Car à notre époque, la vie de l'esprit, selon les mots d'Hannah Arendt, a été entièrement soumise aux impératifs économiques, et aux impératifs des industries culturelles, et des industries de l’informatique et des télécommunications. Ce secteur peut être défini comme celui des technologies de l’esprit.
À la critique du dévoiement de ces technologies comme instruments de contrôle des comportements, c'est à dire des désirs et des existences, Ars Industrialis associe la proposition centrale de former une écologie industrielle de l'esprit.
Retour sur la trajectoire et la dynamique Ars industrialis en compagnie de Bernard Stiegler et des nombreuses personnes qui se sont agrégées au projet.