La révolte des Gilets jaunes a pris de court le pouvoir en place et l'écrasante majorité des intellectuels, qui n'ont rien vu venir.
Plus d'une demi-année après le soulèvement initial, quelle est l'état de ce mouvement social ? Quelles ont été ses victoires et ses défaites ? Comment doit-il évoluer afin d'éviter les pièges qui lui sont tendus ?
Autant de questions auquelles le politologue Youssef Hindi répond, en nous rappelant au temps long de l'histoire, des révoltes et des révolutions.
En quelques décennies, tout a changé : la France d'autrefois et sa matrice catho-républicaine s'est complètement disloquée. C'est un archipel d'îles s'ignorant les unes les autres qui se dessine sous nos yeux.
Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop, envisage d'abord les conséquences culturelles et morales de cette érosion, et il remarque notamment combien notre relation au corps a changé ainsi que notre rapport à l'animalité.
Mais, plus spectaculaire encore, l'effacement progressif de l'ancienne France sous la pression de la France nouvelle induit un effet d' "archipelisation" de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d'un réduit catholique, instauration d'une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes.
Où allons-nous, dans tout cela ?
Un entretien mené par Jean Petaux.
Sociologue d'origine suisse, né à la Chaux-de-Fonds en 1935, Michel Freitag, après des études de droit et d'économie à l'université Neuchâtel, s'est tourné vers la sociologie. Après un doctorat à Paris dans les années soixante sous la direction d'Alain Touraine, il rejoint le département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal, tout juste fondée, et y enseignera de 1970 à 2001.
Pour Michel Freitag, il appartient aux sciences sociales, notamment à la sociologie, d'élucider la nature, le sens et la portée des transformations sociales et sociétales en cours, et d'en expliciter les enjeux sociaux et normatifs. Il s'agit là d'une tâche à la fois urgente et cruciale, si l'on considère les divergences théoriques et idéologiques profondes qui existent sur l'ensemble de ces questions.
Et Eric Duhaime, dans cette conférence, d'expliciter les fondements théoriques de son projet ambitieux en revenant sur son ontologie, sa théorie du symbolique et de la pratique sociale, et sa critique de la postmodernité.
La sociologie dialectique Michel Freitag, où l'une des dernières grandes tentatives intellectuelles de penser et d'apporter une réponse qui soit à la hauteur des enjeux civilisationnels qui sont les nôtres.
Une intervention qui s'inscrit dans le séminaire de Franck Fischbach "Connaissance et critique du social".
En quelques décennies, tout a changé : la France d'autrefois et sa matrice catho-républicaine s'est complètement disloquée. C'est un archipel d'îles s'ignorant les unes les autres qui se dessine sous nos yeux.
Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop, envisage d'abord les conséquences culturelles et morales de cette érosion, et il remarque notamment combien notre relation au corps a changé (le développement de certaines pratiques comme le tatouage et l'incinération en témoigne) ainsi que notre rapport à l'animalité – le veganisme et la vogue des théories antispécistes en donnent la mesure.
Mais, plus spectaculaire encore, l'effacement progressif de l'ancienne France sous la pression de la France nouvelle induit un effet d' "archipelisation" de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d'un réduit catholique, instauration d'une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes.
Où allons-nous, dans tout cela ?
Une rencontre animée par Jérémie Peltier.
Que la politique soit en proie aux "passions", tout le monde l'accordera. Autrement malaisé serait de faire entendre qu'elle ne connaît que cela, que les affects sont son étoffe même. La politique n'est-elle pas aussi affaire d'idées et d'arguments, protestera-t-on, et les "passions" que distorsion de cet idéal d'une politique discursive rationnelle ?
Spinoza bouscule ces fausses évidences. En soustrayant la catégorie d' "affect" à ses usages de sens commun – les "émotions" – il en fait le concept plus général de l'effet que les hommes produisent les uns sur les autres : ils s'affectent mutuellement. Il n'y a alors plus aucune contradiction entre les "idées" et les affects. On émet bien des idées pour faire quelque chose à quelqu'un – pour l'affecter. Et, réciproquement, les idées, spécialement les idées politiques, ne nous font quelque chose que si elles sont accompagnées d'affects. Autrement, elles nous laissent indifférents.
La politique, idées comprises, n'est-elle pas un grand jeu d'affects collectifs ?
L'humain est une chose compliquée à étudier. Il existe de multiples outils, diverses disciplines. Elles ne s'opposent pas les unes aux autres mais se complètent, et des sciences cognitives à la sociologie on peut aborder la condition humaine en tenant compte de toutes les strates d'explications que fournissent ces disciplines.
Pour une plus grande interdisciplinarité, il faut apprendre à regarder l'humain comme un animal dans un milieu naturel, et comme le produit d'une société dont il est en même temps l'artisan. Laurent Cordonier est sociologue, il est l'auteur de La nature du social qui traite de ce sujet, et nous éclaire ici sur ce que son approche peut apporter à notre effort collectif pour mieux nous comprendre.
Deux des intellectuels français parmi les plus importants de la seconde moitié du 20e siècle, Pierre Bourdieu et Michel Foucault, ont choisi de caractériser – le premier à la fin des années 1990, le second dans les années 1970 – le moment historique qu'ils traversaient par un même concept : "néolibéralisme".
Pour autant, s'ils se sont parfois croisés, leurs parcours théoriques autant que leurs styles de recherche se sont révélés très différents et, surtout, ils ont l'un et l'autre laissé inachevés leurs travaux sur cette question.
En quoi Foucault et Bourdieu éclairent-ils le projet néolibéral ? En quoi leurs analyses nous aident-elles à comprendre les nouvelles modalités de l'exercice du pouvoir et à poser une des questions centrales du XXIe siècle : quelles nouveautés faut-il inventer pour contrarier une idéologie aussi funeste ?
Michel Drac, analyste politique et prospectiviste bien connu, étudie ici la question raciale et les dynamiques migratoires. Un accent particulier est porté sur la compréhension des origines et de la réalité du racisme anti-blanc.
Ce travail est mené par la lecture de plusieurs livres dont les contenus sont ici exposés clairement.