Capitalisme, désir et servitude. Avec Frédéric Lordon sur France Culture.


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02.10.2010

Comment un certain désir s'y prend-il pour impliquer des puissances tierces dans ses entreprises ? C'est le problème de ce qu'on appellera en toute généralité le patronat, conçu comme un rapport social d'enrôlement. Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l'enrôlement salarial. Moins de la diversité des régimes d'affects qui pouvaient s'y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui voudrait des salariés contents, c'est-à-dire qui désireraient conformément à son désir à lui. Pour mieux convertir en travail la force de travail il s'en prend donc désormais aux désirs et aux affects. L'enrôlement des puissances salariales entre dans un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel art de faire marcher les salariés.
Compléter le structuralisme marxien des rapports par une anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre alors l'occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux. Et peut-être de prendre une autre perspective sur la possibilité de son dépassement.
Emission "La Suite dans les Idées".

Avez-vous lu Polanyi ? Avec Jérome Maucourant et Bernard Chavance sur France Culture.


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11.11.2011

Pouvons-nous échapper à la fétichisation de l’économique et à l’emprise de la logique de marché ? Cela est sans doute possible si on prend la peine de lire et de relire Karl Polanyi 1886-1964. Car vouloir échapper à la vision économique du monde n’est pas vouloir échapper aux marchés. Il a toujours existé des économies avec des marchés, des foires, des ports, des places financières, mais l’apparition de l’économie de marché, qui fait parler les marchés, et craint leurs réactions comme s’il s’agissait de personnes, cela n’est pas si vieux. Le mythe du marché autorégulé – désencastré du rapport social – est finalement assez récent. Il date du XIX siècle.
Et c’est pour l’avoir dénoncé et s’être opposé à la société du tout-marchand, que Polanyi, adepte d’un socialisme démocratique, est devenu aujourd’hui une référence théorique importante.
Les trois dernières décennies ont connu, en effet, à l’échelle mondiale, un nouvel épisode d’utopie libérale que nombre de penseurs appellent le néolibéralisme.
Pour en comprendre les rouages et en analyser les propositions, Karl Polanyi reste un auteur précieux.
Emission "Les Nouveaux chemins de la connaissances".

Le commun comme détermination de l'agir. Avec Christian Laval et Pierre Dardot à Citéphilo.


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26.11.2010

Selon une première approche, le commun serait une détermination de certains biens dont la propriété intrinsèque serait de ne pas être appropriables à titre privé. Ce qui revient à classer les choses en termes de biens "communs", de biens "publics" ou de biens "privés".
Selon une autre approche, le commun devrait être soustrait à la catégorie de l’avoir : ce que nous aurions en partage, ce serait notre condition même d’êtres finis, déterminant comme une communauté du "manque".
Mais le commun n’est ni une détermination inhérente à une certaine catégorie de biens, ni une détermination relevant immédiatement du mode d’être de l’homme. Il est une détermination de l’agir : seul l’agir commun peut donner à des choses de devenir communes tout en produisant une figure inédite du collectif.

Doit-on craindre la montée du FN ? Emmanuel Todd et Bernard Stiegler débattent sur Mediapart.


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05.04.2013

Bernard Stiegler, auteur de "Pharmacologie du Front national", et Emmanuel Todd, auteur avec Hervé Le Bras de "Le Mystère français", ont débattu de la possibilité -ou non- de la montée du FN en France.
Série "Où va la France ?"

L'individualisme récupéré par la gauche intellectuelle anti-libérale. Avec Alain Laurent à l'Institut Coppet.


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30.01.2012

Inconsidérément délaissée par les penseurs libéraux contemporains, la problématique de l’individu et de l’individualisme est désormais en France l’objet d’un investissement théorique spectaculaire de la part de la gauche intellectuelle antilibérale.
A ceux qui y persistent à soutenir la thèse voulant que l’individu ne soit qu’une "illusion" ou une pure "construction sociale" à… déconstruire s’opposent de plus en plus de nouveaux venus pour qui, sur les ruines d’un individualisme libéral prétendument dépassé, il importe de construire un nouvel individu(alisme) calé sur des "supports" sociaux, institutionnels et étatiques sans lesquels il serait impensable et impossible.
Alain Laurent, intellectuel libéral, s'emploie à déconstruire cette récupération-contrefaçon. Il rappele que le paradigme individualiste (tant sociologique et méthodologique que moral) bien compris constitue la base matricielle objective de la philosophie libérale.

L'anthroposociologie transcendentale de Marcel Gauchet. Débat au Collège des Bernardins.


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14.11.2011

Marcel Gauchet explicite la théorie qu'il utilise dans son travail d'analyse (qu'il s'agisse de réflexion politique, d'interprétation de l'histoire où d'observation de l'actualité) : il la nomme "anthroposociologie transcendentale" et la définit comme conditionnée par les progrès de diverses disciplines (sciences du langage, phénoménologie, herméneutique, structuralisme).
Ce projet veut s'éloigner à la fois d'un structuralisme trop centré sur la question du langage, d'un structuralisme trop atomiste et centré sur l'évènement particulier, qui enlèverait à l'histoire son unité et son intelligibilité, et d'un structuralisme confiné à la stricte recherche de lois qui ne rendent pas compte de leurs conditions de possibilité.
Gauchet désir pourtant conserver la tonalité initiale du structuralisme, à savoir l'élaboration d'une théorie scientifique unifiée de l'homme qui saurait articuler l'histoire universelle et l'évènement particulier via les lois propres à la dynamique structurale. Il est donc fidèle à la volonté qui consiste à lier l'évènement empirique et particulier à l'universel pour en dégager les lois qui unifient, ordonnent et régularisent les différentes pratiques sociales.
L'enjeu est donc de comprendre le déploiement de l'être-collectif comme du sujet, en en dévoilant les conditions de possibilité de son avènement, soit la condition du politique.

Les fractures françaises. Avec Christophe Guilluy sur France Culture.


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17.07.2011

Christophe Guilluy, géographe et chercheur auprès de collectivités locales et d’organismes publics, affirme que la conception dominante d’une "société sans conflit, moyennisée, multiculturelle et consensuelle" masque l’existence de "graves fractures sociales et culturelles", dont les "couches populaires sont les premières victimes".
Il dénonce aussi l’image caricaturale d’une France où s’opposeraient d’un côté une minorité "d’exclus issus des minorités ethniques" et de l’autre une majorité d’inclus : les banlieues d’une part et les autres territoires d’autre part.
La "classe moyenne majoritaire et bénéficiaire de la mondialisation", n’existe pas. C’est un mythe entretenu par la "disparition des couches populaires de la sphère médiatique, culturelle et politique".

Le fétichisme dans "Le Capital". Par Alain Bihr au séminaire "Marx au XXIème siècle".


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27.11.2010

Rares sont les lecteurs et les commentateurs du Capital qui ont su y relever la présence du concept de fétichisme.
Alain Bihr commence par rappeler la définition marxienne générique du fétichisme de la valeur par le double mouvement de réification des rapports de production par confusion de ces rapports avec leurs supports matériels et de déification (de personnalisation surhumaine) consécutive de ces mêmes supports, et montrera ensuite comment la critique de ses différentes formes et figures court tout le long du Capital, depuis le fétichisme de la marchandise jusqu’à la fameuse formule trinitaire Terre–Capital–Travail.
Le conférencier s’interrogera enfin sur les raisons de l’escamotage de ce fil conducteur, en montrant qu’il tient essentiellement à la méconnaissance du sens profond et radical de la "critique de l’économie politique" par Marx.
En effet, le concept de fétichisme s’insère dans une constellation conceptuelle plus large, permettant d’appréhender la contradiction sujet/objet et de se situer de fait au cœur de la critique marxienne de la praxis sociale.
Conférence donnée dans le cadre du séminaire "Marx au XXIème siècle. L'esprit et la lettre", à Paris I.