La finalité de toute structure vivante est de maintenir cette structure : un groupe social représente une structure vivante d'un certain niveau de complexité.
Henri Laborit démontre que la ville est l'un des moyens utilisés par tout groupe social pour conserver sa structure. En effet, l'Homme qui, jusqu'à une époque récente, n'a découvert que la physique et l'a utilisée pour accroître sa puissance technique, permettant la domination de certains individus ou de certains groupes humains sur d'autres (le plus souvent par l'intermédiaire du profit), a utilisé la ville clans ce même but.
Tout y est fait pour assurer la défense de la propriété des objets, des êtres, des moyens de production, des niveaux hiérarchiques.
La destruction progressive de l'environnement et la disparition de l'espèce humaine, auxquelles peut aboutir ce type de comportement de puissance, fonderont peut-être la grande crainte qui conduira l'homme à transformer la finalité des groupes sociaux au seul "profit" de l'espèce humaine.
La participation de la ville à cette évolution montre que l'urbanisme n'est pas seulement un problème de spécialiste : c'est le problème de la vie humaine dans son ensemble qui est posé.
Le "malaise dans la société" est moins un point de départ de l’analyse sociologique qu’un problème à élaborer et à clarifier.
Alain Erhenberg propose de remplacer l’idée individualiste que la société cause des souffrances psychiques par l’idée sociologique que la souffrance psychique est aujourd’hui une forme d’expression obligatoire, c’est-àdire attendue, du mal social.
Cela le conduit à l’hypothèse qu’avec la santé mentale, on assiste à une généralisation de l’usage d’idiomes personnels pour donner forme et résoudre des conflits de relations sociales. Ces jeux de langage consistent à mettre en relation malheur personnel et relations sociales perturbées à l’aune de la souffrance psychique, unissant ainsi le mal individuel et le mal commun.
À partir de là, le conférencier développe l’hypothèse que, brouillée dans le malaise, se joue une crise de l’égalité à la française, c’est-à-dire d’une égalité conçue essentiellement dans les termes de la protection, et une protection en termes de statut, sur le modèle de la fonction publique, alors que l’égalité d’aujourd’hui, et donc la lutte contre les inégalités sociales, se joue dans les termes de la capacité.
L’anthropologie du "tournant ontologique" occupe une place paradoxale dans le paysage des sciences de l’homme, entre d’un côté un paradigme "structuraliste" dont elle est l’héritière (avec ses présupposés conceptuels et ses conséquences méthodologiques) alors qu’elle en refuse le concept fondateur, celui de l’opposition nature et culture ; et d’un autre côté le nouveau paradigme "naturaliste", dont elle partage certaines des positions théoriques (notamment le refus de la frontière homme/animal — on a pu ainsi parler de son "tournant animaliste") alors qu’elle en refuse le fondement universaliste.
Cette position instable lui permet-elle de faire le pont entre les deux paradigmes qui se disputent actuellement le champ des sciences de l’homme ? Ou condamne-t-elle ses concepts, et notamment ceux de "nature" et de "culture", à une tension insurmontable entre universalisme et relativisme ?
Avec le corps maigre et mobile de Kate Moss, c'est une nouvelle figure qui apparaît au tournant du XXIe siècle, celle d'un sujet idéal, adaptable en toutes circonstances, capable de se réinventer sans cesse à travers la mise en scène et la narration de soi.
La figure de Kate Moss nous enjoint à devenir stratèges de nous-mêmes, en sujets aguerris capables de faire un usage intensif de nos compétences et de nos affects, dans le but de donner la meilleure image possible. Qu'il n'y a pas d'autre rapport à soi que ce travail de mise en valeur, assisté par toutes sortes d'experts du développement personnel. Que les individus n'ont plus le choix qu'entre une vie échangeable et donc stylisée, relookée et coachée, et une vie non stylisée mais qui ne vaut rien et dont personne ne veut.
Dans cette logique exclusive, nous sommes tous des mannequins anglais...
Etre qualifié de "libéral" est souvent assimilé à une insulte.
Utilisé par les anglais du XVIIIe siècle pour parler de la gauche en terme peu élogieux, il désigne aujourd’hui une partie de la droite.
Pourquoi observe-t-on une attitude générale de rejet de la part des intellectuels alors que ce mouvement d’idée fut activé par de grands noms tels que Tocqueville ou Adam Smith ?
Réponses contradictoires du sociologue Raymond Boudon et de l'économiste Marc Guillaume
Classiquement considérée comme un des principaux marqueurs de la gauche, la laïcité aurait-elle viré à droite, voire à l'extrême droite ? La question se pose depuis le "débat sur la laïcité" de l'UMP et les références répétées de Marine Le Pen à la séparation de la religion et de l'État.
Comment réfuter cette dérive ? Protester contre la "stigmatisation" des musulmans qui est souvent le vrai motif de cette nouvelle posture "laïque" ne suffit pas, car cette "nouvelle laïcité" de droite se pare de valeurs partagées comme la démocratie, l'égalité des sexes et la liberté d'expression.
Il est donc urgent d'analyser, point par point, comment la laïcité peut être ainsi falsifiée et pourquoi on lui fait dire aussi facilement le contraire de son message fondateur et émancipateur.
La conférence est organisée par les associations "Bruxelles-Laïque" et "Tayush".
De Max Weber, l’un des fondateurs de la sociologie moderne, le 21ème siècle a retenu quelques formules : la cage d’acier, allégorie de la civilisation capitaliste industrielle moderne, qui désigne l’enfermement de la liberté individuelle au sein de structures impersonnelles gouvernées par le règne du calcul ; l’idéal-type, outil méthodologique nécessaire qui immobiliserait la pensée dans l’abstraction ; et l’opposition entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. Weber serait ainsi le Karl Marx de la bourgeoisie et le penseur du désenchantement du monde, qui aurait sacrifié l’idéal révolutionnaire sur l’autel du pessimisme critique.
Mais Weber est avant tout le penseur des tensions et des ambivalences. La cage d’acier est autant le fruit de la rationalité que de l’irrationalité, l’idéal-type est avant tout, selon ses propres termes, un moyen de penser "la réalité de la vie", et bien loin de s’opposer, l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction doivent se penser ensemble pour obtenir les conditions d’une action politique digne de ce nom.
Avec Weber, la sociologie doit avant tout se garder d’être normative, et penser les corrélations entre le matériel et le spirituel en termes d’affinités électives. Un concept n’est rien sans la prise en compte du contexte et de la subjectivité, de la culture et des passions qui animent chaque individu.
Dans cette émission, c'est Michaël Lowy qui vient évoquer le texte le plus connu du sociologue, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme.