L’agenda politique de la Suisse a été marqué, ces dernières années, par de nombreux scrutins interrogeant notre rapport économique, comme individus, à l’Etat et au marché : salaire minimum, revenu de base inconditionnel, financement public ou privé des médias audiovisuels, etc. Parallèlement la précarisation de nos concitoyens et les mutations du capitalisme ont entrainé l’émergence de nouvelles réalités économiques : dissociation progressive du travail et du revenu, dépendance croissante des plus pauvres à l’égard des aides sociales, ubérisation de la société, nouvelles formes de mécénat, économie du crowdfunding, expériences autogestionnaires.
Il est temps, pour les forces vives qui souhaitent faire sécession d’avec ce système, d’ouvrir le débat sur cette recomposition des réalités économiques afin de ne pas tomber dans l’écueil des fausses solutions et de réfléchir ensemble à des modes d’existence et de fonctionnement qui garantissent aux mieux nos libertés.
Agrégé de philosophie, Jean-Claude Michéa est assurément l’un des penseurs les plus radicaux et les plus originaux de la scène intellectuelle française contemporaine. Catalogué dans le même mouvement socialiste, conservateur, populiste, adulé par un courant de pensée proche de la droite catholique, Jean-Claude Michéa, lui, se revendique de la pensée de l’écrivain et essayiste Georges Orwell, l’homme de "la décence ordinaire", et fustige une gauche acquise depuis bien longtemps, assure-t-il, au libéralisme et à la religion du progrès et de la croissance, même si elle s’en défend.
Dans son dernier ouvrage Notre ennemi, le capital, il considère que, pour avancer dans la dénonciation du capitalisme et rassembler la grande majorité des classes populaires, il faut commencer par remettre en question le système de clivages opposant l'idée de progrès à celle de conservatisme, clivages paralysants qui permettent à la gauche européenne de dissimuler sa réconciliation avec ce même capitalisme.
Une rencontre animée par Olivier Postel-Vinay.
David L'Épée et Jean Bricmont croisent le fer autour de quelques questions qui les divisent : l'héritage des Lumières, le libéralisme, la Nouvelle Droite, l'idéal socialiste, la pensée de Michéa et l'avenir de la gauche.
L'occasion de comprendre quelques lignes de fractures qui traversent la pensée en rupture avec le catéchisme médiatique.
Après une éclipse relativement longue liée au naufrage des "socialismes réels" et à la puissante offensive néolibérale, le communisme fait à nouveau l'objet d'une vive attention académique.
Pierre Dardo entend contribuer à la réouverture de la question communiste en questionnant la possibilité d'une définition du concept de communisme, c'est-à-dire de sa consistance théorique -une réflexion proprement conceptuelle sur les présupposés philosophiques du projet communiste-, mais aussi d'éclairer les pratiques historiques par lesquelles on a cherché à le mettre en œuvre.
Remarque : la qualité audio de l'enregistrement est médiocre.
Quels ont été les arguments développés à la fin du XVIIIe siècle pour combattre l'esprit des Lumières ? Qui les a portés et pourquoi ?
Dans un premier temps, Robert Legros se penche sur le romantisme qui fut une véritable révolution philosophique résidant dans le refus de l'universalisme, de l'humanisme abstrait et de l'autonomie individuelle, mais portant aussi une attention nouvelle au sensible et au corps.
La croyance est-elle opposée à la vérité, s'interroge ensuite Didier Masseau ? Les philosophes cherchent-ils à connaître ou à convaincre le plus grand monde ?
Camille Riquier poursuit l'exploration en nous invitant à étudier la richesse de la pensée de Péguy, lui dont la "conviction totale imposait le respect", selon Gide.
Enfin, c'est à un étonnant voyage chez les antirévolutionnaires en compagnie de Jean-Yves Pranchère que nous sommes conviés.
Retour, donc, sur les fondements philosophiques des critiques des illusions du progrès et de la célébration de la tradition par ces ceux qui rejetaient la Raison universelle et préféraient parier "sur l'obscurité comme force d'éclaircissement" (Annie Le Brun).
La culture de gauche -anarchiste, socialiste, communiste- s’est toujours projetée dans le futur, en y inscrivant le souvenir d’un passé de luttes. Il y a presque trente ans, la fin du socialisme réel a rompu cette dialectique entre passé et futur et engendré une vision mélancolique de l’histoire comme remembrance des vaincus, en révélant une "tradition cachée" de la gauche.
Son principal représentant est sans doute Walter Benjamin, mais elle inclut une vaste constellation d’auteurs, d’Auguste Blanqui à Rosa Luxemburg, de Lucien Goldmann à Daniel Bensaïd. Cette mélancolie de gauche n’est ni passive ni résignée ; elle tisse la trame d’un travail du deuil qui stimule la pensée critique et la refondation d’un projet émancipateur.
Huit ans. Il leur aura fallu huit ans pour réaliser leur rêve. Ils se sont mis à quatre pour mettre sur pied une édition des œuvres complètes de Henri Saint-Simon (1760-1825).
Cette entreprise éditoriale hors du commun arrive à point nommé. Car Saint-Simon est le premier grand penseur français du "changement social" et de la société industrielle. C’est un mutant qui voulait en finir avec la politique classique et mener à son terme la Révolution française. L’auteur du Catéchisme des industriels (1823-1824) est donc l’homme de la situation. Il peut nous aider après la tempête néolibérale à conserver et améliorer nos chaînes de valeur qui font appel à un capital humain d’ouvriers qualifiés, de techniciens et d’ingénieurs compétents il peut nous aider à recouvrer une confiance envers l’avenir.
C’est parce qu’il ne venait pas à bout de la crise politique, morale, et sociale qu’il traversait, que Saint-Simon a envisagé pour son époque – et aussi inventé – comment il était possible de régénérer la société, sans la détruire. L’œuvre de Saint-Simon est hors normes, c’est une œuvre de carrefour, que l’on confond souvent avec celle de son ancêtre, le mémorialiste, que l’on amalgame à ses disciples fidèles ou infidèles – les saint-simoniens de Ménilmontant ou des beaux quartiers.
Ceci est une profonde erreur. Car Saint-Simon est un pionnier, un vrai précurseur. En se prononçant pour un capitalisme industriel équitable, ainsi qu’une propriété sociale respectueuse du travail, il rétablit la compétence de tous, il décharge la société des consommateurs non producteurs, il réactive l’esprit du socialisme.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Philippe Petit.
C'est en revenant sur les expériences de l'Action française, du syndicalisme révolutionnaire français et de leur jonction au sein du Cercle Proudhon que Pierre de Brague (auteur chez Kontre Kulture et militant d'E&R), Stéphane Blanchonnet (président du Comité directeur de l'Action française) et Louis Alexandre (rédacteur en chef de la revue Rébellion) abordent les tentatives historiques d'articulation des questions nationale et sociale en France.
Sommaire des questions de la quatrième partie :
0'00'02 : La question sociale et la question nationale, deux pôles affaiblis par leur dissociation
0'02'00 : Déclin de l'AF suite au départ de Georges Valois, thèse de Bertrand Renouvin
0'04'15 : Génération Maurras, renouveau militant et question sociale
0'05'14 : Première Guerre mondiale, fracture au sein du syndicalisme et attachement à la patrie
0'11'00 : Le Front National, bénéficiaire de la négation de la question nationale par la "Gôche"
0'14'42 : Métamorphose de la lutte des classes, le peuple contre les élites
0'20'45 : La réduction identitaire, piège pour les mouvements nationalistes
0'24'30 : Le libéralisme, négation de toute détermination
0'29'10 : Faiblesse du peuple français et absence de sacré
0'33'18 : Maurras et Marx, deux visions de l’Homme
0'40'05 : Nomadisme et syndicalisme
0'42'48 : Corporatisme maurrassien et corporatisme fasciste