Nous avons quitté le poisson rouge dans son bocal numérique : parfaitement libre, ouvert à tout, mais incapable de grandir, en difficulté pour se concentrer plus de 8 secondes, épuisé par le temps qui file et par les sollicitations infinies. Et travaillé par les algorithmes… Et nous l'y retrouvons, après une expérience mondiale inédite : un poisson rouge confiné, sauvé par sa capacité technique à échanger, travailler, regarder, garder le contact, se divertir… et découvrant, en accéléré, sa prison numérique – libre de tout connaître mais perdant le désir ; parlant à tous et chacun, mais avide de rencontres véritables ; le dos tassé, les yeux rougis, continuant la vie avec un léger sentiment de vide et d’attente….
Impossible de rembobiner : à nous de faire avec cette nouvelle civilisation, qui nous a emportés et transformés en vingt ans. Déconnecter est un leurre : mais lutter avec souplesse ; transformer nos façons de faire, de connaître, d’aimer ; se chercher des rites ; réformer notre langage ; déjouer l'Intelligence artificielle ; et surtout, se créer une plage de temps à soi, chambre virtuelle, mains vides, regards vers le ciels : telles sont les leçons et pistes possibles proposées par Bruno Patino.
D'une méditation sur le temps à un souvenir de wifi en panne, d'un petit déjeuner avec Zuckerberg à une méditation sur les stages de déconnexion durs du patron de Twitter, d'une addiction personnelle à une promenade en forêt sans écran…. Libérez-vous. Renaissez. Petit poisson rouge deviendra grand !
Émission "Idées", animée par Pierre-Edouard Deldique
Quiconque possède un brin d'esprit philosophique (et scientifique) et n'est pas trop aveuglé par les problèmes quotidiens et le dogme politico-économique de la croissance, ne peut qu'être frappé par cette lancinante rumeur qui semble à la fois tomber du ciel et remonter des entrailles de la Terre : une espèce zoologique singulière, Homo sapiens faber (V.Vernadskv), est devenue une nouvelle force géologique. L'humanité "civilisée", depuis la révolution thermo-industrielle, est désormais capable d'accélérer et de prendre la direction de l'évolution de toute la Biosphère. Mais n'est-ce pas jouer aux apprentis sorciers ?
La biologie moderne, en faisant triompher une conception moléculaire du vivant, a fait de l'ombre à l'essor, tout aussi fondamental, de la biologie environnementale et de l'écologie globale, la science de la Biosphère, ignorée par les sciences économiques et sociales. Malgré les illusions du Développement, l'expansion de la civilisation scientifico-militaro-industrielle heurte de plus en plus les limites de la Biosphère dont les sociétés humaines dépendent tout autant que n'importe quelles autres formes de vie.
- 0'00'30 : Qui êtes-vous ?
- 0'01'40 : Où sommes-nous ?
- 0'02'40 : Vernadsky
- 0'25'15 : De la biosphère à Gaïa
- 0'35'10 : La biosphère de l'anthropocène
- 0'45'00 : Nicholas Georgescu-Roegen
- 1'04'25 : Comment voyez-vous l'avenir ?
Il y a des révolutions technologiques aujourd'hui, par exemple dans le numérique ou le biologique, l'intelligence artificielle ou les "bio-objets". Mais au lieu de discuter sans fin de leurs promesses ou dangers à venir, regardons leurs effets réels, dès maintenant.
Au lieu de spéculer sur les transformations, de susciter des espoirs ou des peurs et même des paniques, regardons comment elles fonctionnent, socialement, économiquement, avant de voir comment y répondre éthiquement, politiquement. Regardons comment les humains vivent avec ces objets, mettons en contact les acteurs de ces transformations et les autres dimensions de nos vies.
C'est ce que font, bien différemment, mais avec ce même souci, Céline Lafontaine en sociologue de la science concrète, des "bio-objets" et des vivants humains, et Eric Salobir, en économiste des nouvelles technologies, fondateur d'un think tank, mais aussi prêtre, et conseiller du Vatican.
Ne spéculons plus sur l'avenir, mais construisons le présent.
Émission "À présent", animée par Frédéric Worms.
Sur son site partage-le.com, Nicolas Casaux développe un discours écologiste radical et propose une analyse résolument technocritique. L'occasion de partager une conversation autour du progrès et de ses méfaits, des "exigences des choses plutôt que l’intention des hommes", des éco-charlatans, du transhumanisme et du transgenrisme, mais aussi de féminisme, de littérature, de nature et de la quête vers l'autonomie.
Si, du fait des technologies de communication, l'humanité produit autant d'information toutes les deux ou trois heures qu'elle en a produit depuis sa naissance, le sentiment de chaos qui nous saisit chaque matin sitôt qu'on allume la télé ou son ordinateur n'est peut-être pas étonnant.
Comment, dans le désordre général, faire entendre quoi que ce soit d’autre que son propre désordre ? Comment raconter quelque chose qui fasse sens ? Que reste-t-il même de la notion de récit dans un tel brouhaha ? Est-on en train de sortir de la société de l'écrit pour celle du bavardage, du bulshitt ou du clash ?
Telles sont les questions auxquelles se confrontent Christian Salmon et Sébastian Dieguez, à l'heure où l'explosion de l'information ruine tout crédit dans la notion même de récit.
Émission "Signes des temps", animée par Marc Weitzmann.
"La théologie et la physique sont [...] profondément incompatibles, leurs conceptions ont un caractère radicalement opposé", écrit Auguste Comte dans son célèbre Cours de philosophie positive en 1829. Il n'est pas nouveau de considérer que la religion menace la science, au moins depuis l'affaire Galilée dont elle est devenue le symbole. Alors : la croyance est-elle définitivement l'ennemie de la science ? La foi et la raison sont-elle incompatibles ?
Le mathématicien et philosophe Olivier Rey et la physicienne et directrice de l'Institut Biblique de Nogent Lydia Jaeger cherchent à répondre à ces questions par une réflexion sur les méthodes et les buts de la science, en comparaison avec ceux de la religion.
L'observation de la transgression de limites tout autant que celle de l'isolation abusive de ces deux pratiques humaines livrent la clé pour comprendre les tensions souvent ressenties et pour indiquer des interactions fructueuses possible.
Auteur et traducteur pour le site Le Partage et les Éditions Libre, Nicolas Casaux publie des analyses consacrées à l'écologie, l'activisme et la civilisation industrielle.
Il revient dans cet entretien sur son parcours de politisation, de l'anarchisme à la critique de la civilisation, où l'analyse sociale répond toujours au souci écologique.
Dans un second temps, c'est la critique de la société industrielle qui est développée plus en détails, en se demande s'il existe quand même, dans une optique primitiste, des technologies que l'on pourrait qualifier de démocratiques.
La souveraineté numérique, parfois appelée aussi cybersouveraineté, est l'application des principes de souveraineté au domaine des technologies de l'information et de la communication, c'est-à-dire à l'informatique et aux télécommunications.
Mais quelles sont les enjeux réels et en quoi les états et ses citoyens sont-ils directement affectés ? Quelles sont les solutions envisageables permettant d'assurer la sécurité collective et individuelle des données numériques que nous produisons et utilisons massivement aujourd'hui ?
Une stratégie permettant d'assurer la souveraineté numérique de nos états, de nos institutions et de nos entreprises nationales est plus que nécessaire : elle est urgente.