Dans un espace géographique occidental limité, le catholicisme "romain" a su participer au développement d'une civilisation originale : unité de l'Europe, primauté de la paix et limitation de la guerre, laïcité, droits de l'Homme, égalité femmes-hommes, condamnation de l'esclavage, souci de l'enseignement, possibilité de la science, notamment, en sont les fruits.
Par l'action conjointe et souvent conflictuelle de deux acteurs - l'Église et l'État -, les énergies ainsi libérées ont permis à l'Europe chrétienne d'acquérir, à l'époque moderne, une supériorité technique qui l'a conduite à dominer le monde et à prétendre y imposer sa civilisation.
Mais l'Occident se trouve désormais au banc des accusés. À l'extérieur, on conteste son hégémonie, invoquant des griefs présents et passés. À l'intérieur, les uns, surenchérissant sur le monde, exigent qu'il fasse repentance de ce qu'il a été - conquérant, dominateur, homogénéisateur... tandis que d'autres, nostalgiques de la "chrétienté", lui font grief de ce qu'il ne serait plus assez "chrétien".
À l'heure du doute, Jean-François Chemain nous livre une réflexion puissante et originale sur les apports civilisationnels du christianisme et la légitimité de leur devenir.
Émission "Au fil des pages", animée par Virgile Tercia.
Léon Bloy (1846-1917) est un écrivain prophète, annonçant l'espérance à coups de marteau. Son verbe vise à réveiller la tiédeur des modernes en leur rappelant qu'il n'y a qu'une vraie tristesse, c'est de n'être pas des saints.
Cette exigence redonne à l'invisible toute la place qui lui revient. On y entend un gai savoir : les puissants sont mis à nu et la souveraineté des misérables est célébrée sans niaiserie.
Les croisades étaient-elles une entreprise impérialiste à l'encontre de l'Orient musulman ? L'Inquisition a-t-elle brûlé des milliers d'hérétiques ? La chrétienté médiévale était-elle antisémite ? L'Église s'est-elle vraiment interrogée pour savoir si les femmes avaient une âme ? Les papes de la Renaissance ressemblaient-ils tous aux Borgia ? Pendant les guerres de Religion, les catholiques ont-ils fait preuve d'intolérance alors que les protestants incarnaient la liberté d'esprit ? Galilée a-t-il été condamné parce que les papes s'opposaient aux découvertes scientifiques ? L'Église du XIXe siècle était-elle par principe hostile à la modernité ? Dans les années 1930, le Vatican s'est-il aveuglé par anticommunisme sur les dangers du fascisme et du nazisme ?
Historien et journaliste, Jean Sévillia a dirigé un ouvrage coordonnant les réponses apportées par quinze historiens à ces questions explosives, qui visent d'abord à remettre en contexte chaque question dans son époque, avec le souci d'éviter tout anachronisme.
Sans jamais remplacer la légende noire par une légende dorée, cette contribution redonne sa place à une investigation historique sans préjugés et sans œillères.
Si le purgatoire est "né" au Moyen Âge, il n'a jamais été aussi populaire qu'au XIXe siècle. Comment expliquer ce phénomène qui fit de la dévotion aux âmes du purgatoire l'une des pratiques les plus répandues de l'Europe catholique ?
Aux sources de cette renaissance, on trouve la force du "culte des morts", la nécessité de répondre aux revendications affectives des fidèles et au discrédit massif de l'enfer, enfin la volonté de l'Église de contrecarrer l'expansion du spiritisme. On a beaucoup insisté alors sur le rôle d'intercesseur des âmes du purgatoire, sur la sollicitude à l'égard des "âmes délaissées", car sans famille ici-bas ou trop pauvres pour payer des messes.
Or, au début du XXe siècle, au terme de cette ultime phase de prospérité, le purgatoire s'efface peu à peu des consciences et des représentations. À l'origine de cette révolution des mentalités : la Grande Guerre, et ses millions de disparus.
Émission "Les Racines du ciel", animée par Frédéric Lenoir.
Depuis David Ben Gourion, Israël a toujours revendiqué sa filiation directe avec l'Israël des temps bibliques. Quoi qu'on pense de la légitimité de cette filiation, le modèle biblique détermine dans une large mesure les projets d'Israël et son comportement à l'égard de ses voisins. De fait, les Gazaouis sont traités comme le furent les Amalécites selon la Bible, avec l'encouragement de Netanyahou.
Par conséquent, toute critique sérieuse d'Israël doit commencer par une analyse sans concession de l'idéologie suprémaciste de la Bible hébraïque.
La France s'est longtemps définie comme la fille aînée de l'Église. Dans la République laïque, le catholicisme est resté majoritaire jusqu'à la fin des années 50. Conjointement une foi mais aussi une pratique, le catholicisme portait notamment la sanctification des fêtes, la messe dominicale, la confession annuelle et le respect des règles de jeûne.
En quelques décennies, la pratique s'est si spectaculairement évaporée que l'historien Guillaume Cuchet se demande si le catholicisme a encore de l'avenir en France !
L'hypothèse de sa disparition n'est donc plus aberrante mais plausible ; qu'est-il arrivé pour qu'une telle question se pose aujourd'hui ?
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
Progressivement, après le Concile Vatican II, un certain nombre de défenseurs de la messe traditionnelle ne vont plus reconnaître le Pape comme légitime. Bien qu'ils ne représentent actuellement pas un tout unifié, les sédévacantistes, puisque c'est ainsi qu'on les désigne, arrivent tous à la même conclusion, à savoir que l'occupant actuel du siège de Rome est un usurpateur et que L'Église catholique n'est plus la véritable Église du Christ.
Cette controverse trouve son origine dans la compréhension de l'infailibilité du magistère de l'Eglise et mérite donc un débat en bonne et due forme : c'est ce que nous proposent Adrient Abauzit et Monsieur K en exposant chacun les arguments qui sont les leurs.
C'est à l'occasion de la sortie de La défaite de l'Occident (Gallimard, 2024) qu'Emmanuel Todd, anthropologue, démographe et historien, nous alèrte sur le nouveau stade critique que nous avons atteint : après la religion zombie, la religion zéro règne partout, et plonge l'Occident devenu consommateur et parasitaire dans un nihilisme total, qui le pousse à poursuivre des actions absurdes et autodestructrices.
Dans quelle dynamique sommes-nous embarqués et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Comment doit-on comprendre les agissements des autres pôles de puissance sur la planète ?