Paul de Tarse est une énigme qui a fasciné de nombreux penseurs (Augustin, Luther, Nietzsche, Freud, Heidegger, Ricœur). Pour l'atteindre au plus près, Olivier Boulnois se propose ici de remonter, en-deçà de toutes les interprétations qui l'adaptent en prétendant le respecter, jusqu'à ses Épîtres elles-mêmes. Il discute ainsi ses principaux interprètes du XXe siècle, en s'appuyant sur des recherches historiographiques récentes.
En Paul se joue un nouveau rapport entre le judaïsme et le logos grec qui donnera naissance au christianisme. Mais, au lieu d'apparaître comme celui qui dépasse le judaïsme ou rejette la philosophie, Paul se présente ici comme de part en part juif (par la religion) et grec (par la culture). C'est seulement sur ce fond que peut surgir l'originalité de l'adhésion au Messie Jésus. En effet, Paul exprime et guide l'expérience religieuse des nouvelles communautés messianiques : la théorie est pour lui inséparable de la pratique. Il décrit un nouveau rapport au monde, à autrui et à soi-même, renouvelant ainsi les concepts fondamentaux de l’existence (parole, monde, temps, mal, etc.).
Mieux comprendre Paul, c'est donc être introduit philosophiquement à l'essence du christianisme.
Dans son livre La fabrique du musulman, Nedjib Sidi Moussa, dʼorigine algérienne, analyse la propagation dʼune fièvre identitaire brouillant les clivages économiques et sociaux. Les obsessions religieuses ou raciales touchent toutes les chapelles depuis lʼextrême-droite jusquʼà la "gauche de la gauche" évoquant parfois la notion fumeuse de "race sociale".
Des universitaires, des intellectuels, des politiques signent des appels pour le "droit à la non-mixité" raciale. En serait-il donc fini de lʼuniversalisme et de lʼinternationalisme ?
Émission "Trous noirs".
Le monde n’est pas le même selon l'endroit d'où on le regarde ni selon la manière de chausser ses lunettes. Emmanuel Todd, au cours de bientôt cinquante années de recherche et d'écriture, nous a livré des analyses qui se sont distinguées des modèles économiques et sociologiques dominants tendant à tout placer sous le prisme d'un développement mesuré par un PIB à prétention universelle.
Ainsi, en publiant en 1976 La chute finale, des signaux comme le taux de mortalité infantile, les taux de suicide ou d'alcoolisme l'ont conduit à prévoir l'effondrement de l'URSS à contre-courant de l'opinion générale. Son travail intègre aussi les types familiaux, les religions et ses substituts ainsi que la problèmatique de l'accès massif à l'éducation supérieure dans la structuration des classes sociales. Grâce à une cartographie des divers phénomènes sociétaux, économiques et anthropologiques, par "empilement", Emmanuel Todd parvient à établir des relations scientifiques, des corrélations entre des événements.
Aujourd'hui, en ayant détecté en d'autres lieux l'état "zéro" du protestantisme, l'élévation de la mortalité infantile et des taux de suicide, conforté par la désindustrialisation persistante, l'utilisation du reste du monde pour les productions essentielles et quelques dérives sociétales, il pense qu'un basculement se produit sous nos pieds. Vers un nihilisme, sans relève.
La question du déclin de l'Occident appartient au débat de type scientifique et, à ce titre, mérite d'être interrogée avec rigueur et méthode.
Dès la première année de son pontificat, le pape François initiait un dialogue inédit, très peu connu en France, dit DIALOP entre des catholiques – notamment issus du Mouvement des Focolari – et des militants politiques de différents pays européens qui ancrent leur engagement dans la pensée marxiste. Ce processus, qui fête aujourd'hui ses dix ans d'existence, a mené à des prises de position communes, chose inenvisageable il y en a encore quelques décennies.
Tout au long du XXe siècle, en effet, chrétiens – catholiques en particulier – et marxistes se sont affrontés, les premiers réduisant le marxisme à sa dimension matérialiste et athée, les seconds réduisant la pensée de Marx et Engels sur la religion à la formule souvent mal comprise d' "opium du peuple".
Aujourd'hui, le contexte a changé. Voilà par exemple ce qu'a déclaré l'Autrichien Walter Baier, le président du Parti de la gauche européenne et l'un des acteurs les plus impliqués dans DIALOP : "Je pense qu'avec l'élection du Pape François, la situation a complètement changé, de manière substantielle. Non seulement pour l'Église catholique, mais aussi pour toutes les forces philosophiques et culturelles qui s'opposent au néolibéralisme. Car ce que le pape enseigne est – je dirais – une manière de s'unir, qui s'oppose au consumérisme individuel. Cela place le pape et les milieux de l'Église qui le suivent dans une position proche de celle de la gauche, qui cherche à mettre l'accent sur des valeurs collectives communes."
Sans être marxiste lui-même, le pape argentin, formé dans la théologie du peuple, a vu les fruits que pouvait porter ce type ce dialogue. Quels sont-ils ? Pourquoi christianisme et marxisme se sont-ils opposés historiquement ? Comment peuvent-ils aujourd'hui contribuer à bâtir ensemble un ordre social moins injuste ?
Pour Henry de Lesquen, un nationaliste français ne saurait être ni judéophile ni sioniste. En voici les raisons.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'02'22 : Le judaïsme n'est pas le judaïsme
- 0'11'04 : Le judéo-christianisme est un mythe
- 0'27'17 : Le judaïsme est une religion raciste
- 0'42'56 : Les Juifs ne sont pas d'une essence supérieure
- 0'57'10 : Les Juifs ne sont pas juifs
- 0'59'55 : L'hébreu n'est pas de l'hébreu
- 1'02'33 : L'antisémitisme n'est pas de l'antisémitisme
- 1'05'33 : Les Juifs sont des immigrés comme les autres
- 1'07'30 : Dreyfus était coupable et l'affaire Dreyfus était un complot juif
- 1'11'20 : Il y a une religion de la Choah
- 1'21'06 : Questions du public
Dans un espace géographique occidental limité, le catholicisme "romain" a su participer au développement d'une civilisation originale : unité de l'Europe, primauté de la paix et limitation de la guerre, laïcité, droits de l'Homme, égalité femmes-hommes, condamnation de l'esclavage, souci de l'enseignement, possibilité de la science, notamment, en sont les fruits.
Par l'action conjointe et souvent conflictuelle de deux acteurs - l'Église et l'État -, les énergies ainsi libérées ont permis à l'Europe chrétienne d'acquérir, à l'époque moderne, une supériorité technique qui l'a conduite à dominer le monde et à prétendre y imposer sa civilisation.
Mais l'Occident se trouve désormais au banc des accusés. À l'extérieur, on conteste son hégémonie, invoquant des griefs présents et passés. À l'intérieur, les uns, surenchérissant sur le monde, exigent qu'il fasse repentance de ce qu'il a été - conquérant, dominateur, homogénéisateur... tandis que d'autres, nostalgiques de la "chrétienté", lui font grief de ce qu'il ne serait plus assez "chrétien".
À l'heure du doute, Jean-François Chemain nous livre une réflexion puissante et originale sur les apports civilisationnels du christianisme et la légitimité de leur devenir.
Émission "Au fil des pages", animée par Virgile Tercia.
Léon Bloy (1846-1917) est un écrivain prophète, annonçant l'espérance à coups de marteau. Son verbe vise à réveiller la tiédeur des modernes en leur rappelant qu'il n'y a qu'une vraie tristesse, c'est de n'être pas des saints.
Cette exigence redonne à l'invisible toute la place qui lui revient. On y entend un gai savoir : les puissants sont mis à nu et la souveraineté des misérables est célébrée sans niaiserie.
Les croisades étaient-elles une entreprise impérialiste à l'encontre de l'Orient musulman ? L'Inquisition a-t-elle brûlé des milliers d'hérétiques ? La chrétienté médiévale était-elle antisémite ? L'Église s'est-elle vraiment interrogée pour savoir si les femmes avaient une âme ? Les papes de la Renaissance ressemblaient-ils tous aux Borgia ? Pendant les guerres de Religion, les catholiques ont-ils fait preuve d'intolérance alors que les protestants incarnaient la liberté d'esprit ? Galilée a-t-il été condamné parce que les papes s'opposaient aux découvertes scientifiques ? L'Église du XIXe siècle était-elle par principe hostile à la modernité ? Dans les années 1930, le Vatican s'est-il aveuglé par anticommunisme sur les dangers du fascisme et du nazisme ?
Historien et journaliste, Jean Sévillia a dirigé un ouvrage coordonnant les réponses apportées par quinze historiens à ces questions explosives, qui visent d'abord à remettre en contexte chaque question dans son époque, avec le souci d'éviter tout anachronisme.
Sans jamais remplacer la légende noire par une légende dorée, cette contribution redonne sa place à une investigation historique sans préjugés et sans œillères.