Pour ce premier numéro de Sécession, Julien Rochedy revient sur l’actualité de l’été mais aussi sur des sujets qui méritent approfondissement et réflexion.
Sommaire de l'entretien :
0:00:41 : Présentation et parcours
0:08:40 : Pronostics pour 2017
0:29:39 : La stratégie du FN est-elle la bonne ?
0:36:48 : Quelle réponse face au terrorisme ?
0:41:54 : La France otage des syndicats ?
0:48:53 : L’Église et le pape
0:55:55 : Trump et les élections américaines
0:59:52 : Brexit et Frexit
1:09:09 : Situation en Syrie
1:16:39 : Le bonapartisme aujourd’hui
1:27:32 : Assimilation, remigration, communautarisme… vers un néo-féodalisme
1:43:57 : Avis sur la peine de mort
1:47:22 : Livres de chevet
Les Européens sont victimes d'un déni de nation. Alors que le modèle de l'État-nation est dominant dans le monde, les peuples européens sont sommés d'y renoncer pour se dissoudre dans l'universel.
Mais chaque groupe humain a besoin d'un cadre correspondant à son identité, et dont la forme la plus adéquate est aujourd'hui l'État-nation. Jugée normale pour les États-Unis, la Chine ou l'Inde, la fierté nationale est interdite à la France. Celle-ci, reniant son histoire et sa culture, devient un insipide Hexagoland à la dérive, noyé dans une calamiteuse Union européenne qui n'aime pas les Européens et ne veut pour identité collective qu'une ouverture inconditionnelle à l'autre.
L'exemple de petites nations hères de leur particularisme et résolues à le préserver, comme Israël ou la Suisse, montre que, pour un pays, mieux vaut être seul et déterminé plutôt que mêlé à un groupe confus et tyrannique qui le fait mourir à petit feu.
Le salut de l'Europe passe par la réintroduction d'un nécessaire et légitime particularisme national. Il faut faire revivre les peuples d'Europe, en recentrant l'État sur la nation.
Emission du "Libre journal des Droits et des Libertés", animée par Jean-Philippe Delsol, assisté de Nicolas Lecaussin.
Jacques Ellul, dont les réflexions sur la technique se sont imposées comme les plus importantes, a été l'un des tout premiers à mettre en évidence le caractère omniprésent et multiforme de la propagande.
Dépassant les définitions classiques, il a montré que la propagande n'était pas l'apanage des dictatures, mais une nécessité pour tous les régimes, qu'elle ne se limitait pas à la guerre psychologique, mais englobait aussi les "public and human relations" destinées à adapter l'homme à une société.
Plusieurs années après la publication du livre Propagandes (1962), l'universitaire Randal Marlin vient l'interroger sur l'actualité de cette technique.
"Aux commandements qui imposaient simplement de servir le Seigneur, exigeant une soumission aveugle, une obéissance sans joie, étouffante, sans amour, c'est-à-dire aux commandements du culte, Jésus opposa leur exacte antithèse, un instinct et même un besoin de l'homme." Hegel, L'Esprit du christianisme et son destin, 1797
En s'inscrivant dans la séquence Hegel/Marx/Engels, Francis Cousin nous propose une traduction philosophique des évangiles pour leur rendre leurs portées subversive et révolutionnaire, aujourd'hui étouffées.
Alors que l'actualité nous rappelle régulièrement le triste sort des différentes communautés chrétiennes orientales, Marion Sigaut, Youssef Hindi et Jean-Michel Vernochet nous brossent un tableau général de leur situation.
Les faits avancés sont basés sur des recherches approfondies autant que sur le vécu des intervenants dans la région (Marion Sigaut particulièrement).
Une mise au point importante à l'heure où l'Empire joue des rivalités confessionnelles pour diviser les efforts de contre-offensive.
L'abbé Thierry Gaudray (FSSPX) nous donne une conférence sur la position de l’Eglise catholique face à l'idéologie nazie durant la seconde guerre mondiale, position qui a été depuis quelques années la cible de diffamations et de distorsions historiques ayant contribuées à créer un certain nombre de mythes populaires (l'exemple typique étant le film Amen de Costa-Gavras).
Le traitement systématiquement négatif de la Russie dans les médias français et occidentaux est indiscutable : corruption, guerres dans le Caucase, atteinte aux droits de l'homme, opposition politique interdite, attentats à Moscou, discothèques qui brûlent, démographie qui s'effondre, minorités sexuelles menacées... Même lorsque la Russie mène seule une guerre juste en Syrie contre ce danger pour la France qu'est l'Emirat islamique, comme les derniers attentats nous l'ont démontré, les médias s'en prennent au Kremlin qui serait une menace pour la paix et la sécurité.
Ce traitement médiatique n'est pas le fruit du hasard. Il est en réalité l'une des facettes de la guerre totale menée contre la Russie renaissante. Une guerre qui monte en intensité au même rythme que le réveil russe bouscule l'agenda voulu par des élites occidentales souhaitant imposer à la Russie, comme à l'Afrique ou l'Amérique du Sud, une occidentalisation forcée sous domination morale, politique, économique et spirituelle américaine. Une guerre qui traduit l'emprise quasi totale sur le monde médiatique, politique et intellectuel français d'une nouvelle idéologie, l'atlantisme, cette variante européenne du néoconservatisme américain.
Notre pays doit briser cette dynamique qui l'engage sur une trajectoire extrêmement risquée pouvant mettre en péril sa sécurité et même son existence. La France doit ressurgir par une nouvelle trajectoire stratégique et historique qui lui permette d'initier son retour dans l'histoire.
Elle pourrait pour cela prendre modèle sur la Russie dont chacun pensait, au coeur de cet hiver 1999, qu'elle était au bord de la disparition, alors que le pays allait, au contraire, connaître une incroyable renaissance, que l'on peut qualifier de printemps russe.
Le désenchantement qui accompagne notre modernité nous rend plus attentifs à celui des hommes et des femmes qui, en plein XIXe siècle, doutaient des vertus du progrès, des fantasmagories de la technique et de la toute-puissance du sujet rationnel – autant de grands récits devenus hégémoniques, mais dont l'épuisement récent a profondément renouvelé le regard sur ce siècle.
Depuis une trentaine d'années, les historiens insistent sur les multiples possibles qui se sont entrouverts alors et qui portaient en eux les germes d'une émancipation qui ne s'est pas produite. Ils repensent en profondeur les chemins de l'industrialisation et les conflits qu'elle a engendrés, ils restituent les mutations du temps et de l'espace perçus, ils déconstruisent les illusions de la culture "démocratique" et d'un "universalisme" exclusivement blanc et masculin, ils retracent aussi les formes plurielles de l'expérience coloniale, entre violences extrêmes et accommodements...
Ce sont tous ces déplacements historiographiques, et bien d'autres encore, dont les invités proposent de nous entretenir, afin que nous puissions mieux prendre la mesure de ce qui nous sépare et nous rapproche de la société de ce temps.