L'hérésie cathare s'est trouvée au confluent de plusieurs grands mouvements de l'Histoire de l'Europe : la volonté des papes d'assumer le pouvoir temporel concurrente avec celle des empereurs germaniques de contrôler la puissance spirituelle, et la volonté d'indépendance et d'expansion des rois capétiens. Il s'en est suivi une tragédie qui a marqué durablement le midi languedocien. En effet, la contre-Eglise hérétique a dû faire face à la croisade décidée par Innocent III, puis, devant son échec, à l'organisation d'une machine judiciaire et policière créée pour la combattre : l'Inquisition.
Pendant des siècles, l'interprétation de ce phénomène historique étrange a été rendue impossible à cause de l'instrumentalisation partisane des évènements par des courants religieux et politiques : le protestantisme, d'abord, puis le régionalisme et l'anticléricalisme. Même la lecture de cette Histoire par l'Eglise a été faussée par les impératifs de la conversion, de sorte que la mémoire du catharisme s'est trouvée engluée dans un ésotérisme proche de la mystification.
Le but de cette conférence est de remettre les choses en place en s'appuyant sur les recherches les plus récentes.
Dans son livre Philologie et Liberté, récemment traduit au éditions Delga, Luciano Canfora établit explicitement le lien entre l'analyse rigoureuse des textes –la philologie– et l'indépendance et la fierté intellectuelle, cette liberté de pensée qui est la grande réalisation de l'époque moderne.
En septembre 1943, Pie XII publie une encyclique, Divino afflante spiritu, pour proclamer que la critique des textes dits "sacrés" est une pratique légitime. Cette concession tardive a permis de "dédouaner" la plus subversive des disciplines, la philologie, et a autorisé les chercheurs à soumettre la "parole de Dieu" à une analyse critique. Mais le chemin vers ce document papal historique fut laborieux, dégoulinant de censure et de répression de la liberté de pensée.
À travers l'histoire fascinante des disciplines philologiques, des premiers spécialistes de l'Écriture Sainte qui ont osé soumettre des textes intouchables à Érasme de Rotterdam, Spinoza et Giordano Bruno, des obscurs copistes médiévaux qui ont sauvé les grands écrits de l'Antiquité aux philologues de l'époque moderne qui ont rétabli la vérité historique de l'écriture et de la tradition contre les mystifications idéologiques ou religieuses, Luciano Canfora montre comment la philologie est une pratique de la liberté intellectuelle, de l'indépendance de la recherche et du droit des hommes à la vérité contre tout obscurantisme.
Un livre ici présenté par son éditeur et traducteur Aymeric Monville ainsi que le professeur Luigi-Alberto Sanchi, helléniste reconnu.
La philosophie et la spiritualité bouddhique n'est pas la doctrine d'un seul homme -le Bouddha- mais le fruit des réflexions accumulées de très nombreuses générations de penseurs. A partir de l'enseignement originel, il s'est développé librement dans diverses directions.
Cette session de questions/réponses entend répondre aux besoins de clarifications que les approches dogmatiques ne permettent pas d'assouvir en approchant le sujet sous la forme d'un "recueil" de problématiques.
Car pour nous, occidentaux, la perception de cette spiritualité reste engluée dans un vocabulaire chariant deux milliénaires de tradition chrétienne...
sur des sujets liés au bouddhisme.
Les papes récents à la tête de l'Eglise catholique déconcertent bon nombre de fidèles par certains affirmations qui semblent contredire plusieurs siècles de théologie et de pratique chrétiennes. Le croyant sain d'esprit peut donc légitimement s'interroger sur les pontifes depuis Vatican II, dont les décisions contredisent la doctrine antérieure.
Maxence Hecquard et Bernard Gantois tentent alors de montrer que le Siège de Pierre est vacant depuis le concile Vatican II, pour cause d'hérésie. Renvoyant dos à dos les diverses théories de légitimation, ils proposent une réponse fondée sur l'exégèse patristique et médiévale des livres prophétiques de la Bible.
Émission "Anthologie de la création", animée par Daniel Habrekorn.
Philosophe russe installé à Paris, Léon Chestov cherche à déconstruire le rationalisme des Lumières et défend la part spirituelle de l'existence à travers une oeuvre riche et originale.
Il est lié à tous les grands penseurs de son temps et joue un rôle important dans l'entre-deux guerres.
Martin Steffens, professeur agrégé de philosophie, revient sur la trajectoire et l'oeuvre de cet auteur si étranger à la pensée occidentale.
Une conférence de l'Observatoire de la modernité.
À chaque expulsion des juifs d'un royaume d'Europe, un grand nombre optait pour la conversion, et, même s'ils "judaïsaient" pendant une ou deux générations, ils finissaient par s’intégrer dans la chrétienté. Mais la conversion forcée, sans autre alternative que la mort, d'une centaine de milliers de juifs portugais (la plupart exilés d'Espagne) en 1496 transforma le phénomène en raz-de-marée civilisationnel. La dispersion de ces crypto-juifs animés d'un ressentiment profond et durable contre l'Église catholique, et d'une conscience raciale exacerbée, eut un impact majeur sur l'évolution économique, culturelle et religieuse de l'Europe, du Proche-Orient et des Amériques.
Le milieu marrane fut aussi le creuset du sionisme moderne. Depuis le 17e siècle, les sionistes travaillent l'histoire dans les profondeurs, par infiltration des cercles de pouvoir. Le néoconservatisme, avec son patriotisme de façade, est une forme moderne de crypto-sionisme. Car en dernière analyse, le crypto-judaïsme est bibliquement fondé sur le modèle de Jacob, vêtu "des plus beaux habits d'Ésaü" et disant à son père aveugle : "Je suis Ésaü, ton premier-né" (Genèse 27,15-19).
Qu'en est-il de l'héritage catholique de la France aujourd'hui ? Peut-on parler d'identité chrétienne ?
Les historiens Camille Pascal et Jean Sévillia revisitent les scènes fondatrices de la France catholique qui ont fait de notre pays la "Fille aînée de l'Église", depuis son baptême au Ve siècle jusqu'au divorce inscrit dans la loi de 1905.
Il est plus que nécessaire de renouer avec notre récit national afin de donner une réalité à l'idée même de la France en la faisant connaître, aimer et partager par tout un peuple.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Une chose n'a pas changé depuis le temps d'Esdras (Ve siècle avant notre ère) : Israël a besoin, pour exister, de la protection d'un empire. Ce n'est pas seulement sur la Torah qu'Esdras fonda son État théocratique, mais aussi, si l'on en croit le Livre d'Esdras, sur un édit de l'empereur perse lui donnant autorité sur "tout le peuple de Transeuphratène" (territoires à l'ouest de l'Euphrate).
C'est en utilisant cet exemple comme paradigme que Laurent Guyénot introduit le concept de "métasionisme" qui permet de mieux comprendre la trajectoires des élites juives et leur rapport aux pouvoirs des nations dans lesquelles elles se trouvent.