La gauche a-t-elle tourné le dos aux Lumières ? Qu'est-ce que l'universalisme aujourd’hui ? Race, classe, genre : faut-il hiérarchiser ces combats ou les affronter tous ensemble ?
Pour parler de ces questions qui divisent, la journaliste et militante Rokhaya Diallo débat avec Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS.
Émission "À l'air libre", animée par Mathieu Magnaudeix.
L'universitaire Philippe-Joseph Salazar, spécialiste des argumentaires à vocation publique, nous livre un travail dans lequel il décrit la résurgence de l'idéologie blanche, propulsée sur le devant de la scène internationale par ce qui, aux Etats-Unis d'Amréique, se nomme l'Alt-Right.
Ce travail est le fruit d'une longue enquête qui se veut aussi objective que possible, sans prise de parti : comment saisir sur le vif cette idéologie en gestation, dans une suite de conversations avec les acteurs intellectuels qui pensent l'idéologie blanche.
C'est donc l'occasion de tenter de dessiner les contours de cette idéologie en gestation, probablement appelée à prendre de l'ampleur dans un futur proche...
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Pascal Lassalle.
C'est à partir des livres Les racines intellectuelles du Troisième Reich. La crise de l'idéologie allemande de George L. Mosse (Seuil, 2006) et Les racines intellectuelles de Mein Kampf (Revue d'Histoire de la Shoah, n°208, mars 2018) que Paul Braun nous livre une analyse des racines idéologiques du nazisme.
Car outre les considérations matérielles qui doivent évidemment être prises en compte (unification nationale tardive, défaite de 1918, crise de 29), le nazisme a ceci de particulier qu'il ne peut être compris qu'à partir de ses déterminations idéologiques, spécialement en ce qui concerne l'entreprise d'extermination des juifs d'Europe.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
Imaginons que nous montions au grenier pour explorer les vieux cartons où sont rangées nos archives familiales : qu'aimerions trouver ? Des vieux journaux, souvenirs d'événement remarquables : Combat du 8 mai 1945, quand l'Allemagne nazie capitule... Un autre journal de septembre 1939 qui annonce que la guerre est déclarée. En fouillant encore, nous allons peut-être trouver la correspondance d'un poilu, puis un diplôme de la Légion d'honneur signé par Napoléon, un testament olographe de Louis XIV, une charte médiévale, des papyrus antiques et des tablettes cunéiformes. Pourtant, bien souvent, nous trouvons seulement de vieilles factures, quelques cahiers d'écolier et la notice d'utilisation d'un robot de cuisine.
Hitler lui aussi a exploré les archives et il a demandé à ses archéologues de fouiller, mais ce qu'ils ont trouvé dans le sous-sol allemand n'a pas convenu aux nazis. Alors ils sont partis à travers le monde pour piller les civilisations afin de se construire la leur !
D'où la question que nous nous posons : dans quelle mesure l'idéologie nazie peut-elle être définie comme un ensemble d'emprunts à différentes civilisations ? C'est ce à quoi répondent Johan Chapoutot et Laurent Olivier en interrogeant le rôle de l'archéologie et de l'histoire comme instruments de propagande.
Émission "Le Cours de l'histoire", animée par Xavier Mauduit.
Engagé politique et soignant, Frantz Fanon est né aux Antilles françaises dans l'entre-deux guerres. Il est devenu l'emblème de la lutte anticoloniale à travers son engagement dans la guerre d'Algérie aux côtés du FLN et grâce à son travail psychiatrique sur l'aliénation coloniale dans ses principaux ouvrages : Peau noire, masques blancs et Les Damnés de la terre. Mort en 1961 à 36 ans, quelques mois à peine avant l'indépendance algérienne, il a marqué de son empreinte la fin des empires coloniaux et sa pensée révolutionnaire inspire de nombreux combats, des Black Panthers aux Palestiniens, en passant par les militants anti-apartheid d’Afrique du Sud.
Une série documentaire réalisée par Anaïs Kien.
Du point de vue de la théorie critique, il est désormais impossible d'éviter de traiter le dossier Francis Cousin. Ce "philo-analyste" de profession, docteur en philosophie, n'hésite pas à répondre aux sollicitations de Radio Courtoisie, de TV Libertés ou encore à discuter pendant plus de trois heures avec Étienne Chouard, le tout en professant dogmatiquement une pensée marxienne qui serait celle des origines, débarrassée des rajouts successifs qui n'auraient fait qu'altérer sa substance subversive initiale.
Enfilant les perles et les poncifs éculés jusqu'à la corde, son audience n'a pourtant cessé d’augmenter, jusqu'à devenir celle d'un leader d’opinion.
C'est en compagnie du professeur de philosophie et militant de l'Union Communiste Libertaire Benoit Bohy-Bunel que cette émission produit une analyse critique "radicale et définitive" des théories fumeuses et dangereuses de Francis Cousin.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
La question actuelle de l' "islamophobie" est une bataille sémantique à travers laquelle se joue notre regard sur l'islam en France. Pour le politologue Olivier Roy, l'enjeu est la liberté religieuse dans une société où beaucoup considèrent que le refus des valeurs républicaines relève de la sécession.
Islamisation de la radicalité ou radicalisation de l'islamité ? C'est également la querelle sur le lien entre islamisme et terrorisme qui doit être explicitée, sachant que selon que les pouvoirs publics privilégieront l'une ou l'autre thèse, la place de l'islam en France sera différente.
Du roman en partie autobiographique, Go Tell It on the Mountain, paru en 1953, à Harlem Quartet, son dernier roman quelque peu apaisé, en passant par le théâtre, les multiples essais polémiques et politiques en faveur de l'émancipation des Noirs aux États-Unis, La prochaine fois, le feu, paru en 1962 et dont l'effet fut celui d'une bombe, l'oeuvre de James Baldwin lui valut une notoriété mondiale. Celle-ci, polymorphe et inquiète, fut longtemps oblitérée par le personnage qui hantait le Saint-Germain-des Prés de la fin des années 40 et le militant, ex-pasteur, d'une pauvre famille de Harlem qui haranguait si bien les foules.
Aujourd'hui que les cendres brûlantes ont recouvert les mouvements pacifistes ou violents des Noirs américains des années 60, il est temps de redécouvrir l'œuvre dans toute sa richesse et ses ambivalences. La révolte violente d'un Richard Wright, par exemple, est compensée par les paroles d'amour et d'apaisement de James Baldwin, sous l’œil, évidemment, du FBI. Car Baldwin est l'homme par excellence de l'entre-deux, de l'exil, et il ne pouvait sans doute jamais tout à fait réconcilier en lui le Noir et le Blanc, le féminin et le masculin, la pulsion érotique et la demande de l'impossible amour qui abolirait toute frontière, l'Amérique et l'Europe, New York et Paris, et à la fin de sa vie, Saint-Paul-de Vence où il tentait de guérir de ses blessures et de son pessimisme et où il mourut d'un cancer en 1987.
Noir ou américain, c'est en tant qu'écrivain que James Baldwin voulait être connu et reconnu, et c'est ainsi qu'il faut avant tout le lire et l'écouter.
Un entretien mené par Éric Laurent.