Depuis le classique de René Rémond, les droites n'avaient pas trouvé leur historien. C'est désormais chose faite grâce à la récente synthèse de Gilles Richard qu'il présente ici.
Couvrant plus de deux siècles d'histoire politique et n'hésitant pas à aborder les enjeux contemporains, l'ouvrage évoque bien entendu les partis et leurs métamorphoses, tout en scrutant les cultures politiques et en pointant les grandes mutations.
Depuis 1815, en effet, les temps ont bien changé ! Ce qui faisait clivage au XIXe siècle entre droites et gauches (la République démocratique et laïque) a ainsi laissé place au XXe siècle à un autre clivage : la République qui avait triomphé dans les années 1870-1880 devait-elle être "libérale" comme le souhaitait Jules Ferry, ou bien "sociale" comme le proclama Jean Jaurès ?
En ce début de XXIe siècle, tout semble à nouveau remis en cause : tandis que les gauches sont menacées de disparition, les droites sont aujourd'hui hégémoniques. Mais le pluriel s'impose plus que jamais. De fait, les oppositions ne manquent pas, entre tenants du libéralisme et droite nationaliste, ou entre "les mondialistes" et "les patriotes", comme Marine Le Pen aime à le répéter.
Cette mutation fondamentale surprend ; mais Gilles Richard offre des clés pour comprendre ce qui constitue un enjeu déterminant pour la France d'aujourd'hui et de demain.
- 1_3 : En 1511, le dominicain Antonio Montesinos condamne violemment le traitement que les Espagnols infligent aux Indiens.
Nous sommes à Hispaniola, future Saint-Domingue, découverte en 1492 par Christophe Colomb. Une population de colons s'installe dans l'île dans le but d'exploiter les mines d'or de la région, et pour ce faire, la Couronne d'Espagne répartit entre eux les territoires et les nomme propriétaires de ces terres ainsi que des indigènes qui y vivent. Les indiens se voient donc réduits à l'état de machines humaines, qui s'usent au travail épuisant des mines et que l'on se contente de remplacer lorsqu'ils viennent à mourir.
Témoin d'une telle situation, une communauté de dominicains débarquée sur l'île en 1510 décide d'élever la voix dans ce désert d'inhumanité : l'un des frères prononce à l'église un sermon resté célèbre et dont la mémoire nous a été transmise par Bartolomé de Las Casas. Une parole courageuse dans un contexte où les indigènes sont considérés comme des créatures sans âme et une main d'oeuvre gratuite et inépuisable. Un premier jalon posé dans l'élaboration et la reconnaissance des Droits de l'homme.
- 2_3 : En entendant le sermon d'Antonio de Montesinos, Bartolomé de Las Casas, colon espagnol, est tout de suite bouleversé, comme touché au coeur. Il entre par la suite chez les dominicains pour défendre la population indienne.
En 1516, Bartolomé de Las Casas est nommé officiellement par le roi d'Espagne Procureur et protecteur universel de tous les Indiens des Indes occidentales. Devenu évêque au Mexique, il tente de mettre en place une répubique indienne autonome. Il oeuvre pour que l'évangélisation ne détruise pas la culture locale. A la cour d'Espagne, il agit ensuite pour la défense des Indiens sur le plan politique. Il y souligne notamment les contradictions d'une évangélisation qui ne laisse pas toute sa place à la liberté.
Si chez Montesinos, la dimension anthropologique est soulevée, avec Bartolomé de Las Casas s'élabore véritablement une théorie des Droits de l'homme. Les populations indiennes doivent pouvoir se soumettre librement à la Couronne d'Espagne. Sa réflexion théologique fondamentale est également très moderne. Las Casas affirme que les Indiens, sincères dans leur culte, rendent un hommage au véritable Dieu. A l'inverse, les colons catholiques sont dénoncés comme idolâtres puisqu'ils servent l'argent et la richesse.
Mais c'est pendant la Controverse de Valladolid que Juan Ginés de Sepúlveda, théologien moraliste, affirme que l'humanité est diverse dans sa dignité. Dans une controverse restée célèbre, il s'oppose à Bartolomé de Las Casas.
- 3_3 : Franciso de Vitoria a poussé très loin la réflexion théologique et philosophique sur le droits des peuples et des individus. Il est peu connu du grand public mais la salle principale du Siège des Nations Unies à Genève porte aujourd'hui le nom de ce dominicain du XVIème siècle.
Il n'a jamais marché sur le sol américain occupé par les Espagnols. Et pourtant, Francisco de Vitoria, directeur de l'Université de Salamanque, a fait de l'approche éthique et théologique de la colonisation le point central de la réflexion de cette université.
Il développe ses principes sur le droit des personnes et le droit des peuples à partir de la théologie de saint Thomas et de la philosophie d'Aristote, principalement. Francisco de Vitoria insiste sur la liberté et la douceur, mais si le commerce et la liberté d'évangéliser sont empêchés, la guerre est alors pour lui justifiée...
Une série d'émissions animées par Véronique Alzieu.
Véronique Alzieu nous invite, tout au long de ces huit émissions et avec l'aide de nombreux invités, à reprendre l'histoire des grands conciles oecuméniques qui ont rythmé la vie de l'Eglise catholique, et plus généralement façonné le monde chrétien.
- 1_8 : Les conciles de Nicée et de Constantinople ont eu lieu en 325 et en 381. Comment ont-ils posé les bases de notre religion ?
- 2_8 : Au Vème siècle, eurent lieu deux conciles majeurs dans la définition de la foi chrétienne : Ephèse et de Chalcédoine.
- 3_8 : Les quatre conciles du Latran se sont déroulés à Rome entre 1123 et 1215. C'est la grande période de la réforme grégorienne qui tend à affirmer le pouvoir pontifical face au pouvoir temporel des empereurs germaniques. Mais ces conciles sont moins le fruit de préoccupation théologiques ou spirituelles que des circonstances politiques, même s'ils soulèvent aussi la question des croisades et de certaines hérésies...
- 4_8 : En 1245 se tient le concile Lyon 1, puis en 1311-1312 a lieu le concile de Vienne. A cette époque, l'ambition territoriale et politique des empereurs germaniques se heurte au pape désireux d'affirmer son rôle : représenter le pouvoir de Dieu sur Terre.
- 5_8 : Le concile de Trente marque un tournant capital dans l'histoire de l'Eglise. Sur fond de montée du protestantisme, il se tient entre 1545 et 1563. La France de François 1er est alors en guerre avec l'Empire de Charles Quint. Un conflit qui complique et retarde notablement la tenue du concile.
- 6_8 : Second épisode consacré au concile de Trente : cet événement capital dans l'histoire de l'Eglise mérite qu'on s'y attarde en détails. Très compliqué à convoquer, particulièrement long, il aurait pu être un concile très novateur. Mais la plupart des décisions qui y sont prises le sont en réaction au protestantisme et pour s'opposer à lui.
- 7_8 : Au XIXème siècle, se déroule le premier concile du Vatican. Il ne dure qu'un an et est intérrompu par la guerre de 1870. Il promulgue tout de même le dogme de la primauté et de l'infaillibilité pontificale. Il faudra attendre 1959 pour que, contre toute attente, soit convoqué un nouveau concile qui prendra le nom de concile Vatican II car il ne sera en aucun cas la suite du précédent.
- 8_8 : Vatican II : un concile surprenant ! Un concile qui a commencé par écarter à peu près tous les textes préparatoires censés servir de base au travail des pères conciliaires...
Nous sommes encore dans l'après-coup du XXe siècle, où les systèmes nazi et soviétique ont dévoilé le virus d'inhumanité qui dort au fond de l'humain.
Or, cette violence absolue n'est pas la violence ordinaire. C'est celle qui s'exerce au nom du Bien, de l'Ordre, de la Vérité, et qui n'est pourtant que destruction pure. C'est un virus mutant : la révolution libératrice peut devenir totalitarisme, la raison triomphante tourner en délire, la religion de l'amour obéir à un Dieu pervers.
Si l'on s'interroge sur ce mal, il est difficile de ne pas rencontrer la figure du Crucifié. Car il est dans le lieu de cette violence-là et ce ne peut être un hasard s'il occupe une si grande place dans l'histoire humaine. Il y apparaît en victime de la violence absolue.
Pourtant, malgré l'image pieuse d'un Jésus gentil et facile, il est violent à sa manière : sa parole est un glaive qui déchire implacablement. Nous aurions intérêt à déchiffrer cette énigme. Elle est encore en nous.
La longue durée montre que l'Afrique du Sud n'est pas LA "Nation arc-en-ciel" dans laquelle les déterminismes raciaux auraient disparu, mais l'assemblage artificiel de plusieurs peuples, aux intérêts souvent contradictoires, réunis par le colonisateur britannique à la suite de nombreuses guerres.
Loin de la vision idyllique présentée par les médias, la réalité sud-africaine est tragique : près de deux décennies après l'accession au pouvoir d'une "majorité noire", l'Afrique du Sud cesse en effet peu à peu d'être une excroissance de l'Europe à l'extrémité australe du continent africain pour devenir un État du "tiers-monde".