Peut-on se passer de la confiance ?
La confiance est bien plus qu'une attitude face au risque : elle est relation au monde. Or, nos relations au monde (aux objets, aux personnes, aux institutions) sont toujours davantage médiatisées par les dispositifs numériques que nous utilisons chaque jour.
Quel impact cela a-t-il sur les relations de confiance ?
Professeur à Sciences Po Paris, Dominique Cardon est un spécialiste de "culture numérique" et à récemment publié une monographie sur les impacts des TIC sur notre culture au sens large.
De la production à la validation de savoir c'est toute notre manière d'appréhender le monde qui est bouleversée par l'utilisation de l'informatique, des réseaux sociaux, mais aussi de l'intelligence artificielle qui crée de la connaissance en dehors de l'humanité.
L'occasion de discuter en profondeur des aspects sociolgiques liés à ces nouvelles technologies numériques en réseau.
Émission "TIC Talk", animée par Frédéric Prost.
Faire confiance, on fait cela tous les jours. Pas une interaction sociale ne pourrait avoir lieu sans un minimum de confiance. Pendant l'épidémie de coronavirus qui gagna notre planète au printemps 2020, aucun concept philosophique ne fut davantage mobilisé : confiance dans les institutions, dans le gouvernement, dans le personnel sanitaire, dans les experts virologues et… les uns envers les autres. Tout se passait comme si le virus avait mis à nu le lien invisible qui tenait notre monde ensemble.
Et c'est justement une chose qui intrigue : qu'elle soit si omniprésente dans nos interactions sociales, et que les théoriciens de la société se soient si peu attachés à la définir. Élaborer une théorie unifiée de la confiance est pourtant loin d'être un exercice purement académique : il en va de la réalité humaine elle-même. Car la confiance est non seulement la force de liaison élémentaire qui nous lie les uns aux autres, mais le cœur de notre rapport au monde en général : au début est la confiance.
Une large coalition d'experts auto-proclamés, de pédagogues aventureux et d'économistes bien-pensants a profité de la crise du Coronavirus et de la fermeture subséquente des écoles pour avancer deux pièces maîtresses du libéralisme sur l'échiquier des débats scolaires : l'école numérique et la "classe inversée".
Et si le succès de ces doctrines devait moins à leur prétendue valeur pédagogique qu'à leur adéquation avec les attentes de l'économie ?
Dans cette intervention, Nico Hirtt analyse cette évolution sous plusieurs angles : celui de la transmission du savoir (l'aspect pédagogique), celui des inégalités scolaires et celui du contexte économique sous-jacent (la marchandisation de l'enseignement).
Et si le but principal de la vaccination était de parvenir à une normalisation du port d'identité numérique par chaque citoyen ?
L'ingénieur et physicien Philippe Guillemant, spécialiste en intelligence artificielle, nous explique comment la crise sanitaire a accéléré certains bouleversements sociétaux et quel futur cela laisse entrevoir.
Un entretien mené par Pierre-Yves Rougeyron.
Troubles du comportement, déficits intellectuels, problèmes de santé... : l'usage généralisé du numérique par les jeunes est lourde de conséquences.
Première synthèse des études scientifiques sur le sujet, les travaux de Michel Desmurget sont ceux d'un homme en colère. "Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l'histoire de l'humanité, une telle expérience de décérébration n'avait été conduite à aussi grande échelle", estime-t-il.
La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents !
Une conférence qui se tient durant la manifestation "Le Livre Sur la Place".
Il y a vingt ans Apple entamait avec le retour de Steve Jobs sa seconde vie. Google et Amazon étaient des start-up et Facebook n'existait pas. Vingt ans après, les GAFA font partie des entreprises les plus puissantes au monde.
N'avons-nous pas fait preuve de naïveté face à ces jeunes pousses qui se réclamaient de la liberté d'entreprendre et de l'innovation ? Peut-on encore lutter contre ces empires plébiscités par les consommateurs et aux ambitions sans limite ?
Joëlle Toledano montre comment les GAFA arrivent à s'extraire du droit commun, à verrouiller la concurrence, à définir leurs propres règles en s'appuyant sur l'efficacité des outils numériques. Dénonçant notre retard face à ces entreprises sophistiquées et agiles, elle nous exhorte à comprendre ce nouveau monde et à reprendre l’initiative.
La transformation numérique est rapide, bouleverse les chaînes de valeur. Les intérêts de court terme sont souvent opposés à ceux de long terme, d'où les difficultés à définir l'intérêt général. Donnons-nous les moyens de fabriquer les institutions du XXIe siècle au service du bien commun !
L'accélération du progrès technologique est peut-être ce qui caractérise le mieux notre époque. Nous avons développé des outils qui nous donnent un pouvoir immense et d'une sophistication encore inimaginable il y a quelques décennies.
La révolution numérique en particulier a eu pour conséquence une accélération du rythme de l'innovation, permettant notamment à l'information de circuler tout le temps et partout, au point que nous sommes tous plus ou moins dépassés par la profondeur et vitesse de changement de notre environnement.
Olivier Ezratty est un veilleur technologique qui passe son temps à tenter de comprendre ce que le développement et la diffusion des technologies numériques impliquent pour la société, les entreprises et les individus. Il revient ici sur l'histoire récente de la tech, de l'intelligence artificielle, de l'informatique quantique et de ce qu'il faut en retenir pour mieux appréhender la complexité du monde actuel et imaginer ce qui arrive.
Un entretien mené par Julien Devaureix.