La science économique est devenue la forme dominante du discours politique. Elle se présente pourtant volontiers comme le plus neutre et impartial des savoirs. Que signifie cette dénégation du politique de la part d’une science si intimement liée au champ du pouvoir ?
Arnault Skornicki propose un détour historique par la France des Lumières pour mettre au jour l’impensé de ce qui n’était pas encore une discipline universitaire, mais un simple genre intellectuel.
De la naissance du libéralisme d’État au Dialogue sur le commerce des blés de Galiani, de la science du commerce aux luttes entre Turgot et Necker en passant par la Physiocratie, le XVIIIe siècle apparaît en effet comme une période clé pour l’économie politique. Savants, hommes de lettres, philosophes et administrateurs mettent leur intelligence au service des Lumières qui s’officialisent et d’un État éclairé qui tente de se réformer. L’économie politique finira par accéder aux sommets du pouvoir, pour ne plus jamais les quitter.
Un travail intéressant pour comprendre la naissance du libéralisme.
Repenser la politique, ses notions, ses institutions, fut un des grands chantiers de l'homme moderne, et ce dès le début du XVIe siècle.
Il fallait surmonter le désordre entraîné par la multiplicité des autorités, païennes et chrétiennes. Il fallait aussi répondre à l'horreur de ces véritables guerres civiles que furent les guerres de religion. Il fallait établir enfin un nouvel ordre politique, construit selon la raison, et fruit de la volonté des hommes...
Les grands artisans de ce chantier ? Machiavel, Hobbes, mais aussi Rousseau.
Les escartons étaient une communauté ayant vécu dans les Alpes, entre Grenoble, Briançon et Turin, pendant plusieurs siècles. Ces gens avaient acquis leur indépendance de la province du Dauphiné et avaient développé, pour survivre dans un milieu montagnard rude, une société prospère fondée sur le commerce entre les différents versants des Alpes et l'éducation.
L'année 1789 et la refonte du territoire français qui suivit vint mettre fin à cette société, sans doute la plus riche du XVIIIe siècle dans cette partie de l'Europe.
Gilbert Fournier retrace l'histoire de ces escartons et développe, d'un point de vue libéral, les leçons à tirer de leur histoire.
L’idéologie antitotalitaire en France (1968-1981).
Ce livre important, d’un émule de Tom Paxton, permet de mieux comprendre la réalité de notre histoire idéologique récente et par-là l'état de la vie intellectuelle hexagonale.
Une mise en perspective salutaire et indispensable pour comprendre la profonde déréliction dans laquelle les luttes sociales ont sombré.
Renaud Escande, directeur du projet, et Jean de Viguerie, spécialiste du XVIIIe siècle évoquent ici la face obscure de la Révolution de 1789.
La Révolution française possède sa face obscure avec son cortège de massacres, de cruauté et d'inhumanité. Le symbole de cette violence s'incarne bien évidemment dans les événements de la Vendée : alors que dans un premier temps s'établit une guerre civile, s'ensuit très vite ce que l'on qualifiera de véritable génocide, préfiguration des horreurs totalitaires du XXe siècle. Pourtant, les idéaux du XVIIIe siècle se voulaient être ceux de la tolérance, du respect et de la fraternité. Le mythe de la Révolution fut tel que, jusqu'à nos jours, en dehors de la littérature contre révolutionnaire ou à de rares exceptions régionales ou locales, aucun travail de mémoire n'a été réalisé par les autorités françaises.
Historienne spécialiste du XVIIIeme siècle, Marion Sigaut s’est révélée au grand public lorsqu’elle publia une "contre-enquête" sur l’affaire Damiens, accusé, jugé et condamné pour la tentative de meurtre sur le roi Très-Chrétien Louis XV.
Démystifiant l’histoire officielle, son récit palpitant revient sur une affaire dans laquelle les mensonges et la manipulation côtoient la trahison et l’hypocrisie. Depuis lors, toujours sur sa lancée, elle s’attelle à démythifier l’épopée "lumineuse" du XVIIIeme siècle, en mettant l’accent sur le rôle trouble joué par une secte méconnue, les jansénistes.
Héritiers présumés de l’évêque d’Ypres Cornelius Jansen, "les juges", d’après Marion Sigaut, favorisèrent l’essor des "lampions", tout en accélérant la chute du régime qu’ils étaient censés servir.
Dans cet entretien palpitant, Franck Abed revient sur le parcours d’historien emprunté par Marion Sigaut, son analyse de cette période charnière des "Lumières", ainsi que sur le reste de son œuvre passionnante qui l’a conduit, entre autres, des rives calmes de la Néva aux rivages tumultueux du Jourdain…