C'est, sous forme de discussion, une histoire philosophique du XXe siècle et une théorie de la démocratie que nous offrent Robert Legros, professeur de philosophie, et Marcel Gauchet, historien et philosophe.
Car ce qui advient avec la sortie de la religion dans la modernité, c'est un monde où les hommes ambitionnent de se gouverner eux-mêmes. Mais c'est en fait le monde le plus difficile à maîtriser qui soit.
Peut-on faire une analyse raisonnée des péripéties de ce parcours tumultueux, traversé d'embardées et de crises ?
La France décidément n'en a pas fini avec Pétain. Lors de son itinérance mémorielle, organisée pour célébrer le centenaire de la fin de la Grande guerre, Emmanuel Macron a déclaré "Le maréchal Pétain a été pendant la première guerre mondiale aussi un grand soldat, c'est une réalité de notre pays c'est aussi ce qui fait que la vie politique comme l'humaine nature sont parfois plus complexes que ce que l'on voudrait croire". Il a ajouté : "On peut avoir été un grand soldat lors de la première guerre mondiale et avoir conduit à des choix funestes pendant la seconde".
En dépit de ces précisions, les propos du chef de l'Etat ont déclenché un incendie. "Honorer Pétain, c'est nier la responsabilité de la France dans la déportation des juifs", a jugé le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France. François Hollande tout comme Jean-Luc Mélenchon ont twitté leur indignation. Des historiens ont estimé qu'un président ne devrait pas dire ça. Le journal Le Monde pouvait donc conclure "Macron trébuche sur le maréchal pétain".
Quelles leçons pouvous-nous tirer de cet épisode médiatico-politique ? La querelle faite à Macron est-elle légitime et que révèle-t-elle ? Et sur le fond, le gaullisme et le pétainisme sont-ils pour le salut même de la nation, définitivement irréconciliables ?
En 1984, le penseur Hans Jonas prononce à Tübingen puis à la New School de New-York une conférence à laquelle cette émission emprunte son nom : Le concept de Dieu après Auschwitz.
Paul Ricœur et Catherine Chalier prolongent ici cette réflexion initiée par Hans Jonas : "Qu'est ce qu'Auschwitz a donc ajouté à ce qu'on a toujours pu savoir de la terrible et de l'horrible quantité de méfaits que l'être humain sont capables de commetre et ont depuis toujours commis envers d'autres humains ?"
Simone de Beauvoir écrivait en 1947 dans le deuxième sexe : "la dispute durera tant que les hommes et les femmes ne se reconnaîtront pas comme des semblables".
Nous sommes en 2016, les femmes ne sont plus confinées au foyer, ni condamnées aux métiers subalternes : avocats, architectes, magistrats, diplomates, ministres, les grandes professions et les plus hautes fonctions leur sont ouvertes. Elles divorcent sans rencontrer d'obstacle, celles qui ne souhaitent pas poursuivre une grossesse peuvent demander à un médecin de l'interrompre. La procréation est aujourd'hui un choix et non un destin.
Une véritable révolution des mœurs a tout changé en quelques décennies et nous aurions donc tendance à croire que la reconnaissance a eu lieu et que la dispute est, ou devrait, être close.
Mais force est de constater que de nombreuses personnes ne sont pas d'accord avec ce constat. Alors : le féminisme a-t-il gagné la partie ou vivons-nous encore dans une société patriarcale ?
Est-ce que l'identité européenne peut être appréhendée uniquement par un principe d'ouverture faisant fi des réalités substantielles qui constituent l'être européen ?
Alors qu'en Europe les débats sur la post-nationalité sont à la mode dans les milieux universitaire et médiatique, le refus de l'adoption de la constitution européenne par le peuple français lors du référendum de 2005 pose un certain nombre de questions.
Nous vivons le temps des images, et c’est accroître ses plaisirs que de s'en donner l'intelligence. Les grands érudits et amateurs d'art que sont Jean Clair et Régis Debray nous relatent comment ils ont eux-même appris à ouvrir les yeux, dans les grottes ornées comme dans nos salles de musée, et partagent leur joyeuse idolâtrie.
Car ces images fixes que l'on peut dater par leur style ou leur technique sont des énigme du temps immobile : elles nous demeurent étonnamment contemporaines.
C'est à ce voyage à la fois dans et hors du temps que nous convient Jean Clair et Régis Debray, mais aussi à une réflexion profonde sur l'état actuelle de la production artistique.
L'approche critique n'a pas toujours bonne presse et les lieux du culte sociologique se prêtent parfois à son encontre au jeu des anathèmes et des excommunications. Ce qui la rend la plus dérangeante, c'est certainement son inscription dans une culture du dévoilement, de la résistance et du changement social. Cette solidarité de principe avec le progrès social entendu comme une lutte contre les dominations visant l'émancipation se couple par ailleurs à d'autres formes d'exigence, notamment celle de démystifier le principe de neutralité axiologique.
La nécessité de la critique se fonde également sur un principe empirico-théorique tenant le chercheur à égale distance des affres de l'empirisme sans concept et du théoricisme qui fait l'économie de l'administration de la preuve.
C'est aussi celle du refus de l'hyperspécialisation et de la lutte contre la dispersion des sciences sociales et humaines.
Entre nécessités et vertus de la critique, Nathalie Heinich et Luc Boltanski discutent quelques aspects parmi les plus importants de la sociologie contemporaine.
Henri Weber, co-fondateur de la Jeunesse Communiste révolutionnaire, a publié en 1988 un livre intitulé Vingt ans après, que reste-t-il de 1968 ? Cet essai a été réédidé sous des titres différents tous les 10 ans jusqu'en 2008.
À l'approche du cinquantième anniversaire des célèbres évènements , Régis Debray a conseillé à l'auteur de se garder de tout nouvel opus théorique: "ce n'est pas comme cela qu'on aborde ces sujets aujourd'hui" lui a-t-il dit, "les idées d'Henri Weber on s'en fout, mais la vie d'Henri Weber nous en dira beaucoup plus sur le temps écoulé".
Le conseil a été suivi à la lettre et Henri Weber a publié le premier volume de ses mémoires sous le titre Rebelle Jeunesse.
Au même moment, Régis Debray revient sur son propre parcours dans une lettre ouverte à son fils Antoine qui parait sous le titre Bilan de Faillite.
Deux traversées du siècle qui se confrontent : peut-on en tirer des leçons profitables ?