Que nous dit Charlie, alors que se dissipent les ultimes mirages du 11 janvier ? Que le blasphème n'est pas de retour car il ne nous a jamais quittés. Qu'il n'est pas un principe religieux, mais qu'il a toujours été un instrument politique. De Rushdie à Dieudonné, d'Islamabad à Copenhague et de la Cour européenne des droits de l'homme à la Cour suprême des États-Unis, en passant par la Bible et le Coran, les caricatures de Mahomet et l'inflation des lois mémorielles, Anastasia Colosimo nous promène à travers les temps et les lieux du blasphème qui en dévoilent sans concession toute l'actualité.
Car, par-delà l'émotion, la question essentielle est de savoir si, aujourd'hui, la France n'a pas déjà tourné le dos, secrètement, à la liberté d'expression.
Une vision chrétienne réformée et théologique des révolutions modernes, vues comme un rejet violent des lois régulatrices divines de l'ordre du gouvernement des sociétés humaines.
Conférence donnée au colloque "Esprit révolutionnaire et foi chrétienne" à la Faculté libre de théologie réformée d'Aix-en-Provence, les 7, 8 et 9 octobre 1988.
Remarque : la qualité audio du document n'est pas optimale.
Jacques Bouveresse sintéresse ici au rapport conflictuel de Nietzsche avec Michel Foucault (qui fut son prédécesseur au Collège de France après avoir été son condisciple sur les bancs de Jules Vuillemin).
L'occasion de se demander dans quelle mesure on pourrait relativiser le jugement "sévère mais juste" de Jean-Marc Mandosio quand il affirme, avec quelques solides arguments que : "Foucault applique la recette traditionnelle de l’essayisme dans le goût français : revisiter de façon "brillante" des lieux communs en faisant primer la rhétorique sur l’exactitude." Une problématique qui pourrait passer pour corporatiste et qui ne serait qu'anecdotique si ce "goût gentrifié" de nos générations successives de clercs hexagonaux n'avait produit le désert intellectuel, social et politique que doivent affronter aujourd'hui les "générations post-mitterand"...
Sur la vérité, l’objectivité, la connaissance et la science, il est trop facilement admis aujourd’hui – le plus souvent sans discussion – que Foucault aurait changé la pensée et nos catégories. Mais il y a dans ses cours trop de confusions conceptuelles entre vérité, connaissance et pouvoir, trop de questions élémentaires laissées en blanc et, tout simplement, trop de non-sens pour qu’on doive se rallier à pareille opinion.
Quant au nietzschéisme professé par Foucault, il repose sur une lecture trop étroite, qui ne résiste pas à une confrontation attentive avec les textes, notamment ceux du Nietzsche de la maturité.
Une conférence introduite par Jean-Jacques Rosat.
Anarchiste et chrétien ? Une équation impossible ? Habitués aux clichés tardifs du type "ni Dieu ni maître", nous avons oublié que l'anarchisme, comme le premier socialisme d'ailleurs, doit au christianisme plus qu'à n'importe quelle autre doctrine ou philosophie.
Jacques de Guillebon nous plonge ici dans les eaux profondes de l'insoumission à l'ordre des hommes.
Fleuve souterrain aux détours sinueux, l'anarchisme chrétien irrigue depuis deux siècles la vie politique et intellectuelle du monde. Loin du "catéchisme révolutionnaire" de Netchaïev, des bombes de Ravachol et des cavalcades de Makhno, tantôt orthodoxe et tantôt hérétique, cette anarchie religieuse fonde la pensée de la non-violence, inspire les arts modernes, engendre la critique conjuguée de l'État et du libéralisme. Les anarchistes chrétiens furent les premiers à s'élever contre un monde rapace livré à la technique.
Pour eux, l' "ordre sans le pouvoir" est le dernier mot temporel des enfants de Dieu.