En ce mois d'août 2009, Dominique Rousset a reçu Régis Debray pour une série d'entretiens sur France Culture.
Debray, avant de prendre la parole, la rend à celles et ceux qui l'ont inspiré, instruit ou contredit. Les plus pointus ou les mieux informés. Dans tous les camps et dans chaque champ.
Un demi-siècle en revue. De l'école au théâtre, des maquis sud-américains aux lambris élyséens, du souci religieux au plaisir littéraire. Ces amicales confrontations remettent à chaque étape les choses et les idées en place. En mariant rigueur et bonne humeur.
L’année 2014 est celle du deux millième anniversaire de la mort du fondateur de l’empire romain, Auguste. En dépit d’un nombre d’études impressionnant, des questions essentielles se posent encore.
Notamment quant au régime politique nouveau qui se met alors en place sous le couvert d’une restauration de la République, et malgré son caractère monarchique incontestable. Comment les Romains, farouchement opposés à la royauté depuis des siècles, en vinrent-ils à accepter et acclamer un Princeps ?
David Engels revient longuement sur le problème historique de la genèse de l’empire, analysé depuis des siècles, mais dont chaque génération doit reprendre l’étude : il pose en effet la question cruciale des conditions d’émergence des pouvoirs personnels et autoritaires.
Notre époque néolibérale semble avoir pour projet de détruire toute limites d'ordre symbolique, qui se trouvent pourtant au fondement du processus d'hominisation.
Sommes-nous alors tous en train de devenir bête ?
Le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun nous présente sa réflexion sur l’évolution du rapport à l’autorité chez l’individu dans notre culture postmoderne.
De Richelieu demeure trop souvent l'image d'un politique froid et déterminé, animé depuis son plus jeune âge par une ambition sans limites et conduit par les seuls impératifs de la raison d'Etat. S'il est désormais admis qu'il fut à ses débuts un évêque appliqué, l' "Homme rouge" est décrit surtout comme un politicien sinueux et un maître de l'intrigue, perçu à l'aune de nos critères actuels.
En réexaminant ses années de jeunesse, en relisant avec une attention nouvelle ses abondants écrits politiques et religieux, en réinterprétant l'imposante production de ses documents d'Etat, Arnaud Teyssier propose un Richelieu étonnant qui tranche sur la tradition : un grand politique certes, mais habité par une vision constamment religieuse du monde.
Il redessine ainsi une aventure d'homme d'Etat qui reste sans équivalent dans l'histoire de la France et de l'Europe : celle d'un ministre qui, en des temps tragiques, raisonne constamment en prêtre et lutte pied à pied contre la faiblesse des hommes celle du roi, celle des Grands, celle des corps constitués, la sienne propre.
Tel est le vrai secret de "cette puissance morale qui a fait de lui un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé" (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires).
Le politique est un domaine autonome, qui a ses règles propres.
Attaqué par les feux croisés du marché et du droit, fruits du déploiement de la logique libérale, il semble de moins en moins visible.
Comment comprendre que le politique, autrefois si flamboyant dans notre tradition européenne, soit aujourd'hui réduit à peau de chagrin ?
Depuis l'Antiquité, les philosophes s'affrontent sur la question du meilleur gouvernement possible. Et ils le font avec d'autant plus d'opiniâtreté que cette question est loin d'être purement théorique et que les réponses qui lui ont été données sont à l'origine de tous les grands changements historiques.
La formation des Etats modernes, telle qu'elle s'ébauche au Moyen Âge et à la Renaissance, prend directement sa source dans les traités politiques d'Aristote et de saint Thomas d'Aquin. La Révolution française s'explique largement par les écrits de Voltaire, de Rousseau et des Encyclopédistes, et l'on ne peut comprendre l'expansion du capitalisme sans se référer à Adam Smith et aux autres philosophes anglo-saxons du XVIIIe siècle. Quant à Karl Marx, il reste à bien des égards le père du XXe siècle dans la mesure où son oeuvre a inspiré la plupart des révolutions et des totalitarismes que ce siècle a connus.
Ce sont bien les idées qui mènent le monde, et telle est l'ambition d'Eric Branca, que d'en raconter l'histoire. Une histoire indispensable à la compréhension des grands enjeux politiques de notre temps.
L'occasion pour Eric Branca de dresse un tableau vivant de ces idées politiques où celles-ci sont clairement exposées et replacées dans leur contexte historique souvent tumultueux et parfois même tragique, mais aussi dans leur dimension humaine.
Jacques Bouveresse tente de répondre à cette question en présentant la pensée de Bertrand Russell, plus précisément les inquiétudes de cet auteur face aux promesses et aux dangers de la société scientifique.
La conférence est prononcée pendant l'université d'été 2010 ayant pour thème : "Quelle place pour la science dans le débat public ?"
Christine Delphy présente le courant du féminisme matérialiste, courant dont elle est l'une des principales contribution, en conceptualisant ce vocable.
Son approche se différencie du féminisme différentialiste, des théories Queer et post-moderne ainsi que du marxisme orthodoxe, vu comme un réductionnisme.
C'est en effet la catégorie de travail domestique (non réductible au travail ménager) qui est à la base d'un mode de production distinct du mode d'exploitation capitaliste, et qui repose sur l’institution familiale par laquelle la force de travail des membres d’un foyer — femmes, enfants, frères et sœurs célibataires — appartient au chef de famille qui applique ce travail tant aux productions marchandes qu’aux productions non-marchandes.
Selon cette approche, la société occidentale contemporaine est basée sur deux dynamiques parallèles : un mode de production capitaliste et un mode de production patriarcal (ou domestique).
Un courant de pensée important à comprendre, alors que les débats sur le Genre font rages.