L’oeuvre d’Alexandre Douguine nous invite à la fois à un dépassement des trois idées politiques caduques que sont le libéralisme, le socialisme et le fascisme, à une réflexion géopolitique sur la théorie des grands espaces et à une tentative de transposition politique de la pensée métaphysique d’Heidegger.
Ces réflexions d’un penseur majeur de la Russie contemporaine peuvent-elles et doivent-elles inspirer les nationalistes français ?
"L’Amérique postmoderne fonctionne depuis 1945 comme une photocopie géante de la métaréalité ; non l’Amérique telle qu’elle est, mais l’Amérique telle qu’elle devrait être dans le monde entier. La seule différence est que, au XXIe siècle, l’histoire (…) est passée à la vitesse supérieure. Les événements se succèdent de façon désordonnée et foncent à toute allure vers un chaos total."
A l'opposé d'un monde moderne dominé par une grande homogénéisation et ce dans l'ordre du social, de l'économie ou du politique, ce dont rend bien compte les grandes institutions qui se sont constituées au siècle dernier, nombreux sont les indices actuels qui soulignent une, non moins importante, hétérogénéisation.
L'émergence, dans tous les domaines, des "tribus" postmodernes, en témoigne. Reposant sur une sorte "d'affinité élective", celles-ci mettent l'accent sur le sentiment d'appartenance. Une telle fragmentation des sociétés mérite attention en ce qu'elle est, peut-être, l'annonce d'un idéal en gestation : celui d'un nouvel "idéal communautaire".
Comment dépasser la crise – politique, économique, morale, esthétique, subjective, etc. – qui affecte aujourd’hui tous les aspects de la vie en société ?
Après avoir subi au 20e siècle des séismes dévastateurs de nature différente, comment la civilisation occidentale peut-elle se refonder ?
L’auteur s’interroge, en tant que philosophe et citoyen, sur les moyens de résister au dernier totalitarisme en date : le néolibéralisme.
Faut-il, après les avoir dépoussiérés, en revenir aux grands récits venus l’un de Jérusalem –avec les monothéismes–, l’autre de la Grèce –avec le Logos et la raison philosophique ?
Il est en tout cas temps de trouver une issue. Celle, possible, que propose l’auteur : faire enfin advenir un individu qui, rejetant les comportements grégaies sans pour autant adopter une attitude égoïste, deviendrait enfin "sympathique", c’est-à-dire libre et ouvert à l’autre.
La conférence est structurée de la manière suivante :
Partie 1. La Revolution Spirituelle.
Quatre types des hommes (les progressistes, les conservateurs, les masses, les nôtres).
L'abîme.
La liberté fatale.
Partie 2. L'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident.
L'heritage imperial commun (IV-IX siècles).
L'utopie des conservateurs et slavophiles russes - le Tsar russe sur l'Europe catholique/orthodoxe (Tutchev/Soloviev).
"Communiquer c’est transporter une information dans l’espace, transmettre c’est transporter une information dans le temps."
La transmission, qui veille au passage des messages à travers le temps, se distingue de la communication qui essaime ceux-ci dans l’espace ; la première opère nécessairement en différé, la seconde peut, grâce aux nouvelles technologies, atteindre au direct et à l’interactivité ; le capital symbolique d’une culture se transmet, une certaine coprésence communautaire se communique.
Les médiologues explorent l’intersection de ces deux axes, et les effets antagonistes-complémentaires très concrets de leur problématique articulation : qu’arrive-t-il à l’Ecole, à l’Eglise, à l’Etat, aux musées ou aux institutions quand la nécessaire transmission d’un savoir, d’une tradition ou d’une histoire croise les séductions de nos machines à communiquer? Vivons-nous une succession d’effondrements symboliques ou les étapes bienvenues d’une ouverture démocratique?
En résumé : comment le fragile objet de la transmission résiste-t-il, ici et maintenant, au flot des nouveaux médias?