Qu'est-ce que la civilisation, l'art, la culture ? En quoi ces questions nous éclairent-elles sur ce que nous sommes ou devrions être ? Suspectes de populisme parce qu'elles touchent au tabou de l'identité, elles sont aujourd'hui tenues pour illégitimes. Si on ose, cependant, les affronter, on sera conduit à reconsidérer l'art comme composante principale de la civilisation.
Comment subsisterait-elle alors qu'à l'art s'est substitué le non-art, effet de la mondialisation, qui, comme elle, n'admet aucune friction dans les flux planétaires de marchandises, d'hommes, d'informations ? Sa vacuité (il n'a pas de style) lui interdit toute appartenance à une tradition et son universalisme nihiliste l'enferme dans la négation de toute particularité, rien n'étant plus universel que le néant.
À l'intersection de l'histoire et de la philosophie, Kostas Mavrakis engage le débat avec les champions du libéralisme, de l'islamisme ou du prétendu "art contemporain", en mettant en lumière le lien paradoxal qui les unit.
En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares... ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique et numérique. Elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien.
Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.
Le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron décrypte les tendances symptomatiques d'un monde globalisé en s'intéressant notamment aux enjeux économiques, politiques et environnementaux liés à l’exploitation des matières premières. Par là, il nous révèle la face cachée de la transition énergétique...
Laurent Alexandre est partout. Pour quiconque suit de près le débat sur l'avenir de l'intelligence artificielle ou le transhumanisme, le médecin et futurologue semble avoir monopolisé la parole pour imposer ses vues technophiles et optimistes. Ses formules chocs, provocatrices et péremptoires, irritent les voix expertes sur ces sujets, d'ordinaire plus prudentes voire critiques.
Ce débat est l'occasion de le confronter à l'ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste des ressources minières et de la question énergétique, qui lui porte la contradiction sur la faisabilité matérielle des projets prométhéens qu'il promeut.
Un échange franc et passionnant qui, au-delà des querelles de chiffres, oppose deux hommes aux visions du monde irréconciliables.
Devenue l'un des thèmes centraux de la vie politique, l'écologie rassemble autant sur le constat qu'elle divise sur les solutions. Au cœur de la question, la croissance économique : peut-on croître à l'infini dans un monde fini ? Une croissance réellement verte est-elle possible, ou bien faut-il envisager une forme de décroissance ?
Jacques Sapir, économiste, et Serge Latouche, pionnier de la décroissance, débattent de ces questions cruciales pour notre avenir commun.
Émission "Russeurope Express", animée par Clément Ollivier.
Pendant des siècles, les chantres du progrès par la technique et la science appliquée ont promis à l'humanité le bonheur pour demain, ou au plus tard après-demain. L'emballement numérique, la perspective de technologies "révolutionnaires" ou "disruptives", les limites sans cesse repoussées, les annonces tonitruantes de milliardaires high-tech ont redonné un nouveau souffle aux promesses d'un monde technologique meilleur, d'abondance et de bonheur pour tous, de l'immortalité à la conquête spatiale, en passant par les énergies "propres" et la capacité à "réparer" une planète bien fatiguée.
Non content de tailler en pièces ce "technosolutionnisme" béat, du passé comme du présent, ignorant les contraintes du monde physique et de ses ressources limitées, Philippe Bihouix questionne aussi les espoirs de changement par de nouveaux modèles économiques plus "circulaires" ou le pouvoir des petits gestes et des "consomm'acteurs", face aux forces en présence et à l'inertie du système.
Une fois balayées les promesses mystificatrices ou simplement naïves, rien n'empêche de rêver, mais les pieds sur terre : nous pouvons mettre en œuvre, dès maintenant et à toutes les échelles, une foule de mesures salutaires. Et si, finalement, le bonheur était bien pour demain ?
Si tout le monde a en tête la courbe croissante des émissions de CO2 depuis deux siècles, on n'en a curieusement pas d'histoire. Quels sont les grands processus historiques qu'il faut prioritairement mettre en relation avec cette courbe ? Quels sont les institutions, les pouvoirs, les imaginaires et les intérêts qui nous ont véritablement placés sur le chemin de l’abîme climatique ?
La recherche de Jean-Baptiste Fressoz porte sur les racines sociales, économiques et politiques des problèmes écologiques auxquels nous devons faire face aujourd’hui. "Il s'agit de déplacer notre regard de l'analyse scientifique des milieux naturels atteints, vers les acteurs, les institutions et les décisions qui ont produit ces atteintes." Cela signifie que les atteintes portées au système Terre par l'être humain, ce que l'on nomme aujourd'hui Anthropocène, sont le résultat de choix et non pas d'une quelconque fatalité pour comprendre la situation actuelle et rendre possible de nouvelles trajectoires pour le futur.
Une conférence qui s'inscrit dans le programme du week-end "Make it work".
La grande conférence internationale sur le climat, dite "COP21", qui s'est tenue à Paris en décembre 2015, a réuni 196 États. Elle visait au premier chef à obtenir un accord universel et, si possible, juridiquement contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre, avec le but de maintenir le réchauffement climatique au XIXe siècle en dessous de deux degrés Celsius. Or il se trouve qu'à lire beaucoup des articles qui nous arrivèrent en déferlante à cette occasion, l'historien ne peut qu'être sensible à une certaine myopie rétrospective de bien des commentateurs.
Beaucoup paraissaient croire en effet que l'angoisse que suscite, fort légitimement, l'emprise délétère des humains sur la planète serait toute récente, exprimée et portée par l'écologie politique contemporaine. Rien n'est plus faux en réalité et cette émission va s'attacher à le démontrer.
Jean-Baptiste Fressoz, historien et chercheur au CNRS, nous a fourni de précieux travaux sur la prise de conscience, progressive ou à éclipses, depuis le XIXe siècle, des risques multiples engendrés par les progrès de la science et par la révolution industrielle. Risques concernant directement la santé des hommes et des femmes dans la longue durée mais aussi, déjà, le changement climatique engendré, pour la première fois dans l'Histoire de la Terre, par les comportements débridés de l’industrie humaine, par ses élans, par son énergie et par ses aveuglements.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.
Les énergies renouvelables vont-elles nous plonger dans une nouvelle dépendance aux métaux rares ? Causer des dégâts environnementaux plus graves que les énergies fossiles ? C'est en tout cas ce que prétend Guillaume Pitron dans son ouvrage La guerre des métaux rares. Dans ce livre coup de poing, l'auteur nous montre comment l'essor des énergies renouvelables et du véhicule électrique nous mène à des désordres écologiques plus graves que ceux entrainés par l'exploitation du pétrole, du gaz et du charbon.
Il est alors nécessaire de prendre le temps d'étudier ce problème de près et d'en comprendre les implications écologiques, techniques et géopolitiques.