Partout, ça se rebiffait. Les années 1970, a-t-on dit à droite et à gauche, du côté de Samuel Huntington comme de Michel Foucault, ont été ébranlées par une gigantesque "crise de gouvernabilité".
Aux États-Unis, le phénomène inquiétait au plus haut point un monde des affaires confronté simultanément à des indisciplines ouvrières massives, à une prétendue "révolution managériale", à des mobilisations écologistes inédites, à l'essor de nouvelles régulations sociales et environnementales, et – racine de tous les maux – à une "crise de la démocratie" qui, rendant l'État ingouvernable, menaçait de tout emporter.
C'est à cette occasion que furent élaborés, amorçant un contre-mouvement dont nous ne sommes pas sortis, de nouveaux arts de gouverner dont Grégoire Chamayou retrace, par le récit des conflits qui furent à leurs sources, l'histoire philosophique.
On y apprend comment fut menée la guerre aux syndicats, imposé le "primat de la valeur actionnariale", conçu un contre-activisme d'entreprise ainsi qu'un management stratégique des "parties prenantes", imaginés, enfin, divers procédés invasifs de "détrônement de la politique".
Contrairement aux idées reçues, le néolibéralisme n'est pas animé d'une "phobie d'État" unilatérale. Les stratégies déployées pour conjurer cette crise convergent bien plutôt vers un libéralisme autoritaire où la libéralisation de la société suppose une verticalisation du pouvoir. Un "État fort" pour une "économie libre".
Du début de la campagne électorale de l'élection présidentielle jusqu'au deuxième tour des législatives 2022, les citoyens français seront appelés à renouveler leurs représentants.
Alors que les idées souverainistes continuent de gagner du terrain, l'offre politique va-t-elle suivre cette demande ? Les classes dirigeantes, majoritairement opposées à l'indépendance française, arriveront-elles à conserver leurs prébendes ?
Pierre-Yves Rougeyron commente pour nous, semaines après semaines, l'évolution des rapports de forces du monde politique français.
Alors que son domaine de prédilection est d'abord l'histoire médiévale, Régis Le Gall Tanguy se penche cette fois sur les marges politiques à l'extrême droite de l'échiquier politique au XXe siècle.
De l'entre-deux guerre à la Seconde Guerre Mondiale, il met à jour les liens entre le mouvement indépendantiste breton et la Collaboration avec le nazisme pour raconter ensuite les soubresauts de la droite antigaulliste de 1945 jusqu'à la création du Front National en 1972.
Un exposé historique en forme de leçon politique.
L'écrivain François Bégaudeau s'attaque, au travers de son oeuvre et plus particulièrement dans Histoire de ta bêtise, à la classe bourgeoise et sa pensée jugée "bête et détestable" même sous des habits devenus plus "acceptables".
Cette bourgeoisie, dans laquelle il semble aussi se ranger par moments pour mieux la critiquer, autorise en contre-point une réflexion sur notre époque, ses tensions et ses aspirations.
Une approche proprement littéraire où les paroles, les attitudes, ne sont souvent que l'illustration de réflexes de classe...
Émission du "Libre Journal des littératures", animée par Hector Burnouf.
Qu'est-ce que l'anarcho-royalisme ? Vaste blague ou véritable école de pensée ?
Francis Venciton, après nous avoir présenté le sens et les racines de l'anarcho-royalisme, revient particulièrement sur la vie militante de l'insurgé politico-littéraire qu'était Rodolphe Crevelle.
Le coup de force pour faire basculer la République est-il encore possible ?
S'appuyant sur l'étude des structures familiales, le démographe Emmanuel Todd développe la thèse selon laquelle ces structures sont un déterminant essentiel des systèmes religieux ou politiques.
Il intervient régulièrement dans les débats qui agitent la vie politique française pour dénoncer le fossé qui sépare désormais les élites "post-démocratiques" des classes moyennes et populaires, préconisant le protectionnisme pour combattre la montée des inégalités et la pression que la mondialisation exerce sur les économies européennes.
Il est un débat qui ressurgit périodiquement entre militants de la reconstruction communiste : pour faire face à l'irréversible dégénérescence réformiste des partis de la gauche de gouvernement, faut-il ressusciter la tactique "classe contre classe", que conseillait pour l'essentiel l'Internationale communiste des années 1920, ou faut-il revivifier la tactique de Front populaire, patriotique et antifasciste qu'expérimenta le PCF des années 1930 sous l'égide de Maurice Thorez ? Cette tactique, qui stoppa l'offensive fasciste en France et que trop de gens confondent avec la très confuse "union de la gauche" des années 1970, mérite d'être étudiée avec attention.
L'histoire des relations entre l'Etat et les religions en France a été marquée de rudes rapports de force et de violents conflits. Dans la longue période où le catholicisme est dominant, la France affirme sa spécificité dans le gallicanisme puis avec le Constitution civile du clergé et par le Concordat de 1801.
Le régime de laïcité résulte de cette histoire. Il se trouve confronté à l'islam sunnite, qui pose le problème de la représentation d'une religion dépourvue de structures.
Agrégé de philosophie, historien de la Révolution française et du libéralisme politique, Lucien Jaume retrace dans son livre L'éternel défi (Taillandier) nos itinéraires politiques et philosophiques pour dégager les nouvelles voies d'un dialogue entre l'Etat laïc et des religions qui ne cessent de se renouveler.