Penser le mal. Avec Susan Neiman sur France Culture.


(0)
121 Vues
0 commentaire
01.01.2023

Un monde dans lequel des innocents souffrent peut-il avoir un sens ? Si la question du mal est éminemment philosophique, c'est qu'elle n'est pas seulement morale : elle interroge l'intelligibilité du monde. S'intéresser aux réponses qui y ont été apportées par les philosophes, c'est comprendre intimement leur manière de voir le monde, en écho à celle de leur époque. C'est aussi saisir que nous sommes toujours pris dans des carrefours de postulats qui nous dépassent.
Lorsqu'en 1755 Lisbonne est détruite par un tremblement de terre, l'événement provoque une onde de choc parmi les philosophes européens. Ce que l'on qualifierait aujourd'hui de catastrophe naturelle est considéré comme l'incarnation du mal. Deux siècles plus tard, la découverte des camps de la mort nazis agit comme une dévastation conceptuelle : la plupart des philosophes s'accordent à dire que nous manquons de ressources pour aller au-delà du témoignage. De "mal naturel", le mal est devenu "mal moral" ; une bascule a eu lieu.
Susan Neiman, en philosophe, fait le récit de cette bascule.

Émission "Signes des temps", animée par Marc Weitzmann.

Chroniques, avec Pierre Boutang.


(0)
151 Vues
0 commentaire
1993

Philosophe, journaliste, poète, traducteur et acteur de la vie politique française, Pierre Boutang (1916-1998) était tout cela à la fois.
Il a traversé le XXe siècle avec toujours un livre dans la poche, et revient dans cet entretien sur son parcours, de l'Algérie à cause monarchique en passant par Maurras et De Gaulle, et son oeuvre, de la question du temps à notre rapport au langage poétique.

La pensée grecque de l'esclavage : une énigme. Avec Paulin Ismard pour l'Académie Royale de Belgique.


(0)
120 Vues
0 commentaire
09.03.2023

Une question revient inlassablement au sujet de l'esclavage dans le monde grec : comment peut-on imaginer que des penseurs comme Socrate ou Aristote n'aient jamais dénoncé, et aient même apporté leur caution, à ce crime contre l'humanité qu'est l’esclavage ?
Cette question est en réalité absurde. Gageons même qu'elle aurait été proprement inaudible aux hommes de l'Antiquité. Les auteurs antiques ont reconnu l'universalité de la raison humaine, en affirmant même la commune égalité et liberté de tous les hommes, certes, mais leur universalisme n'a jamais conduit à remettre en cause l'esclavage. Ils n'ont même jamais conçu que l'égalité "naturelle" entre les hommes puisse se traduire positivement dans le droit et, dès lors, dans la société de leur temps.
Et pourtant, on chercherait en vain un corps de doctrine ou un grand récit par lequel ces penseurs ont entrepris de légitimer l'esclavage. C'est que la domination esclavagiste en Grèce ancienne ne se justifiait pas d'un ordre de légitimité extérieur. Ni la prétendue supériorité d'une race ni l'autorité des dieux ne justifiaient en elles-mêmes l'existence de l'institution esclavagiste.
L'esclavage relevait d'une catégorie de choses déconcertantes pour le raisonnement historien : celle des institutions dont l'être ou le non-être ne prêtait pas au débat. Comment saisir dans ce cas la pensée grecque de l'esclavage ?

Naissance de l'écologie politique en France. Avec Serge Audier aux Rencontres philosophiques de Monaco.


(0)
89 Vues
0 commentaire
07.06.2022

Si l'écologie a pour objectif d'étudier les rapports entre un organisme et le milieu naturel, et se donne à cette fin les outils d'une science, elle ne peut ignorer les facteurs qui influent sur ces rapports complexes, lesquels ne sont pas "naturels" mais tiennent à des données sociales, culturelles, économiques, politiques. Aussi, de l'intersection de l'écologie et des sciences sociales ou économiques, est née l' "écologie politique", terme forgé en 1935 par le physiologiste américain Frank Thone mais utilisé surtout à partir des années 70.
En France, différentes tendances peuvent être observées, que Serge Audier présente ici par l'intermédiaire de trois de ses principaux représentant : Bertrand de Jouvenel, Bernard Charbonneau et André Gorz.

Roland Barthes et la question du "Neutre". Avec Eric Marty et Benoît Peeters sur France Culture.


(0)
72 Vues
0 commentaire
09.06.2023

Récemment réédité aux Éditions du Seuil, le cours du Collège de France sur la question du Neutre donné en 1978 par Roland Barthes constitue une expérience de pensée sans conclusion. Impraticable, le Neutre n'est pas pour autant un non-agir, mais l'affirmation d'un être qui ne s'empresse pas de trancher. Le neutre n'est jamais atteint de manière définitive, il est une démarche à reprendre, à redésirer.
Retour, en compagnie d'Eric Marty et Benoit Peeters, sur cette position de sécession, d'opposition ou de recul qui crée une forme de distance, de mise entre parenthèses des opinions dominantes, voire du sens.

Émission "Avec philosophie", animée par Géraldine Muhlmann.

Quelle place pour l'individu dans la société ? Avec Mark Hunyadi à Genève.


(0)
94 Vues
0 commentaire
17.06.2023

L'individu moderne est né comme une promesse de liberté. Mais passé le temps de ses victoires, il est aujourd'hui lui-même asservi, au sein d'une planète menacée. L'éthique de la défense des libertés et des droits individuels, jadis émancipatrice, mène à une impasse, et l'individu à de nouvelles servitudes, notamment numériques. La source de ces périls : la révolution qui intronisa, au Moyen Âge, la volonté comme faculté suprême de l'homme, au-dessus de la raison. À cette volonté, il est difficile d'imposer des limites. C'est pourtant indispensable. Il faut désormais protéger les individus et les esprits comme on protège les fonds marins. La survie est à ce prix.
Dans son livre Le Second âge de l'individu. Pour une nouvelle émancipation, Mark Hunyadi explore de nouvelles voies pour sortir des impasses dans lesquelles nous ont enfermé l'individualisme moderne et son éthique des droits. Il est résolument tourné vers un avenir constructif, et formule une proposition audacieuse pour l'avenir de nos sociétés : déclarer l'esprit patrimoine commun de l'humanité, comme les fonds marins.

Une conférence organisée par l'Association d'usagers des Bains des Pâquis.

René Girard : la violence et le sacré, ou du roman au sacrifice. Avec Benoit Girard au Centre Universitaire Méditerranéen à Nice.


(0)
137 Vues
0 commentaire
10.05.2023

Du désir mimétique qui enflamme les sociétés humaines au mécanisme victimaire qui les apaise, il n'y a qu’un pas que le René Girard littéraire de Mensonge romantique et Vérité romanesque franchit avec assurance, sans considération excessive pour les clôtures universitaires, intellectuelles et idéologiques.
Comment le spécialiste de Proust et Stendhal en est-il venu à renouer le fil de la grande anthropologie classique et comment cette démarche, qui se voulait un retour aux sources, a-t-elle fini par bouleverser le champ des sciences humaines ?

Misère du nietzschéisme de gauche (Foucault, Deleuze, Onfray). Avec Aymeric Monville au Café marxiste.


(0)
131 Vues
0 commentaire
16.12.2023

C'est à l'occasion de la nouvelle édition de son livre Misère du nietzschéisme de gauche, de Georges Bataille à Michel Onfray que l'essayiste et fondateur des éditions Delga Aymeric Monville vient nous parler de l'étonnant Nietzsche !
Andler, Palante, Blanchot, Camus Bataille, Deleuze, Foucault, Derrida, furent autant de grands prêtres d'un culte devenu religion officielle : le "nietzschéisme de gauche". Passé dans les mœurs modernes, ânonné par les managers, les magazines télévisés, les hommes politiques autant que par Michel Onfray, ce retour de Nietzsche par la gauche autorise le consensus irrationaliste, individualiste et anticommuniste, de la "gauche morale" à la réaction. Ce recyclage philosophique a un but : détruire au sein de la gauche le matérialisme des Lumières et in fine l'ensemble de la philosophie issue du marxisme et du mouvement ouvrier.
Comment comprendre cette postérité extravagante du solitaire de Sils-Maria ? Aymeric Monville revisite avec acuité cette réception si particulière de Nietzsche en France.