Philosophe, disciple de Husserl et de Heidegger, Hannah Arendt est d’abord connue en France pour Les Origines du totalitarisme, ouvrage majeur où elle remonte le fil de l’histoire de la modernité européenne et s’enquiert des éléments qui ont "cristallisé" pour aboutir au nazisme et au stalinisme. Elle s’impose désormais comme un penseur capital de la condition humaine.
Rebelle à tout étiquetage idéologique, elle sait penser ensemble l’aspiration au nouveau et le besoin de stabilité et de continuité historique.
Quel pan de notre vie, aujourd'hui, ne se trouve pas aux prises avec le management ? Qui pourrait bien se targuer d'échapper à cette lame de fond qui bouleverse en profondeur les structures mentales de nos sociétés avancées ?
Force est pourtant de constater le flou conceptuel qui entoure le management : son arrivée dans le langage courant a en effet pour corollaire d'en masquer le sens, y compris aux premiers intéressés, les managers et les managés. De ce point de vue, il s'avère expédient de reprendre la réflexion à la racine : le management est un projet technoscientifique, dont les soubassements sont théologiques mais la portée anthropologique et politique.
Que se passe-t-il alors quand le management pénètre des sphères qui lui étaient initialement étrangères ? Qu'arrive-t-il aux institutions quand l'optimisation du fonctionnement devient leur raison d'être ? Quels rapports le management entretient-il au Vrai (et à l'Université), au Bien (et à l'État) et au Beau (et à l'Art) ? Tels sont les enjeux du travail de Baptiste Rappin qui, par le détour de la philosophie, n'hésite pas à hisser la réflexion sur le management à son véritable niveau : celui de la civilisation et de l'identité européennes en butte au nihilisme de la Technique.
Seul l’imaginaire est peuplé d’êtres monstrueux, c’est-à-dire hors proportions. Car dans la nature, chaque organisme n’est viable qu’à son échelle adéquate : une araignée géante s’asphyxierait, une gazelle de la taille d’une girafe se casserait les pattes…
Idem pour les sociétés et les cultures, affirme Olivier Rey. Le philosophe et mathématicien met cette "question de taille" au centre de sa critique de la modernité technicienne et libérale en exhumant les thèses d'Ivan Illich ou de Leopold Kohr ("partout où quelque chose ne va pas, quelque chose est trop gros").
Les villes, les États, les sociétés, les démographies, les institutions, les techniques, les désirs… tout est trop grand, trop gros, trop nombreux ou trop rapide. Bref, sans limite. Dès lors, c’est la démocratie, la santé, l’éthique, l’écologie, l’éducation, la science… qui sont perverties.
Cette émission se veut être une critique émancipatrice des Lumières capitalistes (libéralisme, marxisme-léninisme), pour une pensée révolutionnaire au-delà des Lumières (Adorno, Horkheimer, Kurz, Trenkle), et contre l’extrême-droite anti-Lumières (fascisme, nazisme, "révolution conservatrice").
Dans une première partie, nous avons droit à une critique des figures actuelles des Lumières capitalistes et des anti-Lumières (Alain de Benoist) ainsi qu'à une introduction aux caractéristiques générales des Lumières et des anti-Lumières.
S'en suit une discussion du rapport (évolutif, d’abord acritique, puis dialectique) de Marx aux Lumières, puis de la présentation des thèses contre l’Aufklarüng de Norbert Trenkle (sur La Dialectique de la Raison d’Adorno et d’Horkheimer).
Dans une deuxième partie, une histoire critique des Lumières capitalistes franco-anglaise (17ème-18ème siècles, John Locke, Voltaire, physiocrates) nous est proposée, ainsi que des anti-Lumières allemandes (Herder, idéologie völkisch, nazisme) pour nous proposer enfin une critique émancipatrice des Lumières (Kurz, Lukacs) et particulièrement de Kant.
La parution de Vu de droite, en 1977, a marqué un tournant dans l'histoire des idées contemporaines et imposé la Nouvelle Droite comme le partenaire incontournable d'un débat idéologique jusqu'alors monopolisé par une certaine gauche. Couronné à l'époque par l'Académie Française, salué par des personnalités aussi différentes que François Mitterrand et Louis Pauwels, Jean-Pierre Chevènement et Jean Cau, cet ouvrage monumental était depuis longtemps épuisé. Sa réédition récente constitue donc un événement très attendu.
De l'archéologie à la philosophie, de la pédagogie à l'éthologie, de la biologie à la sociologie, cette véritable encyclopédie critique passe au crible les travaux et les écrits de quelque 140 écrivains, savants, historiens ou philosophes, jetant sur eux un éclairage novateur et, parfois, impitoyable.
Alain de Benoist, un quart de siècle après, revient sur l'histoire de cet ouvrage et montre en quoi les "vues" qui y étaient développées ont trouvé leur confirmation dans l'histoire de la fin du XXe siècle.
L'ambition de cette conférence est de fournir à la philosophie de Péguy l' "appareil" capable de manifester le plus fidèlement possible le "profond ordre intérieur" qui tient ensemble la multitude de textes qui a jailli génialement de sa plume.
Loin de pointer les contradiction d'un homme, il s'agit alors de suivre la continuité et la cohérence d'un chemin, par-delà toutes les ruptures apparentes, qui se déroule selon un drame chrétien : l'état d'innocence, d'abord, la pureté de son combat socialiste et une jeunesse saisie par l'événement de l'Affaire Dreyfus et tenue par la venue imminente de la cité harmonieuse ; la chute, ensuite, avec l'histoire de la décomposition du dreyfusisme et l'enfer du monde moderne ; le salut, enfin, avec le retour de la foi catholique et les nouvelles ressources que lui prodigue la vertu d'espérance.
La crise économique fait rage et l’on parle de plus en plus du retour de la lutte des classes. Celle-ci n’est pas seulement le conflit entre les classes propriétaires et le travail dépendant. C’est également "l’exploitation d’une nation par une autre", comme le dénonçait Marx. C’est aussi l’oppression "du sexe féminin par le masculin" comme l’écrivait Engels. Nous sommes donc en présence de trois formes différentes de lutte des classes, appellées à modifier radicalement la division du travail et les rapports d’exploitation et d’oppression.
La lutte des classes s’avère aujourd’hui plus vitale que jamais, à condition qu’elle ne devienne pas un populisme facile qui réduit tout entre humbles et puissants, ignorant tout de la multiplicité des formes du conflit social.
À l'occasion de la parution en français de son ouvrage sur la lutte des classes, Domenico Losurdo répond aux questions d'un autre hegelien, Bernard Bourgeois, qui a accepté de jouer le rôle du candide et de questionner Domenico Losurdo sur ce non-dit du sens de l'histoire.