La religion, dans les temps archaïques, pouvait se comprendre comme un rituel et un sacrifice. Mais depuis l'Antiquité, ce sont des procédés littéraires plus ou moins élaborés, le plus souvent poétiques, qui rapportent les actions, paroles et pensées des dieux.
Pourquoi avons-nous fait parler les dieux ? D'où vient notre besoin de textes religieux ? Comment intériorisons-nous le divin ?
Peter Sloterdijk, l'un des penseurs les plus stimulants de sa génération, explore tous les rouages du théâtre de la parole divine.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.
Nous sentons toutes et tous que l'air du temps change, est en train de changer, avec la pandémie et au-delà dans l'époque. Mais qu'est-ce donc que cela, l'air du temps ? Est-on condamné à le subir ou peut-on le transformer ?
L'air du temps, cela semble à la fois insaisissable et le plus important. C'est la toile de fond pour toute notre vie, une atmosphère, une "ambiance", comme dit Bruce Bégout, philosophe et auteur du livre Le concept d'ambiance : essai d'éco-phénoménologie (Seuil, 2020).
Une perception de l'air du temps à mettre en perspective de "la composante immédiatement sociale, située, très inégalitaire des conditions sous lesquelles cette pandémie surgit" nuance l'écrivaine Marielle Macé, qui signe le texte Parole et pollution (AOC, 2021).
Quel rôle l'air du temps joue-t-il en nous, notamment par nos paroles et par nos actes ? Comment le sentir ? Comment respirer librement dans cet air du temps ? La philosophie, mais aussi la littérature, peuvent nous aider à saisir l'air du temps, à comprendre que le plus impalpable est aussi le plus vital et qu'il n'est pas inaccessible, qu'on peut arriver à l'exprimer.
Émission "À présent", animée par Frédéric Worms.
Maître de Conférences à l'Université de Lorraine, Baptiste Rappin mène une réflexion sur les fondements philosophiques et anthropologiques de la société industrielle et managériale. Récemment, c'est au mouvement de la déconstruction qu'il s'est intéressé, mouvement qui porte une attention particulière au au genre neutre, dans lequel il voit un défi à l'assignation à l'identité opérée par le concept.
Alors qu'aujourd'hui certains militent pour l'adoption de l' "écriture inclusive" ou encore des pronoms personnels "neutres", il est intéressant de se demander si nous n'avons pas affaire à des héritiers de la déconstruction dans ce retour assumé à une forme d'indifférenciation.
Une intervention dans le cadre des "leçons de la Sphère", dispensées par Carlos Pereira.
Le monde n'existerait pas pour nous si nous n'avions pas à notre disposition des noms, des verbes et des pronoms qui nous permettent de formuler les trois grandes questions qui agitent l'humanité depuis ses origines : Qu'est-ce qui existe réellement ? Pourquoi tout ce qui arrive, arrive ? Qui a fait cela ? C’est la thèse simple, mais profonde du philosophe Francis Wolff.
En l'exposant à travers des exemples concrets et des références à Aristote, Descartes ou Leibniz, il nous délivre une magistrale leçon de philosophie.
Un entretien mené pas Martin Legros.
La notion d'origine mêle des considérations temporelles à des ambitions explicatives, trimbalant son ambiguïté entre deux idées par ailleurs limpides : d'une part, celle de commencement, qui répond à la question "quand ?" ; d'autre part, celle de cause, qui répond à la question "pourquoi ?".
Prenons l'origine du monde, qui est sans doute -et de loin- la plus délicate à saisir de toutes les origines. Elle demeure assurément un mystère, une question sans réponse connaissable, car sans point d'ancrage ferme. Pourtant, dès qu'un discours prétend nous éclairer sur elle, nous tendons l'oreille, avides d'entendre l'écho du tout premier signal. Car nous autres, les humains, nous sommes des "animaux métaphysiques", comme disait Schopenhauer, les seuls qui s'interrogent sur l'être en tant qu'être, les seuls pour qui l'être fasse question.
D'ailleurs, aussi loin qu'on puisse remonter dans le passé, on constate que les interrogations sur l'origine ont préoccupé les êtres humains, aimanté leur esprit et leur âme. Toutes les sociétés, grandes ou petites, puissantes ou faibles, perdues sur un îlot rocheux ou dans un désert inhospitalier, ont proposé une "histoire du monde", "leur" histoire du monde et de son origine.
Les philosophes, les psychanalystes, les psychologues, les théologiens n'ont pas manqué de s'intéresser au pourquoi de ce questionnement : l'origine serait -au choix- une quête sans fin prévisible, le moteur même de notre questionnement, un manque qui nous habite, une carence qui nous définit, une illusion qui nous sauve, ou encore, plus prosaïquement, un faux problème qui nous turlupine bigrement.
Mais en amont de ces analyses, il reste un fait brut : la variété et la richesse des récits sur l'origine que les anthropologues ont rapportés des quatre coins de la planète sont impressionnantes. Dès lors, la question qui se pose est celle-ci : est-il possible de classer ces discours en un petit nombre de familles ? Si oui, combien ? Et lesquelles ?
Émission "La Conversation scientifique", animée par Etienne Klein.
L'histoire des relations entre l'Etat et les religions en France a été marquée de rudes rapports de force et de violents conflits. Dans la longue période où le catholicisme est dominant, la France affirme sa spécificité dans le gallicanisme puis avec le Constitution civile du clergé et par le Concordat de 1801.
Le régime de laïcité résulte de cette histoire. Il se trouve confronté à l'islam sunnite, qui pose le problème de la représentation d'une religion dépourvue de structures.
Agrégé de philosophie, historien de la Révolution française et du libéralisme politique, Lucien Jaume retrace dans son livre L'éternel défi (Taillandier) nos itinéraires politiques et philosophiques pour dégager les nouvelles voies d'un dialogue entre l'Etat laïc et des religions qui ne cessent de se renouveler.
Bernard Charbonneau (1910-1996) a eu dès sa jeunesse la conviction que son siècle serait en même temps et pour les mêmes raisons celui du totalitarisme et du saccage de la nature. Pas de liberté sans puissance d'agir ; mais dans un monde fini le développement indéfini de la puissance matérielle et de l'organisation sociale risque d'anéantir la liberté de l’homme. A partir des années trente et jusqu'à sa mort, Charbonneau a réfléchi sur les dangers qui résultent, pour la nature et pour la liberté de ce qu'il appelait la Grande mue, c'est-à-dire de la montée en puissance de plus en plus rapide du progrès technique, scientifique et industriel. Mais on se fourvoierait en réduisant l'œuvre de Charbonneau à une réflexion sur l'écologie politique.
Il ne s'est pas intéressé seulement à la question écologique ; son œuvre nous propose une analyse plus vaste des coûts de la modernisation et des contradictions du monde moderne. Pendant longtemps cette préoccupation a fait de lui un marginal dans le monde intellectuel. Cependant, Charbonneau voyait juste lorsqu'il annonçait la crise écologique, l'aggravation de la bureaucratisation de l'existence et la technocratisation de la vie sociale. Plus le temps passe et plus son œuvre s'avère pertinente et actuelle.
Axant sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles, notamment la révolution numérique, le philosophe Bernard Stiegler nous évoque son travail avec un groupe de personnalités issues des sciences, du droit, de l'économie, des arts, de la philosophie, de l'ingénierie et de l'activisme qui travaille à l'écriture d'un "memorandum of understanding". Ce document sera adressé le 10 janvier 2020, à Genève, à l'Organisation des Nations Unies dans le but de promouvoir le progrès, de protéger la biosphère et d'éviter que ne recommence la barbarie guerrière.
Membre fondateur et président de l'association Ars Industrialis, celle-ci regroupe des citoyens bénévoles engagés dans la lutte pour l'élaboration d'une politique industrielle des technologies de l'esprit qui préserve les modes d'existence individuels et collectifs aujourd'hui menacés par l'anthropocène.
Émission "Histoire vivante", animée par Jean Leclerc.