Redécouvrir Canguilhem. Avec Jean-François Braunstein sur France Inter.


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16.04.2014

Médecin, philosophe, historien des sciences dans le sillage de Gaston Bachelard, G'orges Canguilhem fut aussi directeur de thèse de Michel Foucault. Pendant des années c'est à ce résumé quelque peu "réducteur" qu'on se contentait d'aboder ce personnage pourtant illustre.
Avec une publication fondamentale, Le Normal et le pathologique, il fut le premier à penser les notions de maladie et de guérison. Pionnier dans la philosophie de la médecine qu'il pratiqua en même temps que son activité de médecin – notamment lorsqu'il se mit au service de la résistance pendant la guerre -, Georges Canguilhem a marqué son époque.
Mais aujourd'hui, son œuvre, sa pensée refont surface tant les valeurs qu'elles portent répondent à une attente actuelle. Remettre le patient au centre de la médecine, "humaniser" la maladie… et s'il devenait urgent de ressusciter Canguilhem et ses idées ?

Émission "La Tête au carré", animée par Sonia Devillers.

Jean Cavaillès (1903-1944), l'agrégé du sabotage. Avec Hourya Benis Sinaceur, Alya Aglan et Jean-Jacques Szczeciniar sur France Culture.


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25.05.2019

Au printemps 1944, un philosophe français qui s'était intéressé de très près aux mathématiques était fusillé par les Allemands dans la Citadelle d'Arras. Il venait d'avoir quarante ans et s'appelait Jean Cavaillès. Ce philosophe, qui avait été reçu major au concours d'entrée à l'Ecole Normale en 1923, n'aimait guère les tours d'ivoire. C'est pourquoi il fut aussi un combattant, un résistant, un chef de réseau, un homme d'action et même de coups de main : avec quelques copains, il fit gaillardement sauter des ponts, des transformateurs, des trains et des usines.
Jean Cavaillès fut en somme "un philosophe mathématicien bourré d’explosifs", pour reprendre les mots de Georges Canguilhem. Le mot explosif était ici à prendre au sens propre et au sens figuré, car sa pensée était elle aussi radicale : selon lui, la tâche de la philosophie est de substituer au primat de la conscience le primat du concept. La philosophie doit refuser le déclin de la preuve pour devenir fille de la rigueur, c'est-à-dire s'apparenter davantage aux mathématiques qu'à la littérature : philosopher, c'est démontrer, et non pas verser dans le psychologisme ; philosopher, c’est une affaire de concepts plutôt que l'épanchement des états d’âme de l'intellect. Car la recherche de la vérité réclame qu'on s'oublie un peu.  
Si Cavaillès est entré en résistance, c'est non par appartenance à une ligne politique, mais "par logique" : la lutte contre l'inacceptable est inéluctable, donc nécessaire, un point c'est tout. Par lutte, il ne faut pas entendre l'indignation chuchotée dans les couloirs, le porte-à-porte patriotique ou l'alimentation des boîtes aux lettres en tracs vengeurs. Par lutte, il faut entendre ici le combat les armes à la main.
Arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, évadé chaque fois sauf la dernière, il ne renonça jamais, ni à l'action la plus subversive, ni à la réflexion la plus abstraite. En 1942, dans la solitude héroïque d'une prison, il écrivit un ouvrage intitulé Sur la logique et la théorie de la science, qui ébranlera plus tard la scène philosophique.
Cavaillès fut arrêté par la Gestapo en août 1943, à Paris, puis condamné à mort et exécuté cinq mois plus tard, en février 1944. Son cadavre fut jeté dans une fosse commune, avec comme seule indication "l'inconnu n°5". Ceux qui le fusillèrent n'avaient sans doute pas à l'esprit que pour un philosophe mathématicien, être appelé l' "inconnu", cette chose que les mathématiques permettent de réduire calmement par le calcul, c'était la plus belle des épitaphes.
Mais qui donc était cet homme, Jean Cavaillès ?

Émission "Science en questions", animée par Etienne Klein.

André Gorz et la critique de la valeur-dissociation : tentative d'un croisement à contre-courant. Avec Ivan Recio pour la Maison du Savoir.


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02.05.2021

La critique de la valeur, développée en critique de la valeur-dissociation, ne permet pas seulement une refondation théorique à partir et au-delà de Marx, mais aussi des relectures critiques d'autres développements théoriques. Nuno Machado a récemment procèdé à une relecture décisive de la critique de la valeur chez Marx et Robert Kurz, mais propose aussi une metathéorie qui ouvre sur des relectures, notamment de Pierre Bourdieu. C’est dans cette même perspective qu'Ivan Recio s'adonne à une relecture d'André Gorz.
Alors que c'est le dernier Gorz qui est souvent rapproché de la critique de la valeur, le reste de son œuvre est trop vite qualifié comme relevant du marxisme traditionnel. Pourtant, Ivan Recio nous montre qu'un croisement à contre-courant, entre le premier André Gorz – le plus éloigné dans le temps de la critique de la valeur - et la critique de la valeur-dissociation, telle qu'elle s'est développée après la disparition de Gorz, serait très fécond pour déployer certains développements devenus clés comme celui de la critique de la forme-sujet, mais aussi à propos d'un concept plus classique, celui de fétichisme.
Il ne s’agit pas de plaquer la critique de la valeur sur André Gorz ni de dire que Gorz serait un "théoricien critique de la valeur" avant l’heure, mais de procéder à une relecture originale de ses premiers écrits, et d'en montrer une radicalité méconnue, qui serait à réaffirmer dans le cadre de la critique de la valeur-dissociation.

Au début est la confiance. Avec Mark Hunyadi pour L'Estive de Foix.


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30.03.2021

Peut-on se passer de la confiance ?
La confiance est bien plus qu'une attitude face au risque : elle est relation au monde. Or, nos relations au monde (aux objets, aux personnes, aux institutions) sont toujours davantage médiatisées par les dispositifs numériques que nous utilisons chaque jour.
Quel impact cela a-t-il sur les relations de confiance ?

Le nihilisme à l'ère de l'image. Avec Gérard Conio sur Radio Courtoisie.


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2020

Professeur émérite, Gérard Conio est spécialiste de littérature russe. Ses inlassables efforts de traduction, d'édition et son implication dans l'organisation de nombreuses expositions ont permit au public francophone de mieux comprendre la production artistique et littéraire en Russie et sous le régime soviétique, notamment le mouvement nihiliste qui joua un grand rôle dans l'évolution intellectuelle de ce pays et dont les soubassement philosophiques résonnent beaucoup avec notre époque contemporaine.

Émission du "Libre Journal d'Aude de Kerros".

Bouddhisme et nihilisme. Avec Françoise Bonardel sur Radio Courtoisie.


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19.10.2020

Le néo-bouddhisme actuel a-t-il encore quelque chose à voir avec la rigueur de renoncement prêché par le bouddhisme originel ?
Françoise Bonardel, dans une confrontation serrée entre les enseignements bouddhiques et la tradition philosophique occidentale, fait apparaître un paysage plus nuancé et des clivages plus accentués que ne le laisse paraître l'image idyllique d'une rencontre de l'Occident avec une spiritualité censée témoigner d'une rationalité quasi scientifique et d'un athéisme purificateur.

Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.

Management et Déconstruction. Avec Baptiste Rappin pour Le club du Mercredi.


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05.03.2022

Georges Dumézil, à partir d'études de mythologie comparée, avait proposé d'approcher la structure des sociétés indo-européennes par le concept de tripartition des fonctions, soit les fonctions sacerdotale, politique et productrice.
Dans notre société industrielle, qui constitue une nouvelle révolution anthropologique après celle du néolithique, ces fonctions ont été réorganisées autour d'un mode de production fondé sur le travail abstrait (le capitalisme), le management comme type de gestion politique en vue d'une coopération efficace et, enfin, la destruction comme pseudo-fonction spirituelle, assurant la légitimation conceptuelle de l'ensemble.
Baptiste Rappin non propose de revenir sur cette articulation entre management et déconstruction, indispensable rouage de nos sociétés contemporaines.

Pour une stratégie communiste. Avec Frédéric Lordon pour ContreTemps.


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07.2021

À l'occasion de la sortie de son dernier livre, Figures du communisme (La Fabrique, 2021), Frédéric Lordon revient sur son parcours et le déploiement de questionnements stratégiques menés depuis plusieurs années pour contribuer à sortir de l'impuissance.
Dans un premier temps, c'est l'état du capitalisme parvenu à un stade d'accumulation tel qu'il devient non plus seulement délétère mais mortifère, responsable d'un véritable écocide, qui est analysé. Le capitalisme est décrit ici comme une prise d'otage, un capturat, qui renvoie aussi à un certain régime d'affects et de pulsions.
Il est ensuite important de formuler une alternative qui serait désirable, ce que Frédéric Lordon avec d'autres n'hésite pas/plus à appeler "communisme". On y revient sur les expériences émancipées de l'emprise capitaliste et l'on débat de l'État, sur son dépérissement ou pas.
Enfin, l'échange se termine sur une exploration des nœuds stratégiques qui forment en eux-mêmes une perspective de transition, notamment par la description de ce qui est dénommé garantie économique générale : on s'interroge sur un programme et plus encore un projet qui ne soit pas institutionnel mais bel et bien émancipateur.

Émission "C'est quoi le plan ?", présentée par Ludivine Bantigny.